Keep telling yourself darling ~

Chapitre 41 Kings and queen

Au coucher du soleil, Éris sortit de la pièce sous les rayons flamboyant de l'astre. Deux gigantesques gardes l'encadraient des deux côtés.
Une heure plus tôt des dizaines de servantes s'étaient afférer à la coiffer et à l'habiller, sans oublier de la maquiller.
« Ce parfum est répugnant » soupira silencieusement Éris en fronçant le nez. « Même quelqu'un de peu raffiné comprendrait que ce n'est pas une belle odeur... »

La jolie brune releva la tête, faisant teinter les créoles à ses oreilles et ses diverses parures. Elle jeta un regard désespéré au soleil qui disparaissait lentement derrière la ville.
Elle ne s'était même pas vu dans un miroir.
« Aucune importance » pensa t'elle. 
« Tant mieux si je peux jouer de mon apparence. »

Rapidement, son escorte arriva à une porte majestueuse. Un des gardes frappa trois coups discrets et chuchota quelques mots en Égyptien. La porte s'ouvrît devant le regard méfiant de la déesse. Les deux colosses la poussèrent sans ménagement dans la vaste pièce et rebroussèrent chemin, la laissant seule.

La jeune femme ne put que s'émerveiller de la finesse architecturale de la salle. Au bout de la pièce rectangulaire, un balcon donnait sur l'ensemble de la ville. La table était dressée, proche du sol. L'or semblait illuminer chaque objet, le soleil jouant de son déclin. Une voix là tira de ses pensées.
- Ça te plaît ?...

La déesse se retourna lentement, foudroyant du regard l'homme qui osait se tenir en face d'elle.
- Cretin, lacha t'elle pour toute réponse.
- J'en conclue donc que tu apprécie la vue, soupira Éros en s'approchant d'elle.

Il l'empoigna par la taille et la serra contre elle.
- Tu me boudes toujours ?... susurra t'il avec un sourire charmeur. Ça serait dommage...
- Éloigne toi de moi avant que je ne t'égorge, répliqua sèchement Éris.

Il avait changé. Ce n'était plus le garçon éperdu qu'elle avait rencontré il y a quelques semaines. Une aura quasi dangereuse se dégageait de lui.
- Tu t'es fait du souci pour moi ?... demanda t'il en resserrant son étreinte.

Totalement excédée, la jeune femme gifla violemment le dieu de l'amour.
Il encaissa le coup et eut un léger rictus.
- Tu n'as apparemment pas changé... dit-il en se relevant.
- Toi trop par contre, rétorqua Éris. Pourquoi Éros ? Pourquoi m'avoir emprisonné ici ?... Je n'ai rien à te donné, tu le sais.

Éros ne répondit pas, il se perdit dans la contemplation de la déesse pendant de longues minutes.
Légèrement gênée par ce regard appuyé, la jeune femme tenta dans savoir plus sur les conditions soudaines de cette emprisonnement.
- E-eros ? appela t'elle en caressant doucement sa joue. Ça va ?...
Il saisit sa main et la garda contre sa peau, déstabilisant la jolie brune.

« Mon dieu mais que fait-il ? paniqua t'elle. I-il est tombé sur la tête ?? »

Le temps d'un battement de cil, le visage enjôleur de Jack apparut à la place de celui du jeune dieu. Le cœur d'Eris loupa un battement avant de s'emballer jusqu'à s'envoler.
« Qu'est ce que-... » paniqua la jeune femme en rougissant sans le vouloir.
Elle secoua vivement la tête sous le regard amusé d'Eros.
- J'ignorai que je te faisais autant d'effet, fit ce dernier avec un sourire charmeur, tu as enfin compris que ton pirate ne valait rien ?

La déesse préféra ignorer les railleries, se retenant avec mépris de répliquer par une phrase singlante qu'elle regretterait plus tard.
- Idiot, se contenta t'elle de répondre, en quoi cela pourrait-il te concerner ?

Un sourire diabolique étira les lèvres du jeune homme.
-Justement, susurra t'il en s'approchant une nouvelle fois de la jeune femme, ça ne me concerne que trop bien...
- Que-

Des pas se firent entendre et une volée de gardes se déployèrent en quelques secondes.
Ramses et Kamaäte apparurent finalement, suivit de près par une escorte attentive. Ils étaient habillés de dorures et ressemblaient aux dieux égyptiens les plus choyés par le peuple. Chose quasi normale pour Kamaäte qui était réellement une divinité, mais quand était-il de Ramses ?
« Il est pharaon certe, mais... quelque chose m'échappe... » pensa Éris en fronçant les sourcils.

Éros s'approcha d'eux en souriant et s'inclina respectueusement.
« C'est le dieu de l'amour... remarqua Éris. Pourquoi s'agenouille t'il ? Son prestige est bien plus haut que le leur... »

Un geste de Kamaäte suffit à faire relever le jeune homme. Ramses prononça alors un ordre et les gardes se retirèrent en silence.

Après quelques minutes où la tension était palpable, Ramses plongea alors son regard dans celui de la déesse.
- Heureux de vous revoir dans cette tenue... dit il en lui faisant un baisemain.
- Ce n'est malheureusement pas réciproque pour aucun de vous trois, marmonna Éris en serrant les dents.

Ils éclatèrent tous d'un rire franc sous les regards austères de la jeune femme.
- Taisez-vous, ordonna t'elle soudainement.
A son grand étonnement, aucun des trois hommes ne répliqua et ils se turent progressivement.
Éris prit place à la table et attendit que ses geôliers en fasse de même.
- Messieurs, commença la jolie brune avec un sourire enjôleur, j'aimerai d'abord que vous m'expliquiez la raison de ma présence, quelque peu forcée, dans ce charmant pays, qu'en dites vous ?...

Ramses et Éros lui jetèrent un coup d'œil amusé, elle faisait décidément beaucoup d'efforts pour maîtriser sa fureur...

⚔️⚔️⚔️

Jack regardait la mer prendre des teintes dorées au vue du prochain coucher du soleil. C'était le dernier jours des marins, demain, il n'y aura plus d'eau.
« Si nous ne trouvons pas un moyen de revenir maintenant, pensa tristement Jack, nous ne reverrons certainement pas le prochain coucher du soleil. »

Il soupira. A quoi bon diriger un navire lorsque ce dernier flottait entre deux mondes ?
« Si seulement Éris était là...regretta le pirate. M'aurait-elle abandonné ?... »
Il caressa le petit dragon sur la bague qu'elle lui avait offerte des semaines auparavant.
« Pas certain que tu puisses me marier si je péris entre les deux mondes ma belle, » railla t'il silencieusement.

Il descendit du pont supérieur, un air indéchiffrable collé sur le visage.
Il s'approcha de nouveau de la carte et lit à voix haute :
-« Le haut est en bas »...

Après quelques secondes, il soupira:
- Ça n'a aucun sens...

C'était pourtant le seul indice de graver sur les fibres du papier.