Priceless'Girl

Chapitre 39

Je suis seule dans la cabine d'assesseur, assommée par ce qui vient de se passer. Les yeux hagards, je descends les étages à la même allure que s'amenuise mon estime pour Adam. Cette journée était trop belle pour perdurer et je comprends qu'avec lui ce sera toujours ainsi, monter plus haut pour s'écraser bien plus bas.

Au pied du gratte-ciel, je retrouve Gabriel près à me conduire chez son employeur. Adam lui est déjà parti, probablement avec elle. Épuisée, je monte dans la voiture et demande à être déposée à mon hôtel à la place. Il ne m'a pas écouté lorsque je l'ai presque implorée de me suivre, je ne vois pas pourquoi je le ferais moi.

En rentrant dans la suite, mon masque tombe et je m'effondre. Je laisse sortir tout ce que j'ai accusé durant la soirée et ces derniers jours, qui ont été aussi éprouvants qu'excitants. Alix se précipite vers moi, me relève et m'amène jusqu'au canapé.

— Qu'est-ce qu'il t'a fait ce connard ! s'inquiète ma meilleure amie en me voyant dans cet état.

— Il faut que je parte au plus vite.

J'apprécie le café qu'Alix m'a bienveillamment préparé et lui raconte mes trois précédents jours passés avec Adam sans révéler son identité. Les yeux ronds, elle reste effarée par mon discours. Jamais je n'avais eu autant besoin de me confier, et n'aurais cru qu'elle serait aussi attentive et d'une aide précieuse pour moi. Je découvre une autre face de sa personnalité que je ne connaissais pas et qui renforce l'amitié que j'éprouve pour elle.

— Je suis désolée ma belle... je n'aurais jamais dû t'embarquer là-dedans, s'excuse-t-elle avec sincérité.

— Non, c'est moi qui n'aurais pas dû le laisser m'entrainer dans cette stupide aventure. Pourtant... j'ai adoré ces trois jours autant que je les ai détestés. Mais il va me rendre dingue si je reste.

D'un revers de main, j'essuie les trainées de larmes qui picotent mes joues et remarque Alix s'agiter nerveusement en jetant des coups d'œil à l'horloge qui affiche vingt-deux heures passées.

— Tu avais prévu quelque chose ?

— Ouais, j'ai rencard ce soir, dans une boite huppée et plus si affinité... avoue-t-elle affectée, mais si tu veux je peux annuler ou tu peux venir avec nous ?

— Non merci, c'est bon tu peux y aller, j'ai envie de rester seule.

— Ok, je ne te force pas, en revanche, j'exige que tu m'appelles si tu as besoin ok ?

— Ok.

Elle hésite à prendre la sortie dans sa jolie robe noire pailletée et je l'encourage d'un signe de tête à partir.

Triste et abattue, j'enfile ma nuisette après un passage à la salle de bain. Celle-ci est bien plus confortable que mon fourreau pour faire les cent pas de ma chambre à la pièce principale. Tourmentée par un millier de questions dont je n'aurais surement jamais de réponse, j'erre dans un silence d'église. Personne ne m'avait autant déstabilisée auparavant. Il est entré dans ma tête pour ne plus en sortir, et a éveillé en moi ces profonds désirs qui jusqu'alors me paraissaient absurdes. Et bien que je me sois ramassée plus d'une fois, je continue de croire que ce rêve pourrait signifier quelque chose alors qu'il finira probablement par devenir mon pire cauchemar. À moins que je ne me réveil à temps.

Je ne dois plus le revoir, jam...

Je n'ai pas le temps d'achever cette pensée, qu'un coup à l'entrée me ramène brutalement à la réalité.

C'est lui.

Je le sens au plus profond de mes entrailles, il est là derrière cette porte. Il n'y a que lui pour se permettre de débarquer sans prévenir à cette heure-ci. À pas de louve, j'avance jusqu'à atteindre le judas et l'y vois à travers. Mon pouls s'accélère, je ne veux pas l'affronter. Je ne lui réponds pas et fais comme si je n'étais pas là, mais il s'acharne une nouvelle fois.