Carnet 4 : Partie 2

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Quitter la caravane m'a à peine provoqué un pincement au cœur, étant donné que je m'étais toujours tenue à l'écart des autres. Et même comme ça, j'ai quand même réussi à m'attacher à certains membres du groupe. Le départ n'a cependant pas été trop difficile. Peut-être que je commence à m'habituer aux au revoir, je ne le sais pas.

Maintenant, James et moi voyageons à deux, à la recherche d'un endroit où nous pourrons nous poser, au moins pendant quelques temps, le temps de savoir quelle suite nous donnerons à nos vagabondages.

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Nous avons fini par dénicher un endroit paisible où nous avons trouvé où nous employer. C'est un endroit à l'écart de la ville proprement dite, entouré de verdure, où un vieux couple de bourgeois a trouvé refuge. James a eu l'indécence de leur demander un travail, sans détour, et son effronterie a payé.

Le couple a alors déclaré qu'un coup de main aux écuries et aux cuisines ne serait pas de refus, leur personnel se faisant vieillissant, à leur image.

Nos nouveaux employeurs ont également beaucoup d'animaux sur leurs terres et nous autorisent à nous occuper d'eux, quand nous le souhaitons. C'est avec un grand plaisir que je passe ainsi du temps avec les poules ou les moutons, de temps en temps. L'un des chats du couple m'a également adoptée et me suit partout où je me rends, même dans la cuisine, dans laquelle il n'a normalement pas le droit de se rendre.

Cette vie me plait bien et j'ai l'impression que James s'en complait lui aussi, pour l'instant en tout cas.

Cet endroit m'apparaît comme le paradis sur Terre. Un endroit où on peut facilement oublier le monde, comme si le monde se résumait à cette propriété seule et à ses habitants. Et pour le moment, cette existence me va.

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Nous côtoyons si peu de gens en ces terres que j'ai l'impression que ma relation avec James s'en trouve changée. A part quand nous travaillons aux côtés des vieux servants du couple, nous sommes quasiment toujours seuls, tous les deux.

Bien souvent, à force de nous parler tout le temps, nous finissons par n'avoir plus rien à nous dire et le silence devient notre compagnon. Pourtant, pendant ces silences, j'ai toujours l'impression que quelque chose se joue. Je ne suis pas habituée à voir James silencieux, mais quand il l'est, j'ai l'impression qu'il pense beaucoup. Probablement que quand il ne parle pas à haute voix, il se parle beaucoup à lui-même, dans sa tête.

Parfois, j'ai envie de lui demander à quoi il pense, mais je ne cède jamais à la tentation. La vérité, c'est que j'ai un peu peur de découvrir à quoi il pense. Et s'il songe à me quitter, à repartir sur la route parce que cette absence de mouvement l'ennuie profondément ? Je ne lui en voudrais pas, je le comprendrais. Mais l'idée de me retrouver seule... Plus le temps passe, plus cette idée m'effraie.

Pourtant, cela va finir par devenir inévitable. Ou bien nos chemins à James et moi finissent par se séparer, ou bien il finit par découvrir mon secret. Il n'y a pas d'autre alternative.

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James m'a finalement confié ce que je craignais. J'ai osé lui demander à quoi il pensait, s'il songeait à repartir d'ici parce que cette vie ne lui correspondait pas. Il m'a dit qu'il resterait où je me trouve, comme il me l'a si souvent si souvent dit auparavant. Mais j'ai insisté, « Pourquoi James ? Tu sais que tu ne me dois rien. Au contraire, c'est moi qui te dois tout ! »

Il m'a alors dis que je me trompais. Qu'il ne s'agissait pas de devoir quoi que ce soit à quiconque. Il m'a dit qu'il m'aimait trop pour me quitter. Je lui ai dis que moi aussi, je l'aimais beaucoup, que je tenais à lui plus que tout, mais que je souhaitais aussi son bonheur, et que si ce mode de vie ne lui convenait pas, je comprendrais qu'il choisisse de s'en aller.

Aina [Embry Call]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant