33. Crise existentielle

743 53 7
                                    

A mon réveil, j'ai l'impression que plusieurs jours se sont écoulés. J'ai la sensation d'être totalement déphasée. Les souvenirs mettent du temps avant de me revenir, mais quand ils le font, je me relève soudainement du canapé où je m'étais écrasée pour chercher l'inconnue.

Je ne veux pas croire qu'elle ait à nouveau disparu, pas alors que nous avions une conversation si importante. C'est alors la colère qui m'envahit à son endroit.

J'ai beau croire en tout ce qu'elle m'a raconté – je sais qu'il s'agit là de la vérité pure et simple – je suis furieuse contre elle parce qu'elle se joue de moi à apparaître et disparaître ainsi. Elle me donne la sensation d'être une marionnette qu'elle peut manipuler à sa guise.

Et puis, sans trouver la moindre trace de l'inconnue, je commence à me demander si tout ça n'était pas un rêve, finalement. Sans véritablement y croire, cette idée m'apaise un peu. Au moins jusqu'à ce que je trouve le papier posé sur mon lit.

Sur ce bout de papier n'est inscrit qu'un mot. Réfléchis. Réfléchir, mais à quoi donc ? A ce à quoi j'aspire, à ce que je désire ?

Cette question me semble déjà toute réfléchie. Et pourtant, je ne peux empêcher le doute de s'insinuer en moi. Me précipiterais-je trop ?

Quelques instants après, je ne suis guère surprise de voir débarquer Alice et Edward. La première a du voir avec juste un peu de retard ma rencontre avec l'inconnue, et le second avait du être dans les parages à ce moment.

Je sais qu'Edward sonde déjà mon esprit pour savoir de quoi il en retourne, mais j'interromps volontairement le fil de mes pensées pour penser à tout sauf à ça. Aujourd'hui, je ne désire pas que quiconque décrypte mes pensées. Je ne veux pas que quiconque s'insinue dans mes pensées. J'en ai assez d'être considérée comme une marionnette manipulable.

— Tout va bien, Aina ? s'enquit Alice sans avoir conscience du combat que j'oppose actuellement au don d'Edward.

— Je vais bien, dis-je.

— Que te voulait-elle cette fois ?

— Nous avons parlé. Elle m'a révélé des choses de mon passé.

Avec avidité, Alice attend la suite. Je crispe néanmoins la mâchoire tout en empêchant la moindre de mes pensées de filtrer. Je ne veux pas partager cette histoire, pas encore.

— Aina tient à rester seule pour réfléchir à ce qu'elle a appris, explique Edward à sa sœur.

Celle-ci acquiesce, bien que manifestement déçue.

— Tant que tu es en sécurité, c'est le principal, répond-t-elle. Appelle-nous si tu as besoin.

J'acquiesce, puis Edward et Alice regagnent la Volvo et s'éloignent. J'ai la sensation d'avoir été incroyablement impolie, d'autant plus que tous les deux sont initialement venus jusqu'ici pour s'assurer que j'allais bien, mais j'ai définitivement besoin d'être seule face à ce que j'ai appris, pour réfléchir à ce que je vais bien pouvoir faire de tout ça.

Le midi venu, je prends un repas frugal. Puis, parce que le devoir m'appelle et que je ne me vois pas me faire porter pâle et abandonner aux épaules d'Angela la responsabilité d'assurer ma partie du travail, je dois me rendre à l'hôpital.

Travailler me permet de penser à autre chose même si mes tracas m'assaillent à la moindre occasion. Si Angela remarque que je suis un peu ailleurs, elle ne m'en fait rien remarquer et garde sa bonne humeur, ce dont je lui suis reconnaissante.

Lorsque je rentre chez moi le soir venu, la nuit est tombée. Je sais déjà qu'Embry ne va pas tarder à me rejoindre, mais ce que j'ignore, c'est s'il aura déjà eu vent de la visite de l'inconnue.

Aina [Embry Call]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant