Chapitre 8 melanie martinez- Copycat

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Ana ferma la porte de la cabine derrière elle. Elizabeth, le visage fermé, s'était assise sur un des bords du lit.

- Fais comme chez toi, ma belle, allonges toi si tu le souhaites, Jack ne dira rien, dit alors la pirate en rangeant quelques affaires éparpillées sur le bureau.
- Tu as l'air de bien connaître cette pièce, fit la fiancée qui observait les moindres gestes d'Anamaria.

Cette dernière s'arrêta quelques secondes puis, décida de refaire le lit du capitaine.
Tout en accomplissant ceci, et sans même lever les yeux vers Elizabeth, la pirate lui répondît :
- C'est que j'ai passé pas mal de temps dans cet endroit, chérie.
La noble la dévisagea de haut en bas.

- Tu veux dire... que toi et Jack... vous êtes.... ? demanda la fiancée d'une voix hésitante
- Amants ? Non, l'arrêta Ana en pouffant. Jack n'a pas d'amantes, même si il apprécie la compagnie de certaines femmes de Tortuga le temps d'une soirée.
- Tu as l'air de bien le connaître... et pourquoi avoir passé beaucoup de temps dans cette pièce si tu n'es même pas son amante ? l'interrogea Elizabeth avec une pointe d'ironie, mêlée à la jalousie.
La pirate se laissa tomber sur les draps rouges et croisa ses bras sous sa tête.

- J'ai rencontré Jack il y a longtemps, à Tortuga. Il venait d'hériter du Pearl et avait besoin de faire escale pour ses hommes. J'étais une orpheline, j'avais 15 piges à l'époque et lui 20, ce vieillard, ironisa t'elle avec un sourire.

La noble écoutait attentivement les dires de la jeune femme, cherchant à savoir si il pouvait y avoir une quelconque liaison entre la pirate et le capitaine.
-... Pour survivre, je devais travailler et jusqu'à mes 14 ans, on ne m'avait donné que des corvées plus ou moins agréables. Passé cette âge, ma «protectrice » s'est mise en tête de m'envoyer en maison close.

Elizabeth frissonna à l'idée de ce genre de dilemmes infâmes entre vivre misérablement ou mourir.
-... Je lui ai tenu tête, poursuivit Anamaria, pendant un an. Arrivée à 15 ans, j'ai cédé devant toute son insistance et ses menaces et c'est le jour même qu'on m'inscriva dans l'un de ces taudis.
- Et tu as commencé à « travailler »?...
- Le soir même, répondit platement Ana, heureusement pour moi, Jack est arrivé, fit t'elle en souriant, perdue dans ses souvenirs. Il accompagnait justement un ami pour les services que rendaient la maison. Je venais à peine d'enfiler la tenue la plus dénudée que j'ai pu voir dans ma vie, évidemment contre mon gré. Jack regardait le comptoir de l'accueil, presque mal à l'aise. Son ami, un habitué, était déjà aux bras de sa cliente préférée mais toujours dans le hall et il essayait de convaincre Jack d'en faire de même.

Anamaria était plongé dans le passé, Elizabeth le devinait très bien et ne la brusqua pas. Finalement, elle continua son récit :

- J'étais caché derrière un rideau à proximité. L'hôtesse m'a alors aperçue et avec un horrible sourire, elle m'a attrapé le bras et tiré devant Jack. Celui ci a secoué la tête, désespéré devant l'entêtement de la gérante et je me suis sentie réellement honteuse d'être dans cette salle. Son ami a alors crié que j'étais parfaite et a balancé un bon petit pactole d'or à ma matrone. On m'a enfermé dans une salle richement décorée et peu après, Jack fut lui aussi poussé de force à l'intérieur. Il hurlait, frappait les murs en criant de tous ses poumons que seul l'amour pur pouvait amener à ce genre de choses.

« Depuis quand Jack est si romantique ?.... » se demanda Elizabeth, déstabilisée, « Il cache tellement ses sentiments... »

- Après de longues minutes, Sparrow a arrêté son manège, comprenant que c'était inutile. Il s'est tourné vers moi et j'ai cru un instant qu'il allait le faire. J'étais tremblante, le peu de vêtements que j'avais m'étaient insupportable, tout comme les dizaines de bijoux qui s'accrochaient à ma peau.
Il s'est approché silencieusement de moi, en se collant à mon corps et a enlevé le bout de tissu qui couvrait mon épaule. Je commençais à réellement paniquée et faisait tout pour qu'il me lache. Bien au contraire, il a renforcé son emprise sur mes poignets. Puis, en se penchant au niveau de mon cou, il m'a chuchoté à l'oreille :
« Arrête de bouger, je t'en prie princesse..., ils nous observent et ne déverrouilleront la porte que si ils pensent que tu fais ton travail, alors laisse moi faire. Je ne vais rien te faire je te le promets, ais confiance s'il te plaît. »

« Voilà qui est mieux... »ne put s'empêcher de penser Elizabeth. « Je me doutais qu'il n'allait pas le faire ! » Ana la dévisagea et reprit :

- Je l'ai écouté et ai arrêté de gesticuler. Il a fait mine de me déshabiller un peu plus puis soudainement, il a éteint la seule chandelle éclairant la pièce. Aussitôt dans le noir, il s'est basculé sur le côté du lit et a bougé les coussins, remué et fit geindre le sommier. Quelques secondes après sa mascarade, la serrure s'est déverrouillée discrètement et on a entendu un bruit de pas s'éloignant. Jack a soupiré bruyamment et a dis « C'est finit, tu peux te rhabiller et sortir, c'est ouvert ».

Malgré toute sa volonté pour le dissimuler, Elizabeth était très fière de son pirate ; il n'était pas si égoïste finalement....

- Je l'ai remercié puis lorsque je m'apprêtais à sortir, il m'a demandé si j'étais dans cette maison par choix. J'ai secoué la tête puis on s'est mis à discuter. Il m'a alors proposé de faire partit de son équipage et j'ai accepté sans crainte. Nous nous sommes enfuis et le lendemain, j'étais sur le pont du Black Pearl à des kilomètres de Tortuga et libre.

Anamaria semblait s'être décomposée au fil du récit de son histoire, le passé était toujours douloureux à raconter.
Elizabeth lui prit la main et la caressa doucement.

- Malgré tout, j'étais mal. Je ne me sentais pas bien psychologiquement, je déprimais. La nuit était devenu source de cauchemars et d'insomnies infernales. Jack s'en est rendu compte et une nuit, il m'a attrapé et emmenée dans sa cabine.
La pirate souria de plus belle:
- Il m'a allongé sur son lit et m'a bordé comme une enfant, j'ai dormis au moins trois mois avec lui. Les premières nuits, je me réveillais en sursaut à cause d'énièmes cauchemars, le réveillant lui aussi. Jack m'a rassuré pendant des heures entières, restant éveillé jusqu'à ce que je m'assoupisse de nouveau. Grâce à lui, je dors tranquillement la nuit, même si je garde quelques traumatismes de ma vie passée, comme la haine pour les hommes. Jack m'a vraiment beaucoup aidé, je lui en suis que trop reconnaissante.
Elizabeth leva la tête et regarda Anamaria.
- Oui, il m'a beaucoup trop aidé... souffla la pirate en baissant les yeux. Peut-être pourrais-je lui rendre la pareille un jour ?...
- Moi aussi il me soutient en permanence, avoua Elizabeth d'une voix douce, et c'est l'un des meilleurs hommes que j'ai pu rencontré.
- Malgré son égoïsme ? se moqua la métisse, mesquine.
- Je regrette de lui avoir dit cela, j'ose espérer qu'il me pardonnera...

Anamaria éclata de rire devant la mine désespérée de la fiancée et tenta de lui expliquer, en reprenant son souffle:

- Mais enfin, c'est Jack Sparrow ! Le pirate le plus charmeur et le plus galant des océans ! Les femmes n'ont pas grand chose à craindre avec lui.
- Ha oui ? J'en conclut donc qu'il te plaît ?... fit Elizabeth, un sourire en coin.
Anamaria repartit de plus belle dans un fou rire, pourtant la fiancée la vit clairement rougir malgré son teint hâlé.

- J'ai déjà répondu à cette question, fit la pirate en essuyant une larme de joie au coin de son œil. Jack ne veut de personne et il a sûrement raison.

Elizabeth baissa les yeux, perdue dans ses réflexions. Elle pensa au capitaine du Black Pearl, sûrement seul sur cette île sauvage en ce moment même. Puis elle se demanda à quel point il cachait chacune de ses émotions pour sauver tout ceux qu'ils aimaient. Elle sourit en pensant que tous les proches du pirate ne devaient même pas savoir à quel point ils comptaient réellement pour Jack.

- Et lorsque je t'ai bousculé, tu avais passé la nuit avec lui ?... interrogea soudainement la noble.
- Oui, j'avais des choses à lui dire... répondit rapidement Anamaria, en regardant ailleurs.
- Tu t'es dégonflée ?
Elizabeth planta son regard dans celui de la pirate, attendant une réponse.

La métisse arqua un sourcil, agacée :
- Mais de quoi tu par-

Un matelot fit irruption dans la pièce, interrompant leur discussion.
- Le capitaine est revenu, mesdemoiselles, il m'a dit de te libérer de tes fonctions, Ana, retourne dans tes quartiers, annonça t'il d'une voix autoritaire.
- Si c'est Jack qui l'ordonne, fit Anamaria en s'inclinant moqueusement devant la noble. Ravie de vous avoir tenue compagnie durant un moment, très chère.
Elle sortit de la cabine, laissant seule Elizabeth avec un silence étourdissant.

Keep telling yourself darling ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant