Chapitre 15

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Une fois notre séance shopping terminée, nous nous dirigeons vers la caisse ou je tique devant le prix exorbitant de la facture que je distingue du coin de l'œil. Un mois de dépense pour une famille moyenne partie dans quatre tenues trois paires de chaussures et une parure de bijoux.

— Vous ferrez livrer nos achats dans la Suite numéro cinq, demande expressément Adam en lui tendant la carte de visite de mon hôtel.

— Ils y seront dans l'heure, assure la belle blonde, si vous avez besoin de quoi que soit d'autre je reste à votre entière disposition, continue miss chienne en chaleur en glissant sur le comptoir son numéro personnel, essayant d'appâter le beau et riche mâle à mes côtés, ignorant totalement ma présence et sa pudeur au passage.

— J'ai déjà tout ce qu'il me faut merci, la remballe-t-il froidement pour mon plus grand plaisir avant de me prendre par le bras et m'emmener vers la sortie.

Je le trouve soudain moins détestable et lui dis à voix basse:

— Merci.

— Ce n'était pas grand-chose, un grain de sable dans mon compte en banque.

Ça n'aura duré que quelques secondes... Je m'explique alors:

— Non je parlais de Betty.

— Betty n'a aucun intérêt pour moi contrairement à toi.

Après avoir été pratiquement qualifiée d'objet à la salle des ventes, me voilà soudain réduite à un quelconque intérêt qui se trouve être entre mes cuisses...

***

De retour à la voiture, Adam m'accompagne dans un salon de coiffure et d'esthétisme et m'y laisse seule pour régler une affaire urgente. A quoi bon faire ce qu'il désire s'il n'est même pas là pour l'apprécier...

Je me sens comme ces femmes qui passent leur temps à se pomponner pour essayer de plaire ou de se faire remarquer par des personnes qui se moque totalement de qui elles sont en réalité.

— Rappel toi, tu as promis de jouer le jeu, me rappelle-t-il en voyant ma moue réticente.

— Je ne l'oublie pas, mais je ne te garantis pas que je vais aimer ça.

— Je suis certain du contraire, et si ce n'est pas le cas, je trouverais bien ce qui pourra te corrompre. Nous avons tous une envie inassouvie, un vice inavouable. une passion insoupçonnée qui ne demande qu'a être dévoilée. Quelque chose qui nous fasse nous sentir entier, pleinement satisfait.

— Et si cela ne s'achète pas.

— Tout s'achète, il suffit seulement d'y mettre le prix.

— Il faut croire que non.

— Tu es pourtant toujours là.

— Je suis extrêmement têtue.

— J'ai hâte de savoir qui de toi ou moi est le plus entêté, finit-il les yeux débordant de malice associé à un sourire des plus diabolique avant de remonter dans la voiture et me laisser seul devant la devanture.

J'entre dans le salon nommé "Sens's Nirvana". A l'intérieur, j'ai l'impression que le temps s'est arrêté, une musique douce me plonge dans l'ambiance relaxante, l'encens apaise mon être à mille lieu de l'empressement qu'il y avait au pas de leur porte et le gigantesque rocher de quartz rose touchant presque le plafond en plein milieu de la pièce me fait me demander si je n'ai pas changé de dimension..

Une petite dame brune et frêle prénommée Rachel me prend alors sous son aile bienveillante, et m'installe confortablement en m'expliquant les soins compris dans ma préstation. Je passe près de deux heures à me faire manipuler de la tête au pieds et je dois avouer que mise à part la torture que j'ai subi pendant l'épisode de l'épilation intégrale, je ne me suis jamais sentie aussi stone de toute ma vie, ses massages sont juste magiques. Je me languis un peu de voir le résultat du maquillage sur mon visage, mais pour l'heure je n'en ai pas le droit.

Pour finir, elle m'aide à me hisser dans ma robe, à chausser mes Louboutin que je trouve au passage bizarrement confortable pour des talons hauts, et à accrocher les bijoux que Betty a soigneusement sélectionné pour parfaire mon allure.

Miguel lui, passe un moment sur ma tignasse torturant ma crinière à coup de brosses, ciseaux, produits chimiques et sèche-cheveux.

— Mon génie créatif à fait encore des miracles ! s'extase-t-il en me dévisageant.

— Miracle ? c'était si catastrophique... ?

— Mon petit cœur, tes cheveux étaient si négligés que j'aurais pu te les faire retirer pour maltraitance, mais je leurs ai insufflé l'espoir de jours meilleurs et redonné tout l'amour qu'ils méritaient, et il se sont remis à briller de mille reflets !

Je sais que c'est ridicule mais cet homme met tant d'entrain à la défense de mes cheveux que je me mets soudain à culpabiliser et à les caresser.

— Je peux regarder ?

— Oui mais tiens prends un mouchoir avant, je ne voudrais pas faire couler ton maquillage. Je grimace hébétée, il pense vraiment que je vais pleurer ?

Miguel me prend la main et m'accompagne devant d'immense rideaux drapés blancs cassés.

— Tu es prête à contempler ton plus beau reflet ?

— euh oui...

Il me sourit ravi et tire aussitôt sur une perche qui écarte en une fois les deux pans de tissus épais, dévoilant théâtralement mon reflet dans l'immense miroir.

Je reste inerte, abasourdie que la fille devant moi puisse "être" moi. je suis métamorphosée les changements sont trop flagrants et je me perds dans cette version de moi si "parfaite".

Mes cheveux sont toujours aussi longs mais bien structurés et débarrassés de toutes fourches. il a éclairci quelques mèches, et bouclé le tout. La coiffure est impeccable pas un cheveux ne dépasse. Ma peau elle, est sans défaut, mes yeux ont l'air plus grands et ma bouche ordinairement terne est soulignée et colorée. Sans parler de cette robe qui à elle seule pourrait faire pâlir n'importe quelle beauté, et embellir quiconque la porterait.

Pour résumer, j'ai l'air plus grande, plus belle plus riche que je ne le suis en réalité. Il ne me reste plus qu'à assumer ce simulacre et être à la hauteur de la supercherie.

— Ce n'est qu'un jeu, pensé-je à haute voix lorsque mon coeur s'emballe soudain rien qu'à l'idée de sortir du magasin dans cette accoutrement.

Je n'ai jamais été aussi apprêtée de toute ma vie, aussi mise en valeur qu'à cet instant.

— Miguel? je me retourne pour lui faire face quand je le surprends à pleurer, vous allez bien?

— Je suis si fier de ma muse, elle a encore fait des miracles aujourd'hui!

Je grimace à la fois sidérée, vexée et amusée en lui tendant le mouchoir propre resté dans mes mains.

— Vous pouvez me prendre en photo s'il-vous plait?

— Bien sur !

Après cinq poses différentes et trois changements de décors pour mauvaise exposition, je me retrouve avec une vingtaines de photos sur mon téléphone. J'en sélectionne une et m'empresse de l'envoyer à ma mère et Alix.

— Mademoiselle ? me surprend Gabriel. 

Je me retourne.

— J'ai terminé, merci de m'avoir attendu.

— Si je peux me permettre, vous êtes magnifique, son compliment me fait rougir.

— Merci! Adam n'est pas avec vous ?

— Non, il m'a demandé de vous conduire à la soirée.

— Très bien... ma gorge se serre, c'est maintenant que j'aurai envie de pleurer mais je ne laisse rien paraitre. 

Bordel, mais dans quoi je me suis embarquée...

Priceless'GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant