11. Un truc dingue

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En suivant Seth, je ne m'étais attendue à rien, et ce qui est certain, c'est que j'ai été surprise. Quand nous sommes sortis et qu'il m'a emmenée vers la forêt, j'étais déjà curieuse. Quand il a commencé à enlever son t-shirt, j'étais particulièrement méfiante. Il m'a alors expliqué le plan et j'ai cru qu'il plaisantait, mais apparemment pas parce qu'il s'est ensuite enfoncé un peu plus dans la forêt pour enlever le reste de ses vêtements. Une minute plus tard, il revenait vers moi sous sa forme de loup.

Sous cette forme, Seth possède une fourrure couleur sable et des pattes qui m'apparaissent surdimensionnées. Doucement, il s'est approché de moi et j'ai éclaté de rire. Voilà où nous en étions.

– Vraiment, Seth ? lancé-je. Tu veux vraiment qu'on fasse ça ? C'est absolument dingue.

Le loup pousse une sorte d'aboiement et s'allonge au sol. Je sais très bien ce que Seth attend de moi mais je ne pense pas être prête psychologiquement. Pourtant, le quileute s'impatiente et, maladroitement, je finis par m'exécuter. Je contourne le large corps du loup et lève une jambe pour me placer à califourchon sur son dos. Je cherche un instant où me tenir mais finis par attraper une touffe de poils dans son encolure quand il se relève sans prévenir.

Depuis le dos de Seth, je réalise d'autant plus la hauteur inhabituelle des loups. Le sol me paraît si loin. J'ai beau avoir confiance en Seth, je juge l'expérience qu'il est sur le point de me faire subir très dangereuse. Je resserre mes jambes autour de l'immense loup et je m'attache très fort autour de son cou, néanmoins inquiète à l'idée de lui faire mal. Une fois cela fait, Seth doit estimer que tout est bon et se met soudain à avancer dans la forêt, de plus en plus vite, jusqu'à courir.

Il fait nuit et, plus on s'enfonce dans la forêt, moins j'arrive à percevoir notre environnement. Seth ne semble pas avoir ce problème puisqu'il s'élance avec une facilité déconcertante entre les arbres. Cela me parait aberrant vu la largeur du loup. Plusieurs fois, je ferme les yeux très fort en priant pour qu'il ne percute pas un arbre, mais il n'en fait rien. Une fois que j'ai pris conscience que tout va bien se passer, je commence à apprécier l'expérience que Seth m'offre là.

L'air qui fouette mon visage est glacial mais la fourrure sur laquelle je suis couchée est douce et chaude, ce qui compense suffisamment. La vitesse à laquelle nous sommes lancés est enivrante, comme si j'étais sur une moto mais que cette moto avait le contrôle le plus total, et que je n'avais pas à faire le moindre geste pour la diriger. J'ai l'impression de perdre totalement le contrôle, ce à quoi je ne suis pas habituée, mais c'est une telle décharge d'adrénaline, une telle ivresse !

– C'est génial, Seth ! m'écrié-je. Incroyable !

Le quileute ne peut pas me répondre mais il émet un jappement qui me transmet toute sa joie. Le sourire aux lèvres, les yeux fermés pour éviter qu'ils pleurent, j'apprécie le moment pour ce qu'il est : un instant d'évasion pur.

Je suis presque triste quand je devine que nous sommes revenus au point de départ. Seth s'allonge au plus près du sol pour me permettre de descendre. Un peu crispée et tremblante, il me faut plusieurs secondes pour parvenir à m'extirper de son dos. Une fois que je suis descendue, Seth s'éclipse un instant. Je vais m'asseoir sur le perron en attendant qu'il retrouve sa forme humaine. Son sourire est large et fier quand il me rejoint. Il est manifestement très satisfait de lui.

– Alors ? s'enquit-il.

– C'était absolument incroyable. Merci beaucoup, Seth.

– On y retourne quand tu veux.

– Laisse moi d'abord le temps de me remettre de mes émotions, m'amusé-je. Ce n'est pas une expérience banale pour une humaine.

– Tu n'as pas vomi, réplique-t-il.

Aina [Embry Call]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant