Chapitre 10

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La voiture s'arrête à hauteur d'une immense devanture vitrée ou il y est écrit "Maison des ventes".

— Appelez-moi dès que vous avez terminé mesdemoiselles, dit chaleureusement Gabriel en nous tendant une carte noire avec un numéro de téléphone argenté.

— Merci.

Je lui souris en la rangeant précautionneusement, puis tourne le dos à la voiture et fais face à la porte d'entrée quand la panique s'empare de mon corps et cloue mes pieds au sol. C'est bien la première fois que je me retrouve dans une situation pareille, à devoir me forcer pour avancer dans une direction dont l'issue met complètement inconnu, si ce n'est prendre la honte de ma vie.

Les gouttes de pluie qui tombent sur mes joues me font lever les yeux vers le ciel gris et cotonneux. Je me sens tellement minuscule à cet instant en bas de ces tours de bétons interminables. Je détourne mon attention vers mon amie qui à mon grand étonnement, me lance un regard compatissant. Elle doit s'en vouloir quelque part de m'envoyer à l'abattoir contre ma volonté, mais jamais elle ne me l'avouerait.

Après avoir passé la sécurité, je découvre les entrailles du site d'enchère qui me fait penser à première vue, à un musée. Bibelots, tableaux, sculptures, voitures, autant de trésors à la portée de collectionneurs les plus riches du pays. Et dire que je fais partie du lot...

L'odeur du cuir, du bois et de la ferraille se mélangent et parfument cette grande salle sombre où le plastique est presque inexistant. Je porte un intérêt particulier à une vitrine où sont exposés des bijoux très anciens à des prix mirobolants lorsqu'une voix masculine me surprend:

— Bonjour, nous salut un monsieur d'un certain âge en costume queue de pie.

— Bonjour, je le salue à mon tour fascinée par sa tenue décalée.

— Puis-je vous aider Mesdemoiselles?

— J'ai rendez-vous pour ... une enchère.

— Êtes-vous vendeur ou acquéreur ?

— Vendeur...

J'hésite.

— Puis-je voir le bien s'il vous plait ?

— Non, en fait... je marque une pause ne sachant quoi répondre.

— Un expert devra en analyser l'authenticité, c'est obligatoire, explique-t-il devant mon désarroi.

— Je ne vends pas un objet, je suis "l'objet".

Je n' en reviens pas d'avoir dit ça!

— Oh je vois, vous êtes la jeune fille, tout le monde vous attend au dixième étage.

— Merci.

— Tu es une relique, se moque Alix en appuyant sur le bouton de l'ascenseur.

— Et toi, une proxénète déguisée en meilleure amie.

— Yeah baby! Va vendre ton corps, et n'oublie pas de me ramener la tune, joue-t-elle en prenant une voix graveleuse au moment où les portes s'ouvrent sur un groupe de personnes âgées presque offusquées. C'est tout le temps comme ça avec elle, j'ai appris à faire avec.

Une fois arrivée à notre étage, une dame me demande mon nom et ma pièce d'identité.

— Mon amie peut m'accompagner ?

Je lui demande tout en me posant la question si c'est une bonne idée qu'elle vienne tout compte fait.

— C'est impossible, votre acte fait lieu d'un contrat de confidentialité sur une des personnes que vous allez rencontrer.

Priceless'GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant