Après moins d'une heure de route, nous arrivons devant l'immense portail de la résidence qui s'ouvre automatiquement à notre arrivée. La voiture roule jusqu'au grand parking déjà presque plein et s'immobilise enfin. Adam vide entièrement ses poumons comme pour se préparer au pire avant de me regarder pensif.
— Tu l'auras voulu...
J'aperçois l'angoisse qui le ronge malgré son talent à étouffer ses réels émotions, comment peut-il redouter une simple réception familiale, alors qu'il gère la célébrité et ces aléas sans problème.
— Ce n'est qu'un anniversaire. Bon ok il y a l'air d'avoir beaucoup de monde d'après le nombre de voitures garées, mais la foule ça te connait ?
J'essaie de le rassurer tout en regrettant finalement de l'avoir poussé à venir ici.
— Je ne suis pas le bienvenu partout.
Il sort de l'habitacle sans attendre abrégeant notre conversation. Gabriel m'ouvre la portière pendant qu'Adam fait le tour et me rejoint. Il pose une main contre la carrosserie et me tend l'autre.
— Et je suis sensé te présenter en tant qu'emmerdeuse qui s'invite aux anniversaires de parfaits inconnus ou... ? Demande-t-il narquois tout en m'aidant à descendre de la voiture.
— Tu n'auras qu'à improviser, je suis sûr que tu es doué pour ça. Ironisé-je en fronçant les yeux.
— La vrai question est : auras-tu le cran et les épaules pour assurer ce rôle?
— Je m'adapterai. Je suis une experte pour ce qui est de me faire toute petite.
Je réussis à peine à détendre ses traits inquiets, mais c'est toujours ça de pris. Son angoisse me gagne à mon tour et s'installe tel une bille de plomb logée au creux de mon ventre. Moi qui ne fais rien sans planifier à l'avance mes journée, je me retrouve à ne pas savoir où je mets les pieds ni ce que me réserve mes dix prochaines secondes. A croire que je deviens accro à l'adrénaline.
Je me retourne et découvre alors une grande demeure pavillonnaire blanche qui se dresse sur un jardin de plusieurs hectares dont la pelouse dense taillée à la perfection, donne envie de s'y allonger. L'espace vaste et vide autour de moi me donne un sentiment d'apaisement et envie de gonfler mes poumons jusqu'à leur limite. On ne peut que se sentir bien dans un endroit pareil.
— Ça n'a rien du décor infernal que tu m'as décrit.
— Tu sais ce qu'on dit, l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Je me tourne dans le sens de la marche pour rejoindre le chemin pavé quand mon talon se prend dans une rainure. Ma cheville se tord et je perds l'équilibre. Adam me rattrape de justesse et me tend son bras pour que je m'y agrippe. Sans réfléchir j'accepte son geste étrangement bienveillant et reprends confiance dans ma démarche avant d'entamer le chemin en pierre rejoignant la porte d'entrée.
— Merci, lui souris-je reconnaissante.
— De rien, je ne voudrais pas que quelqu'un te voit chanceler comme un culbuto. Il pourrait croire que j'ai ramassé et ramené la première alcoolique du coin.
Vexée, je me débats pour récupérer ma main, mais il la coince en la serrant contre lui.
— Du calme je plaisante, dit-t-il d'une voix douce en serrant un peu plus mon bras pour m'empêcher de m'échapper. Si tu n'arrives pas à contrôler tes émotions tu risques de tuer quelqu'un une fois cette porte franchie...
— Mais peut-être seront-ils plus gentils avec moi que tu ne l'es ?!
Adam rit presque à mes mots.
— Tu veux parier ? me défie du regard mon cavalier en approchant son visage du mien.
Je le défi à mon tour, les yeux pleins d'espoir de le contrer. Il se rapproche encore un peu, jusqu'à ce que son front soit contre le mien. Ce rapport de force tourne une fois de plus à mon désavantage. La proximité de nos lèvres me déstabilise et m'enivre à nouveau au souvenir de notre baiser de la veille. J'ai envie de re-gouter à ses lèvres comme si celles-ci délivraient le sérum capable d'annihiler son venin.
Si je veux gagner cette manche, il me suffit de ne pas bouger ou simplement détourner mon visage pour couper net ce lien. Mais la vague brulante qui me submerge m'en empêche et m'incite à rejoindre ses lèvres. Je ne dois pas flancher.
Ce sentiment semble réciproque, ses yeux se perdent un instant sur ma bouche avant de refléter à nouveau les miens quand le bruit du mécanisme de la porte nous ramène rapidement à la réalité.
Un homme haut et large se tient dans l'encadrement qui peine à le contenir. L'air sévère, il nous toise de long en large sans bouger d'un millimètre. Je le prends d'abord pour un garde du corps avec ses manières de videur de boite de nuit, avant qu'il n'ouvre sa large bouche pour geler mon être par le ton médisant de sa voix que je reconnais instantanément :
— Qu'est-ce que tu fais là ?! gronde le Père d'Adam.
— Surprise ! Ton invitation si chaleureuse de ce matin m'a donnée envie de vous rejoindre à la fête, répond Adam avec sarcasme.
— Je t'avais dit que tu pouvais t'abstenir.
— C'est vraiment très gentil à toi de te préoccuper de mon emploi du temps chargé mais j'ai pu me libérer.
Adam sort son plus faux sourire.
Leur hargne mutuelle est si forte qu'elle se ressent et créer un malaise à des kilomètres, doublant la taille de la bille dans mon ventre.
— Les prostitués ne sont pas invitées, c'est une réunion familiale, lance-t-il à mon attention sans même me regarder.
— J'ai téléphoné à grand-mère et elle a gentiment accepté que ma fiancée se joigne à nous.
J'ai le souffle coupé par le coup bas que je viens d'encaisser de l'un, et par l'absurdité de ce rôle inattendu que l'autre m'a attribuée. Je lève mes yeux grands ouverts vers Adam qui me fixe affectueusement.
Dans quoi je me suis encore embarquée, il n'a vraiment aucune limite...
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Priceless'Girl
Storie d'amoreOriane, jeune fille calme, sérieuse et sans histoire voit sa petite vie si bien rangée s'écrouler le jour où sa meilleure amie décide de lui offrir le pire des cadeaux d'anniversaire. Afin de retrouver une vie normale, elle devra se rendre à New Yo...