Keep telling yourself darling ~

Chapitre 63- Be around

« Bienvenue à la confrérie des pirates, Elizabeth... »  susurra Éris dans la tête de la jeune femme.

- Impossible... murmura Elizabeth, sous le choc. Comment ?...

La jeune femme sût qu'elle avait parlé trop fort lorsque Jack se retourna soudainement vers elle.
Il la foudroya du regard, c'était déjà trop tard pour qu'elle puisse s'enfuir.

Les gardes avaient repéré Elizabeth, à cause du mouvement du capitaine, et ils s'empressèrent de l'empoigner par le bras .

« Mais que fait-elle ici ?!... » s'interrogea Jack, paniqué. « Mon dieu si seulement je n'avais pas reconnu sa voix... »

Il avait regretté son geste dès lors qu'il l'avait exécuté, il avait trahie la présence de la jeune femme.

Un des gardes, un pirate sale et sans manières, hurla, postillonnant :
- «  Est-ce que quelqu'un a cette table reconnaît cette intruse ?! »
Elizabeth le dévisagea, outre son hygiène douteuse et le timbre de sa voix, ce pirate la dégoûtait vraiment. A côté, Jack rassemblait toutes les qualités d'un aristocrate de la haute sphère.
Ce dernier la regardait de côté, n'osant pas répondre à la question du garde pirate, laissée en suspend dans un silence glaçant.

L'ivrogne retenant la belle blonde insista :
- Puisque c'est ainsi, il est possible qu'elle soit considérée comme traîtresse. Espionne peut-être ? Ne serait-elle pas envoyé par Becket ??...

Elizabeth remarqua alors Barbossa, placé non loin de Jack depuis le début de son arrivée. Le vieux capitaine leva les yeux au le ciel et semblait échanger un dialogue silencieux avec Jack.
Leurs regards parlaient pour eux.

Devant le silence de toute la confrérie, les gardes empoignèrent plus fort Elizabeth et la firent pivoter vers la sortie du navire en ricanant.
- Tout va bien, ma jolie... susurra l'un d'eux. Tu avoueras tout, certainement après avoir passé un ou deux jours en notre compagnie. Tu as un nom, ma belle ?

La jeune femme lui servit un regard chargé de défi et ne répondit pas. Elle finit par détourner les yeux vers Barbossa, de dos lui aussi, qui ne vit pas le désespoir qu'elle voulait lui communiquer. Pourquoi n'agissaient-ils pas ?

Agacé par son caractère rebelle, l'un des gardes s'énerva :
- Puisque tu ne veux même pas dire ton nom, j'imagine que tu ne vois aucun inconvénient à ce qu'on te le fasse hurler ?!...
À ces mots, il leva le bras et s'apprêta à gifler la jeune femme.
Elizabeth détourna la tête, crispée et voulant à tout prix éviter ce premier coup. Cela n'y fit rien.

La main calleuse du brigand s'abattit sur sa joue dans un claquement retentissant. Personne ne bougea dans l'assemblée. Seul Jack, toujours dos à la scène, sursauta au bruit sourd de cette gifle si violente.

La douleur irradiait la joue droite d'Elizabeth, ses oreilles sifflaient dans sa tête. Elle battit lentement des cils et se redressa pour plonger son regard dans celui de son bourreau.
Ce dernier réitéra sa question :
- Alors ? Ton nom, gamine.

La jeune femme ne l'entendit que vaguement, la douleur lui empêchait tout réel discernement de la réalité. Elle cherchait des yeux un soutien quelconque, un regard compatissant, mais rien ne lui parvint. Elle voyait flou et les sons lui paraissaient étouffés.
Elle releva les yeux devant elle, juste à temps pour voir arriver, comme au ralentis, un nouveau coup de la part du pirate. Elle ferma les yeux de peur et de douleur. Le silence était assourdissant. Alors qu'elle attendait, résignée, de ressentir à nouveau de la douleur dans son corps, elle entendit un bruit sourd.

Elle releva immédiatement la tête et vit Jack, le regard emplit de haine, serrant de toutes ses forces le poignet du misérable pirate qui venait de la frapper.
Il se tenait droit, ses yeux vissés dans ceux de son adversaires en disaient  long sur ses sentiments et sa colère.

Il hurla, d'une voix si profonde que la salle fit raisonner ses paroles :
- Je hais les hommes aussi bêtes que toi... C'est pitoyable, ne lève plus jamais la main sur elle ou il t'en coûtera. Hors de ma vue ! Ne t'avise plus jamais de croiser mon chemin.

Il vociféra de plus belle :
- Regarde moi dans les yeux quand je daigne m'adresser à toi, idiot !
Ecarte toi de mon chemin !

L'homme hésita puis s'exécuta, défiant Jack du regard.
Le capitaine n'en tint pas compte et se précipita sur Elizabeth pour l'attraper par les épaules.
Elle soupira de soulagement, il ne l'avait pas abandonné tout compte fait.

- Lyzzie... Pouvez-vous marcher ?... demanda t'il, en dissimulant son agacement.

Elizabeth acquiesça silencieusement. Elle comprit qu'elle avait commis une erreur en venant ici, elle en payait les conséquences et devait les assumer jusqu'au bout.

Jack la ramena devant cette immense table de bois. Des dizaines de regards intimidants se posèrent sur elle, ce qui lui fit baissé la tête.
Le capitaine, derrière elle, murmura à son oreille :
- Regarde les droit dans les yeux. Ne dis rien.

La jeune femme s'exécuta malgré les larmes qu'elle sentait se profiler aux creux de ses yeux noisettes.

Jack rompit le silence insoutenable de sa voix si charismatique.
- Mes amis... commença t'il. Je connais en effet cette personne et son nom. Afin de ne pas être accusé de diverses complot ou autres, j'avais décidé de garder sous silence ma connaissance de son identité afin de ne pas y être associé.

Il fit une pause.
- Car en effet, elle fait partie de mon équipage, reprit-il calmement. J'ignorais sa présence ici, même si je n'ai rien pour le prouver, je vous demande alors de me croire. Vous n'êtes pas sans savoir la mort du seigneur pirate asiatique Sao feng, canonné par Becket.

Jack sourit discrètement, s'apprêtant à sortir le mensonge qui sauverait peut-être la vie d'Elizabeth.

- Ce fût une mort regrettable, en effet. Mais vous avez devant vous, le plus grand trésor qu'il ait pu nous léguer : son unique concubine et celle qu'il avait pour projet de faire... sa femme.

Ce mot eut l'effet d'une bombe sur l'assemblée. Tous s'agitèrent, se raclaient la gorge, échangeaient à voix basse.

Le capitaine du Pearl ne laissa pas continuer cette agitation et éleva la voix :
- Elle s'est enfuit et nous l'avons recueilli sur mon bâtiment en tant que naufragé. Elle s'était habillé en civil afin d'échapper aux gardes de Becket et de se jeter à la mer, c'est pourquoi aujourd'hui elle ne peut nullement prouver son identité. Sao Feng n'a jamais désigné d'héritier de son titre, c'est pourquoi je proclame mademoiselle Swann, ici présente, comme nouvelle seigneur pirate de la flotte asiatique.

Même Barbossa arqua un sourcil à la fin du récit larmoyant et presque convaincant de son confrère pirate.
Elizabeth avait écarquillé les yeux lorsqu'elle avait compris où voulait en venir Jack. Elle ? La concubine de Sao Feng ? Ça n'avait aucun sens...

Pourtant, tout était probable. Ce mensonge n'était pas si insensé. Une attaque, la perte des biens et donc des preuves d'identité, le sauvetage... Tout s'emboîtait parfaitement.

« Il... Il ment si facilement... » s'attrista la jeune femme, se rappelant qu'il l'avait sûrement déjà fait avec elle.

Il était toujours derrière elle, elle pouvait sentir sa respiration sur ses cheveux dorés.

Elle ignorait tout de la confrérie et de ses codes, pourra t-elle tenir le rôle de seigneur pirate jusqu'au bout ?...