Chapitre 18

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Trempée jusqu'aux os, frigorifiée et dangereusement entêtée, je m'engouffre en sous-vêtement dans cette ruelle sombre, guidée par la colère qui me submerge et m'aveugle.

Quand l'adrénaline redescend enfin et ma raison s'éclaircit un peu, je croise mes bras pour cacher ma poitrine et remarque l'atmosphère angoissante de cette rue désertée. Aucune des fenêtres visibles ne laisse entrevoir âmes qui vivent, toutes les ampoules des lampadaires sont brisées. La seule source de lumière provient de l'enseigne grillagée d'un restaurant chinois fermé. Ses néons rouges clignotants, repeignent les murs aux alentours de cette même couleur sans pour autant égayer les lieux bien au contraire.

J'accélère le pas pour sortir rapidement de là mais le sol jonché d'ordures, m'oblige à garder les yeux rivés au sol pour éviter de marcher dessus.

Un rideau de pluie s'abat alors sur moi à mi-chemin. Je m'arrête et regarde le ciel avec hargne. L'univers est clairement contre moi... J'ai encore le choix entre faire demi-tour et rentrer sagement sous la coupe d'Adam, ou me débrouiller par moi-même en lui faisant ravaler au passage son arrogance.

C'est à ce moment-là que je m'aperçois que je n'ai ni argent ni téléphone, ayant bêtement rendu la pochette avec le reste des affaires sans en avoir retirer le contenue. Décidément, ne pas réfléchir avant d'agir me porte préjudice.

Je souffle, me tourne d'un côté puis de l'autre exaspéré par la situation puis laisse finalement ma fierté l'emporter à nouveau alors que mon instinct me dit de rebrousser chemin. Je poursuis donc ma route lorsque je vois apparaitre comme par magie, deux silhouettes au beau milieu de la rue.

Et merde...

Ils doivent être à une dizaine de mètres de moi, et m'observe sans bouger. Leurs tenues chic mais débrayées me font penser qu'ils sortent d'une fête et le fait qu'ils tanguent légèrement sous l'effet des bouteilles d'alcool qui prolongent leurs bras m'indique que celle-ci était bien arrosée.

— Mais que vois-je, un ange tombé du ciel juste pour moi, crie haut et fort l'un deux avec convoitise.

— Viens ma jolie on a de quoi te réchauffer, ajoute l'autre en s'approchant doucement pour ne pas m'effrayer.

Mon cœur s'affole au même titre que mon instinct de survie qui dégel mes membres transis par la peur et le froid. Je fais aussitôt demi-tour et rebrousse chemin en marchant le plus rapidement possible. L'écho de leurs talonnettes se rapproche dangereusement de moi et m'injecte une nouvelle dose d'adrénaline en plein cœur et je me mets à détaler à m'en faire claquer les muscles.

Je suis devenue leur proie...

L'un d'eux lance une bouteille qui se brise juste devant moi et dans mon élan je suis incapable d'éviter les éclats de verre qui se dresses sous mes pieds nus. Les pointes acérées s'enfonce dans ma chair et la douleur est-t-elle que j'hurle et tombe à terre. Mes mains et mes genoux amortissent ma chute mais ne sont pas épargnés par les débris. Je me relève presque immédiatement mais malheureusement trop tard...

L'un des hommes enserre de son large bras ma gorge frêle.

— Ta maman ne t'as pas appris qu'il ne fallait pas se balader en soutif dans la rue ? A tenter le loup on en voit forcement la queue... s'amuse l'animal à mon oreille.

L'autre homme me fait face et capte l'effroi qui anime mon regard et les larmes qui en découle. Il efface alors son sourire, prend un air contrit et se ravise :

— Aller vient on a assez rigolé c'est pas une bonne idée...

— Il y en aura plus pour moi, se réjouit celui qui me fait suffoquer comme si je n'étais qu'une poupée de chiffon..

— Je passe mon tour ! lâche l'autre en levant les bras.

Il tourne les talons et part sans chercher à me porter secours pendant que son collègue l'ignore complètement.

Mon agresseur retire son bras de mon cou et j'hurle de toutes mes forces. Mais la pluie retentit bien plus fort que ma voix et ne me laisse aucune chance de me faire entendre... Il me plaque ensuite contre le mur d'une seule main et je comprends que je ne peux rien contre lui.

— Ça ne sert à rien de crier, personne ne te viendra en aide... et s'il te prenait l'idée de t'échapper ou de tenter quoi que ce soit d'autre, je te rattraperai et te le ferai payer au centuple c'est clair ? menace-t-il en passant une mèche détrempée de mes cheveux derrière mon oreille.

Je ne réponds pas et devine ses intentions derrière la lueur lubriques de ses iris. Terrifiée, je détourne la tête et j'observe avec regret la rue éclairée au loin que j'ai quitté prétentieusement pour me laisser happée par les ténèbres.

Je le sens retirer sa main froide et rugueuse de mon cou pour défaire la boucle de sa ceinture tout en gardant son corps pressé contre le mien.

Je perds tout espoir et ferme les yeux...

Priceless'GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant