Chapitre 54

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Son « tu es à moi » résonne encore dans toutes les fibres de mon corps. L'image d'être « à lui » me séduit au plus haut point, mais je ne le veux pas dans ce sens-là...

Il me fixe dans le blanc des yeux, pendant plusieurs secondes, furieux que je lui sois si indocile et que je puisse le trouver remplaçable. Il voudrait m'acheter, me posséder, puis me jeter ensuite sans aucun état d'âme. Le problème, c'est que sa conscience semble fonctionner et voit les remords se profiler. Déchirée entre son désir bestial de me dépuceler et l'idée de me faire du mal, alors que je m'y suis déjà préparée.

— Je n'appartiens à personne Adam, si je suis avec toi c'est parce que j'en ai déraisonnablement envie.

Il ne bouge pas, demeure inerte à mes paroles, pris dans la tourmente de ses réflexions. Seule sa respiration vive et saccadée fouette mon visage. Il n'a besoin que d'une chose pour se délier et je m'apprête à le lui donner.

— Je ne te forcerais pas à rester avec moi après, tout comme tu ne me forces pas à te choisir toi, ( il se crispe davantage ) et si tu ne veux pas me perdre, je te conseille de me prendre au mot...

J'ai à peine le temps de finir de le gracier de mon absolution, qu'il s'empare de mes lèvres avec une appétence féroce. Plus rien ne le retient. Sa langue se fraye un passage pour danser en rythme avec la mienne. Je décolle une fois de plus, toujours plus loin toujours plus haut. Il presse son corps contre le mien débridant mon taux d'adrénaline puis ferme la porte derrière mon dos d'un dernier tour de clé.

Je retire une fois pour toutes sa chemise en continuant à me laisser emporter par notre baiser. Il empoigne si fermement la chair de mes hanches que cela pourrait en être douloureux si je n'étais pas moi-même éprise de la même ferveur. Nos gestes sont saccadés, irréfléchis, incontrôlés, répondants à nos simples pulsions. À ce désir charnel qui nous domine l'un comme l'autre et dont on ne peut s'y soustraire sans que cela en devienne pénible. Un combat entre vice et vertu, plaisir et supplice, se joue entre nous, mais pour l'heure je ne veux pas connaitre la morale de cette histoire, je veux vivre l'histoire.

Il nous est difficile de rejoindre la chambre sans chanceler contre un meuble ou taper contre un mur. J'entends en fond le tonnerre gronder à en faire trembler la villa lorsque la lumière s'éteint subitement. Nous nous retrouvons dans le noir complet, privé de l'un de nos sens, mais cela ne nous arrête pas pour autant. Je ne me soucis que du courant qui circule entre nos deux corps et qui s'intensifie à mesure de notre lâcher-prise.

Nous arrivons à l'aveugle au pied du lit quand ses mains s'empressent de rabattre les bretelles de ma robe sur mes épaules. Ses lèvres quittent les miennes, s'étalent contre ma joue et dévalent le long de mon cou que j'étire davantage sous l'effervescence de ses baisers. Il continue en direction de mon décolleté, et dans la lumière bleue d'un éclair, je l'aperçois poser un genou à terre pour finir sa désescalade entre mes seins. Je défaille sous sa bouche parfaitement indécente, quand il tire sur le bustier pour faire disparaitre le tissu à mes pieds. Ses grandes mains sillonnent langoureusement mes courbes. Chacune de ses caresses vibre et résonne comme du cristal dans tout mon être. Mon cœur s'affole, je ne sais si je tiendrai longtemps cette cadence.

— C'est vraiment ce que tu veux ? souffle-t-il d'un timbre rauque.

— Oui.

Je réponds rapidement, mais d'une voix assurée malgré mon essoufflement.

— Tu risques de le regretter.

— Quelqu'un m'a convaincu que des regrets valaient mieux que des remords.

Priceless'GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant