Chapitre 19

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Je ne sens plus que le poids du corps de mon harceleur contre le mien, qui m'oppresse, et m'asphyxie avant de me délivrer brusquement.

— Lâche la ! hurle une voix étouffée par la pluie.

J'ouvre les yeux immédiatement et découvre mon agresseur jeté à terre, adossé contre les poubelles. Il se relève pas sans mal et s'élance sur mon sauveur que je ne vois que de dos.

Ce dernier l'esquive et en profite pour lui asséner un coup de poing dans l'estomac. Mais cela ne suffit pas à l'arrêter.

Il s'éloigne une minute en titubant sous l'effet de la douleur et de l'alcool puis ramasse au sol le tesson de la bouteille qu'il avait jeté à mes pieds avant de vociférer :

— Je vais te buter connard !

— Cours à la voiture! m'ordonne mon bienfaiteur en se retournant vers moi.

Je reconnais Adam, son regard est plus noir que jamais. Mes blessures retiennent son attention et ont l'air de le préoccuper.

— ­Cours, répète-t-il d'un ton moins autoritaire cette fois.

Je voudrais bien m'en aller mais je reste tétanisée.

— Qu'est-ce que tu lui a fait ?! s'insurge-je Adam

— Ta petite copine marche aussi bien qu'elle se fringue, se moque l'autre en riant à l'excès.

— T'as pas intérêt de te louper parce que moi je vais pas te rater, le provoque Adam sans que cela n'est l'air d'intimider son adversaire.

Je prie intérieurement pour que mon assaillant laisse tomber et fasse demi-tour, mais au lieu de ça, leur rivalité monte d'un cran. Il lève le tesson et s'approche lentement d'Adam qui lui ne bouge pas d'un centimètre. L'homme plonge les pointes de verre tranchantes vers l'abdomen d'Adam qui s'extrait de sa ligne de mire d'un seul pas. Il revient à la charge furieux mais Adam le désarme d'un coup de pied, lui empoigne la gorge et l'entraine derrière la carcasse d'un vieux camion hors de ma vue.

J'entend des râles, des chocs des cries puis plus rien. J'ai peur, et attends avec effrois de savoir qui va se présenter devant moi. Quand enfin le visage d'Adam apparait en ramenant la lumière dans cet enfer et me délivre de l'angoisse qui me consumait.

Je soupire soulagé de voir que sa chemise blanche soit restée immaculée, signe qu'il n'est pas blessé. Je ne peux m'empêcher de l'admirer à cet instant, lui qui (malgré son attitude de connard prétentieux) vient de me sauver des griffes de se pervers.

Ses cheveux gorgés d'eau, tombent autour de son visage et font ressortir ses yeux toujours révulsés par la colère. Il s'approche de moi, assez pour se faire entendre sans crier.

— Il t'a blessé ? demande-t-il sérieusement en prenant mes mains dans ses paumes pour les examiner.

Je prends conscience de mes blessures, baisse la tête, et vois le sang sur mes mains que la pluie vient diluer, ainsi que quelques éclats de verre encore incrustés.

— Pas vraiment, il n'en a pas eu le temps... je suis tombé en voulant leur échapper

— Ils étaient plusieurs ?

— Tu penses bien ! je l'aurais mis KO en moins de deux sinon.

J'essaie de plaisanter mais n'ai même pas la force de sourire pour le lui faire croire. Je sens son regard sur moi mais garde les yeux rivés sur mes mains pour ne pas me sentir encore plus ridicule. Il caresse avec compassion mes poignés de ses pouces.

— Où est-il ?

— Cette ordure est dans les vapes et n'attend plus qu'à être ramassé.

— Ok...

Ma voix se met à trembler au même titre que mon corps, comme si inconsciemment, je me permettais à nouveau de ressentir et exprimer mes émotions. J'essaie de me réchauffer en frictionnant mes bras gelés avec mes mains elle-même glacés.

— Ne bouge pas.

Il retire son imper et le passe autour de mes épaules, sans mots ni reproche. Il passe ensuite une de ses main dans mon dos, l'autre sous mes genoux et me soulève dans ses bras pour que je n'ai pas à marcher.

Sur le chemin, nous croisons son garde du corps qui s'empresse de nous rejoindre.

— Je la ramène à la voiture, lui indique Adam sans s'arrêter.

— Très bien je m'occupe de celui-là et vous rejoindrai dès que possible.

Gabriel nous ouvre la portière dans un timing parfait et Adam nous installe sur le siège arrière. Je reste dans ses bras, ma tempe contre son épaule. Mon buste collé contre le sien pour profiter de la douce chaleur qui émane de lui et m'apaise. Il ne me repousse pas, bien au contraire. Il s'empare de mes mains est les glissent sous sa chemise afin de les réchauffer, avant de m'étreindre pour me maintenir contre lui.

Je devrais haïr ce type pour la façon dont il m'a traité car c'est en partie de sa faute si je suis dans cette état je devrais lui hurler dessus, le fuir au lieu de me blottir contre lui et de trouver ça très agréable... mais j'en suis incapable car pour l'heure, il vient de me sauver la vie et mérite que je lui laisse une chance de s'expliquer.

— ­Je vous conduis à l'hôpital ? demande Gabriel.

— Non, elle n'a que des égratignures, l'appartement suffira.

Je lève les yeux et remarque qu'il mort nerveusement sa lèvre le regard plongeait vers l'horizon.

— TU... s'étrangle Adam à travers sa mâchoire serrée avant de ravaler ce qui paraissait être des reproches.

J'apprécie qu'il s'abstienne car je sais que ça lui coûte de ne pas me déballer ce qu'il pense à cet instant et suis trop faible pour commencer un nouveau round.

Je souffle ma gratitude à son oreille avant de me lover à nouveau dans son cou.

— Merci...

Priceless'GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant