NA :
Entre les chapitres classiques, cette histoire comptera des extraits des vieux carnets de Aina, ceux qui vont nous permettre de découvrir les instants de vie qui ont pu la marquer.
J'espère que ce format un peu plus particulier que ce que j'écris d'habitude vous plaira !
En attendant, nous retrouverons dès le prochain chapitre les Cullen et il se pourrait bien qu'Aina en apprenne un peu plus sur eux...
Bonne lecture !
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Mon nom est Aina Rasmussen et je suis née au Danemark. Au moment où j'écris ces lignes, nous sommes au début du XIXème siècle. Il m'est arrivé quelque chose d'absolument inexplicable et c'est ce qui me pousse aujourd'hui à écrire ces lignes. Moi-même, je ne comprends pas ce qui a pu m'arriver. Pourtant, je ressens ce besoin irrépressible de coucher les pensées qui agitent mon esprit toutes les nuits sur ce papier.
Je pense avoir vingt ans mais, si je n'en suis pas certaine, c'est parce que je n'ai plus aucun souvenir de ma vie passée. Je ne sais plus quand je suis née. Je ne sais plus qui sont mes parents. Je ne sais plus vraiment d'où je viens non plus. Tout est flou dans mon esprit.
Ce dont je suis absolument certaine, c'est uniquement de mon nom et de mon pays d'origine. C'est tout ce qu'il me reste de mon passé. Pourtant, sans que je sache comment, je me suis un jour réveillée ici, aux Îles Féroé. J'étais perdue et je ne savais pas où j'étais. J'ai eu la chance d'être trouvée par une gentille famille, les Christiansen. Ils m'ont accueillie parmi eux sans hésitation, en dépit de mon incapacité à leur expliquer d'où je venais et comment j'étais arrivée ici.
Les Christiansen sont une famille de pêcheur de génération en génération. M. et Mme Christiansen ont trois enfants : un fils de seize ans, nommé Jørgen, qui accompagne déjà son père à la pêche et deux filles de quatorze et onze ans, nommées Hanne et Karen.
J'ai mis un moment à trouver ma place dans leur famille mais je pense aujourd'hui l'avoir trouvée. Cela fait déjà plusieurs mois que je suis chez eux et les deux filles des Christiansen me considèrent comme si j'étais leur propre sœur. Quant aux époux Christiansen, ils me traitent comme si j'étais leur propre fille. Je les considère moi aussi comme ma famille.
Puisque je n'ai aucun souvenir de ma véritable famille, il n'est pas difficile de faire comme si tout cela était vrai. Pourtant, la nuit, je pense à mes vrais parents et je me demande s'ils sont encore en vie, quelque part au Danemark. M'ont-ils abandonnée ou ce qui m'est arrivé est-il bien plus complexe que cela ?
Les gens du coin parlent beaucoup sur mon passage. Ils trouvent cela curieux qu'une jeune femme de mon âge ne soit pas encore mariée. Parfois, je me dis que je l'étais peut-être, mais je ne peux pas m'en souvenir si c'est le cas. Quand je suis avec M. ou Mme Christiansen, personne n'ose m'approcher. En revanche, quand je suis avec Hanne et Karen, c'est une autre histoire.
Il est fréquent que des hommes, jeunes ou moins jeunes, m'approchent. Ils me mettent mal à l'aise mais je n'ose pas m'en plaindre auprès de M. ou Mme Christiansen. Récemment, Jørgen, le fils ainé des Christiansen, a assisté aux avances qu'un homme du village me faisait et il n'a pas manqué de venir me défendre. Je ne l'avais jamais vu aussi en colère. Sur le chemin du retour, il m'a confiée que, si j'étais d'accord, il souhaitait se marier avec moi plus tard. Je ne sais pas trop quoi penser de cette proposition, parce qu'elle est tellement inattendue et que je n'ai jamais réfléchi à Jørgen de cette façon avant, mais n'est-ce pas la meilleure des solutions ?
Tant que je ne serais pas mariée, les hommes continueront à me courtiser et je serais bien plus à l'aise quand ils cesseront de le faire. Jørgen est quelqu'un de bien. Il est encore jeune et nous devrons attendre encore quelques temps avant de pouvoir nous marier, mais je suis persuadée qu'il ne me fera jamais de mal. Me marier avec lui serait sûrement la meilleure chose à faire pour moi dans ces conditions. J'ai donc décidé d'accepter sa proposition. Je lui annoncerais la nouvelle quand lui et les autres hommes seront revenus de leur sortie en mer.
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C'est maintenant décidé, Jørgen et moi nous marierons. M. et Mme Christiansen sont ravis de la nouvelle, tout comme Hanne et Karen. Je fais déjà partie de la famille à leurs yeux donc cela ne change rien. De plus, ils préfèrent voir Jørgen m'épouser moi plutôt qu'une autre fille qu'ils ne connaitraient pas si bien.
Il a beau être plus jeune que moi, je trouve le fils des Christiansen très mature pour son âge. Nous discutons de beaucoup de choses ensemble. Quand il n'est pas en mer, il aime bien m'écouter lui lire les romans que Mme Christiansen ramène parfois du village. Lui-même a du mal à lire car sa vue lui joue souvent des tours et que les lettres deviennent floues quand il se concentre trop longtemps sur les mots. C'est donc avec plaisir que je lui fais la lecture, bien contente de pouvoir me sentir un peu utile.
Jørgen sait être calme et posé mais il a aussi très mauvais caractère quand on le cherche. Récemment, alors que nous nous promenions au bord de la mer, un jeune homme qui m'avait plusieurs fois courtisée est venu nous interpeller. Il avait un peu bu et cela se voyait tout de suite. Jørgen s'est placé devant moi pour me défendre et cela n'a pas plu à l'autre. Sous mes yeux effarés, ils se sont mis à se battre. J'ai un instant cru que Jørgen allait se faire dominer par l'autre mais il m'a surprise. C'est moi qui ai du le rappeler à l'ordre à la fin, quand son rival s'est retrouvé au sol et que Jørgen comptait continuer à l'attaquer.
Je n'ai jamais aimé la violence mais je suis reconnaissante auprès de Jørgen pour ce qu'il a fait. Cet homme m'effrayait et je n'osais plus me promener seule en partie à cause de lui. Peut-être que cela aura au moins eu le mérite de le calmer. J'espère seulement que cela n'aura pas eu l'effet inverse.
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Nous vivons un hiver particulièrement rude. Je ne crois pas avoir jamais connu un tel hiver au Danemark, mais qu'en sais-je après tout ? Heureusement pour moi, je partage le lit de Hanne et Karen et nous nous réchauffons toutes les trois comme nous le pouvons, quand le vent siffle contre les fenêtres la nuit et que le filet d'air froid se glisse jusqu'à nous.
Comme je ne parviens pas beaucoup à dormir la nuit, je pense beaucoup au passé et aux souvenirs que j'ai oubliés. Je tente d'imaginer mon enfance et mon adolescence. Je tente aussi de deviner à quoi ressemblait ma mère. Je l'imagine à mon image, mais en bien plus belle : de jolis cheveux blonds vénitiens ondulés, un nez aquilin et quelques tâches de rousseurs parsemant son front et ses joues.
Jørgen s'est déjà essayé à compter mes tâches de rousseur mais il finit toujours par perdre le compte. Il s'agace alors et accuse ses yeux d'à nouveau lui jouer un mauvais tour. Dans ces moments là, j'essaie de le réconforter comme je le peux. Quand il est grognon, il n'y a cependant pas grand-chose que je puisse faire. Je ne peux qu'attendre que cela lui passe et qu'il revienne à nouveau vers moi, le sourire aux lèvres.
Au début, j'envisageais uniquement mon mariage avec Jørgen comme un bon arrangement pour moi et pour lui, mais je crois bien qu'en passant de plus en plus de temps avec lui, je commence à tomber amoureuse. Je me dis que c'est une chance parce que c'est bien connu que toutes les femmes n'ont pas la chance d'épouser un homme qu'elles aiment, même si je pense que les familles modestes ont plus de chance à ce niveau. Quand on n'a aucune richesse, il est plus facile de se marier par amour.
Moi, je n'ai rien du tout à offrir. De ce mariage, il n'en ressortira rien du tout pour personne, à part pour moi. Tout ce que j'ai, je le dois après tout aux Christiansen. Je leur dois tellement, à commencer par ma vie. S'ils ne m'avaient pas recueillie ce jour là, alors qui sait ce qu'il serait advenu de moi ? Les hommes malintentionnés qui ont tant de fois cherché ma compagnie auraient pu mettre la main sur moi bien plus facilement. Ainsi, je compte bien être une épouse et une belle-fille irréprochable. C'est le moins que je puisse faire pour ces gens qui m'ont offert tout ce qu'ils avaient, et même leur amour. A leurs côtés, je suis heureuse. Dans ces moments là, peu m'importent mes souvenirs oubliés. Je sais que je dois me concentrer sur le présent et sur ce que j'ai, et non pas sur ce que j'ai potentiellement perdu.
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Aina [Embry Call]
FanfictionAina arrive à Forks un peu par hasard et s'attend à trouver une bourgade totalement dénuée d'intérêt. Elle comprend son erreur en posant son regard sur les Cullen pour la première fois. De son côté, Edward ne tarde pas à comprendre qu'Aina n'est pas...