6. Football

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Pour se faire pardonner de son absence du week-end, Angela m'invite au restaurant un soir de la semaine. J'ai eu beau lui répéter que ce n'était rien, elle a quand même insisté et j'ai fini par céder. Je m'arrangerais pour lui rendre la faveur un autre jour.

Nous avons eu une longue après-midi au travail et nous arrivons affamées au restaurant. Angela me questionne sur mon samedi puisque je lui ai confié que je m'étais rendue à La Push malgré son absence. Nous n'avons pas eu l'occasion de trop en parler avant ce soir. Il faut dire que nos journées à l'hôpital sont bien chargées.

Elle me fait remarquer que j'ai l'air de bonne humeur depuis ce fameux samedi. Je lui avoue que j'ai effectivement passé un bon moment. Sans entrer dans les détails, je lui explique que j'ai sympathisé avec un garçon de la réserve et que j'ai passé l'après-midi avec lui et ses amis qui se sont révélés tout aussi sympathiques.

– Mon absence était donc un mal pour un bien ! remarque joyeusement Angela.

– La journée aurait été encore mieux avec toi, répliqué-je.

Néanmoins, il est vrai qu'en la présence d'Angela, nous n'aurions pas pu avoir les mêmes sujets de discussion, car elle ne fait pas partie du même monde que nous. Pourtant, je pense qu'une amie comme Angela est indispensable pour garder les pieds sur Terre quand on est entourés par l'impossible comme je le suis.

– Ben s'est rétabli ? m'enquis-je à mon tour.

– Oui, il va bien mieux. Ce n'était rien de trop grave finalement.

– Ne m'en veut-il pas de te voler à lui pour la soirée ?

– Oh, non ! me rassure-t-elle. Il peut en profiter pour voir ses amis comme ça. Ils sont au cinéma pour voir le dernier blockbuster sorti. Je préférais de loin passer la soirée au restaurant avec toi !

La serveuse s'approche de nous pour nous servir nos plats et nous la remercions. Affamées comme nous le sommes, nous entamons bien vite nos assiettes.

– Parmi ces quileutes, y en avait-t-il un qui te plaise ?

La bouche pleine, je la regarde avec des yeux ronds. Elle attend patiemment que je mâche pour lui répondre.

– Je ne me suis pas posé la question, avoué-je.

– Et celui avec qui tu as sympathisé en premier ?

– Seth ? m'étonné-je. Ce n'est qu'un adolescent.

– En tout cas, lui ou un autre, j'ai toujours trouvé un certain charme aux garçons quileutes, me confie-t-elle.

– Oh, ils n'étaient certainement pas laids, suis-je bien obligée d'admettre. C'est simplement que je n'envisage personne de cette façon depuis quelques temps.

Angela doit s'imaginer que j'ai une vieille blessure amoureuse sensible et n'insiste pas. Je ne la détrompe pas parce que cela m'arrange qu'elle pense ça. La vérité, c'est que j'ai perdu trop de gens que j'aimais au cours de ma vie, alors je m'y reprends à deux fois avant de m'attacher à quelqu'un de façon irrémédiable. Difficile d'envisager un avenir avec quelqu'un du commun des mortels quand on sait pertinemment qu'on lui survivra et que notre absence de vieillissement va finir par se voir.

En revanche, il est vrai que les quileutes ne sont pas le commun des mortels, tout comme les Cullen ne le sont pas. Je reste cependant différente d'eux par bien des aspects. Unique en mon genre, à mon plus grand désespoir. Angela ne peut pas se douter de tout cela et c'est mieux pour elle. Je l'envie pour la vie qu'elle peut mener. Je rêve d'une vie plus simple : ma condition est malheureusement loin de me simplifier la vie.

Aina [Embry Call]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant