22. Imprégnation

1.9K 112 16
                                    

Alors qu'Embry s'est de nouveau invité par ma fenêtre, le soir suivant, signe que c'est définitivement en train de devenir une sale habitude, je repense à ma conversation avec Leah. L'imprégnation. Serait-ce le bon moment pour évoquer le sujet avec Embry ?

— Embry ? m'enquis-je.

— Oui ? répond-t-il, la tête dans l'oreiller.

Je m'amuse de son épuisement.

— Si tu es aussi épuisé, pourquoi diable t'es tu donné la peine de venir jusqu'ici ? N'aurais-tu pas été mieux chez toi ? Pas que je me plaigne, bien au contraire, tu sais comme je suis contente de t'avoir ici, les draps sont d'ailleurs bien plus chauds quand ta peau les réchauffe, mais...

— Je ne serais pas mieux chez moi parce que tu n'y serais pas, réplique-t-il.

Un sourire étire mes lèvres.

— Et même si tu te trouvais à plusieurs centaines de kilomètres d'ici, ça en vaudrait toujours la peine, insiste-t-il.

— Là, tu me flattes.

— Ce n'est que la plus sincère vérité, Aina. Tout le temps que je peux passer à tes côtés, je le prends.

— Aurais-tu peur que je m'enfuis ?

— Bien sûr que non. Tu sais ce qu'on dit, « profiter de chaque jour comme si c'était le dernier ». Ben c'est ce que je fais. Et si c'était mon dernier jour, je voudrais le passer avec toi.

Je ris. Si Embry semble parfaitement sincère, je ne peux m'empêcher de trouver qu'il en fait beaucoup trop. L'amour est toujours si rose en début de relation, mais tout ça ne dure jamais.

« Et voilà que tu remets ça avec ton éternel pessimisme... » me seriné-je intérieurement.

Étouffant un soupir, j'entreprends de reprendre le fil de la conversation initiale.

— Embry, je peux te poser une question ?

Il acquiesce, se couchant sur le flanc en soutenant sa tête d'une main. Il me regarde, dans l'attente de ma question. Soudain, je ne suis plus si sûre de vouloir poser la question. Et si Embry le prenait mal ? Après tout, je ne sais absolument pas de quoi je suis sur le point de lui parler. Aussi loin que je le sache, je ne vais peut-être pas du tout aimer la réponse. Inspirant un bon coup, je prends néanmoins mon courage à deux mains.

— Qu'est ce que l'imprégnation ? demandé-je.

Une expression étrange passe sur son visage. Il parait abasourdi, pris de court.

— Comment connais-tu ce mot ? s'étonne-t-il.

N'ayant pas envie de dénoncer Leah, j'élude.

— Est ce vraiment important ? répliqué-je.

— Sûrement pas, non, admet-il.

Pourtant, je vois bien qu'il est très embêté, comme si on avait contrecarré ses plans. Finalement, il soupire, se redresse, et s'empare d'une de mes mains. Curieuse de savoir de quoi l'imprégnation retourne, vu le sérieux avec lequel Embry a pris ma question, j'attends qu'il m'explique.

— L'imprégnation, c'est un truc de loup. C'est le nom qu'on a donné au phénomène : un lien qui s'instaure entre un loup quileute et une autre personne. Un lien indéfectible, inébranlable. Un lien très puissant.

Je penche la tête, pas certaine de bien comprendre.

— Un lien ? répété-je. De quelle nature ?

— Il n'a pas de nature spécifique. Il est simplement... eh bien, comme je l'ai dis, inébranlable.

— Je ne comprends pas. Est-ce que tu parles d'un genre de coup de foudre ?

Aina [Embry Call]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant