24. Incandescence

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Après ma brutale remise en question des sentiments d'Embry, du fait de l'imprégnation, j'ai demandé un peu de temps au quileute. Du temps pour réfléchir, pour me poser des questions, chercher des réponses.

Néanmoins, je savais qu'il faudrait bien que nous nous confrontions l'un à l'autre à un moment donné. Je savais dès le départ que je ne résoudrais pas ce conflit moral de moi-même.

Non. Sans Embry, je n'y arriverais pas.

Je lui ai donc demandé de passer chez moi après quelques jours de réflexion. Quand il a sonné à la porte, j'ai presque ressenti un pincement au cœur. Comme si l'utilisation de la porte, entrée plus formelle que la fenêtre, son entrée habituelle, démontrait l'atténuation du lien qui nous unissait.

Après quelques banalités, nous sommes vite entrés dans le vif du sujet. Je me suis expliquée auprès de lui. Je lui ai admis mes doutes, je lui ai confié mes inquiétudes. Je lui ai tout dit.

Une fois que j'en ai terminé, Embry parait blessé. Comme si je remettais tout en question d'une atroce façon. Il m'assure qu'il m'aime. J'ai envie de lui dire que ce n'est pas le problème, alors je me répète, j'insiste :

— Mais s'il n'y avait pas l'imprégnation, peut-être que tu ne m'aurais jamais aimé.

— Mais il y a l'imprégnation. Je suis un loup, la magie des quileutes coule dans mes veines et, de ce fait, j'ai la capacité de m'imprégner. Et je me suis imprégné de toi, Aina.

— Et ça ne te gêne pas toi, l'imprégnation ? Tu n'aurais pas voulu avoir le choix ?

— J'ai choisi. C'est toi que j'aime, Aina. N'est-ce pas suffisant ?

Je ne réponds pas. Je n'ai aucun nouvel argument à lui opposer. Toujours cette même question du libre-arbitre. Que puis-je ajouter de plus ?

Embry soupire.

— L'imprégnation, c'est moi. Elle fait partie de moi à part entière. C'est moi qui t'ai choisie. C'est moi qui t'aime. Personne ne m'y a forcé, Aina. S'il te plait, j'ai besoin que tu y croies. Je ne supporte pas d'imaginer que tu puisses douter de la sincérité de mon amour.

— Mais je ne doute pas de ta sincérité, riposté-je. Ce n'est pas de toi que je doute. Je crois juste que tu n'as pas le choix.

— Et même si je n'ai pas le choix ? On s'en fiche non ?

— Pas moi. Moi, je ne m'en fiche pas. Je ne peux pas imaginer te retirer ton libre-arbitre.

— Au diable mon libre arbitre ! Prends tout ce que j'ai, tout ce que je suis, je m'en fiche pas mal. Moi, Embry, je t'aime. Je veux seulement que tu croies en ça. Pas d'imprégnation, pas de magie quileute. Moi, je t'aime.

Je baisse les yeux face au désespoir d'Embry. J'aimerais pouvoir faire ce qu'il me dit, cesser de réfléchir à outrance, cesser de rejeter ses innombrables preuves d'amour. Oui mais je suis moi, et ce n'est pas aussi facile que je le voudrais.

Face à ma réaction, Embry englobe avec lassitude son visage de ses larmes paumes. Il ne sait plus comment agir avec moi et je ne peux pas l'en blâmer. Néanmoins, je sais bien qu'il ne m'en tient pas rigueur. Il devrait, parce que je suis insupportable, mais il ne le fera pas.

Peut-être que c'est ça, le fond du problème. Peut-être que je voudrais qu'il se mette en colère contre moi, qu'il me prouve qu'il ne m'est pas totalement asservi. Qu'il me prouve qu'il est humain et qu'en tant que tel, il ne peut pas me vouer un amour total et parfait. Qu'en tant qu'humain, il ne peut aimer qu'imparfaitement, parce qu'aucun amour ne peut être parfait, dans le fond. Et finalement, peut-être que je ne veux pas d'un amour sans condition. Peut-être que je veux mériter son amour, et ce n'est pas la sensation que j'ai pour le moment.

Aina [Embry Call]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant