Chapitre 35

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La terre n'est plus qu'à quelque dizaine de mètres sous nos pieds quand Adam me demande de lever les jambes pour l'atterrissage. Je l'écoute et m'accroche de toutes mes forces au harnais pour maintenir la position jusqu'à ce qu'il nous freine, glisse sur les gravillons et se laisse tomber en arrière pour amortir ma chute.

Je suis en vie !

Je reste allongée un moment contre son torse en réalisant tout ce qu'il vient de se passer, les yeux rivés au ciel et plus détendue que jamais.

Je l'ai fait...

J'ai sauté dans le vide avec lui, cet étrange personnage inconnu à mon cœur qui pourtant a révélé en moi un courage dont j'ignorais l'existence et m'a poussé à me dépasser. J'ai tourné le dos à cette peur tenace qui m'angoisse continuellement pour faire quelque chose de totalement incontrôlé et irréfléchi. J'ai l'impression d'être plus grande plus brillante tellement plus...

Je sens la poitrine d'Adam monter et descendre rapidement sous ma tête et profite de cet instant où je ne suis pas face à lui, pour lui dire :

— Merci.

— Je t'en prie, ce merci sonne comme victoire à mes oreilles. Si tu acceptais mon offre, tu pourrais sauter chaque fois que tu en aurais envie et apprendre à le faire seule.

Il n'en loupe pas une pour me rappeler qu'être riche c'est le pied, mais je ne vois pas l'intérêt de faire les choses seule, j'ai adoré partager cet instant avec lui. J'entends qu'il nous détache l'un de l'autre au cliquetis des mousquetons et me retourne une fois libérée de mon harnais tout en restant appuyée sur son buste.

— Je ne compte pas recommencer, une fois me suffit.

— C'est parce que tu es toujours sous l'emprise de l'adrénaline, mais je t'assure que cette sensation de liberté va te manquer. Tu voudras y goûter à nouveau d'ici peu.

— Il ne vaut mieux pas que je recommence dans ce cas, je ne voudrais pas devenir une junkie comme toi, fais-je remarquer sur le ton de la plaisanterie.

— Tu peux y aller sans crainte, c'est de la drogue bio.

Je rie à sa blague collant mon front sous son cou. Notre proximité ne me gêne plus, après tout ce que j'ai vécu avec lui, je trouve ça naturel. Mais quand mon regard retrouve le sien et qu'il essuie les larmes aux coins de mes yeux de ses pouces, je reçois instantanément une seconde dose en plein cœur, plus forte, plus addictive que la première et qui n'a rien à voir avec le goût du risque. Je lutte pour ne pas succomber à ses effets, mais le courage qui coule toujours dans mes veines me pousse à l'embrasser.

Ses mains autour de ma nuque, presse fermement leurs étreinte et m'incitent à continuer. Je profite de l'euphorie qui grandit au creux de mon ventre et dévore ce sentiment à pleine bouche quand nous sommes interrompu par un raclement de gorge exagéré. Je me dresse sur mes genoux et remarque la présence de mon cher amis le garde du corps qui comme à son habitude, est aussi droit et gracieux qu'une tombe. Se méfiant surement que je n'étouffe son meilleur client. Je le salue poliment d'un signe de tête qu'il ne me rendra jamais.

— Merci Eddy, lance Adam avec sarcasme.

Je regarde le grand sac en papier dans ses mains avant de m'interroger enfin sur l'endroit où nous avons atterri. Je me dresse difficilement sur mes jambes en coton afin d'observer les alentours de l'immense terre-plein central. J'avance jusqu'à fouler la piste en bitume déserte avant de lever les yeux sur les gradins dénué de spectateurs, et me rends compte, après un tour sur moi-même, être au cœur d'un circuit automobile.

— Adam ?!

Je l'appelle en me tournant dans sa direction et le vois débarrasser les bras d'Eddy avant de me rejoindre.

Priceless'GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant