36. Derniers doutes

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J'ouvre les yeux au milieu de la nuit, désorientée. Je ne porte plus mes vêtements trempés et me trouve désormais dans mon lit. A coté de moi, j'entends la respiration régulière d'Embry. Un besoin physiologique me pousse à quitter la chaleur du lit pour la salle de bain. Je m'apprête ensuite à retourner au lit mais réalise que je n'ai plus du tout sommeil, quand bien même je m'étais écroulée de fatigue au moment de m'endormir, deux ou trois heures seulement auparavant.

Au lieu de ça, j'enfile donc un pantalon et un pull et décide d'aller prendre un peu l'air dehors. La fraicheur de la nuit me fait frissonner mais le ciel étoilé me pousse à rester un peu plus longtemps. L'esprit vide, je contemple les étoiles.

J'ignore ce qui me fait prendre cette décision parmi le flot diffus de mes pensées, mais lorsque je sors mon téléphone, c'est sans véritablement réfléchir que je compose le numéro d'Edward. Je ne me soucis pas de l'heure tardive étant donné que les vampires ne dorment pas.

— Aina ? répond la voix d'Edward à l'autre bout du fil.

Je le devine inquiet par cet appel à une heure quelque peu inappropriée pour un rythme humain.

— Est-ce qu'on peut se parler ? demandé-je. Je sais qu'on est au beau milieu de la nuit, mais je me suis dis que ça ne te dérangerais pas étant donné que tu ne dors pas. Si c'est le cas, ce n'est pas grave.

— Tu ne me déranges pas. Je peux venir maintenant.

— Ce serait vraiment parfait.

La communication se coupe et je devine que je n'aurais pas à attendre très longtemps, surtout si mon ami s'épargne la peine de sortir sa voiture.

L'idée de pouvoir parler à Edward me fait du bien. Je sens des angoisses se réveiller en moi et je sais qu'Edward sera bien placé pour les comprendre. Il lit dans les esprits de tous et dans le mien y compris. Il est capable de tout entendre, littéralement.

A nouveau perdue dans mes pensées, je ne vois pas Edward arriver et s'asseoir à mes côtés sur le perron. Et même si je l'avais guetté, je sais pertinemment que je n'aurais rien vu, à part s'il avait souhaité que ce soit le cas.

— Que me vaut un appel aussi nocturne ? s'enquit-il nonchalamment. Insomnie ?

— Plus ou moins, oui. Il se trouve que je suis perdue, à nouveau. Je ne sais plus trop bien où j'en suis.

Mentalement, je décide de remettre le contexte pour Edward. Je me suis refusée la fois précédente à lui exposer la nature de ma dernière rencontre avec mon inconnue, mais il est temps que je rompe la glace. Je me repasse donc le fil de cette matinée étrange tandis qu'Edward écoute en silence.

Une fois que j'ai finis, il demeure silencieux, quoique vaguement circonspect.

— J'ignore si mon don éprouve quelques difficultés ce soir ou si ton inconnue a fait quelque chose, mais je n'ai pas exactement tout compris.

— Je suppose que tu n'as pas saisi quelle était sa nature exacte alors ? Il semble que je sois incapable d'en parler à qui que ce soit, je ne m'imaginais néanmoins pas que mon esprit serait de la même façon impénétrable. Tant pis, ça importe franchement peu. Le vrai problème, c'est que je ne sais pas quoi faire de toutes ces informations, j'ignore ce que je dois faire maintenant.

— Il me semble pourtant que tu as toi-même exprimé ce que tu souhaitais faire : rester ici, être avec Embry et nous tous. Je ne comprends pas bien ton dilemme.

— Je veux tout ça, oui. En tout cas, c'est ce que je pense. Mais j'ai la sensation qu'il existe de multiples Aina en moi et que toutes ne sont pas d'accord. Toutes ces personnes que j'ai été par le passé avant d'oublier, je ne sais pas quoi faire d'elles.

Aina [Embry Call]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant