Keep telling yourself darling ~

Chapitre 65

La confrérie s'était tu. L'imminence de la mort rendait les pirates extrêmement pensifs.
Aucun n'osait dire quoi que ce soit.
Mais Elizabeth, poussée par l'adrénaline, s'avança et s'exclama,  en réponse à la vieille femme asiatique :
- Alors il faut se battre !...

On brisa finalement le silence :

- Mais de part le code, un acte de guerre, ce qui me semble être le cas, peut être uniquement declaré par le roi des pirates, intervint Barbossa.
- Pure invention de ta part, répliqua vivement Jack
- Invention ? s'offusqua le vieux capitaine. J'en appelle au capitaine Teague, gardien du code !

Soudainement, un pirate de l'assemblée se leva, proclamant que le code était inutile. Il reçut alors une balle dans le crâne.
Un homme, caché dans l'hombre s'avança doucement et en soufflant sur son pistolet encore fumant annonça :
- Le code, c'est la loi.

Il descendit une à une les marches de bois, le silence régnait en maître sur l'assemblée.
Lorsqu'il arriva au niveau de la table, il marmonna à Jack, qui lui tournait le dos:
- T'es sur mon chemin, petit.

Ce denier, qui avait quelque peu perdu son assurance, se décala, sans même jeter un coup d'œil derrière lui.

Le gardien du code fit un signe et on déposa un énorme livre sur la table. Le capitaine teague tourna les pages rongées par le temps, pour finalement confirmer les dires de Barbossa: seul le roi pouvait déclarer un acte de guerre.

- Il n'y a pas eu de roi depuis le premier jour, et il serait étonnant que cela change, rappela le seigneur pirate français.

- Très étonnant en effet, appuya Teague.

- Pourquoi ? demanda alors Elizabeth, se sentant concernée par la décision que l'assemblée prendrait.

Gims lui répondit :
- Le roi des pirates doit être élue par un vote populaire-
- Et chaque pirate vote pour lui même bien sûr, coupa Barbossa, un sourire en coin.

C'est ce moment que Jack choisit pour relever la tête du vieux livre en souriant :
- Je demande un vote, pria t'il.

L'assemblée protesta, mais tous étaient bien contraint d'y procéder.
Tour à tour, chacun vota pour lui même, énonçant son nom avec lassitude.
Elizabeth fit de même, légèrement dépassée par les événements qui s'enchaînaient si rapidement.

Tous s'arrêtèrent sur Jack, dernier à ne pas avoir prononcer son vote.
- Elizabeth Swann, lâcha t'il avec un sourire.

Toute l'assemblée fut surprise, y comprit le capitaine Teague, pourtant resté en retrait depuis le début du vote.
Ce dernier releva la tête et arqua un sourcil.
Des protestations commencèrent à s'élever dans l'assemblée, mais il eut suffit d'un seul coup de feu pour les faire cesser très rapidement.

C'est dans un silence pesant qu'on accepta finalement le nouveau roi qui s'offrait aux pirates : Elizabeth Swann.

La jeune femme esquissa un sourire discret, masquant avec brio la vague de panique qui montait en elle.

Elle se reprit rapidement et ordonna :
- Préparez tous vos vaisseaux, à l'aube, nous partons.

Petit à petit, la foule s'anima, comme si elle réalisait enfin qu'elle devait allégeance à ce nouveau roi, qui n'était autre qu'une noble menteuse.

La pièce se vida petit à petit et Jack s'avança lui aussi vers la sortie lorsqu'on tira sur son manteau en cuir noir.
Il se retourna en arquant un sourcil devant son interlocutrice.

Elizabeth le regardait avec des yeux brillants, partagée entre le sentiment de colère mais aussi d'admiration qu'elle portait à cet homme.

- C'est trop tard pour retourner en arrière ma jolie, se contenta de dire ce dernier en lui tournant le dos. Ne perdons pas de temps avec des discussions sur un fait passé qui ne feraient que nous ralentir et jouer avec nos nerfs.

Il ajouta en mimant une révérence :
- Le devoir m'appelle, votre majesté, j'espère que vous ne verrez aucun inconvénient à ce que je m'éclipse de votre humble compagnie ?...

Sur ces mots, il sortit avec son éternelle démarche sans un regard pour la désespérée demoiselle. Elle n'avait même pas eu le temps de protester.

Elle le suivit des yeux en essayant de contenir la nervosité qui la submergeait. Il avait certainement raison mais cela n'enlevait pas le fait que désormais toute une communauté comptait sur elle.

Avec toute cette agitation, elle avait totalement oublié de délivrer le message qu'avait pu lui confier Éris à Jack. Elizabeth fouilla fébrilement ses habits, jeta des coups d'œil affolés dans la salle mais rien à faire, il n'y avait nul trace de ce pauvre bout de papier.

La jeune femme, au bord de la crise de nerf, entendit à nouveau la voix de la déesse résonner dans sa tête :
- Sans aucune importance... Contente toi de survivre.

Elizabeth ne savait plus ou donner de la tête. A deux doigts du malaise, elle s'assit rapidement sur une chaise en se tenant fébrilement la tête entre les deux mains.
Mais que voulait donc cette déesse ? La rendre folle ?

« Je ne suis pas son pigeon voyageur » s'énerva la jeune noble. « Qu'elle aille elle même parler à Jack. »

Sur ces dernières pensées, le roi des pirates se leva et sortit lui aussi préparer l'assaut futur.

⚔️⚔️⚔️

Jack avançait lentement jusqu'à son bien aimé Black Pearl.
Il était plongé dans ses pensées, calculant déjà toutes les possibilités pour la bataille qui approchait.

- Tu ne culpabilises même pas un peu ?... lui demanda Éris en marchant soudainement à ses côtés. Tu laisses cette pauvre fille avec un poids conséquent sur les épaules.

Le séduisant capitaine jeta un coup d'œil sur la déesse qui venait d'apparaître à sa droite. Il n'eut pas la force de la repousser.

- En effet, lâcha t'il, mais c'est elle qui s'est glissée à cette réunion. Rien de tout ceci ne serait arrivé si elle m'avait bien sagement attendue sur le Pearl.

Éris ne put se retenir de pouffer discrètement.
Chose qui n'échappa malheureusement pas à Jack.

- À moins que quelqu'un l'y ait conduite ?... laissa t'il tomber en foudroyant la déesse du regard.

Cette dernière avait cessé de rire et avait plongé ses yeux dorés dans ceux du pirate.
- Et alors ? répliqua t'elle, vicieuse. C'est trop tard pour retourner en arrière. Après tout, à quoi bon perdre son temps en ayant des discussions sur un fait passé inéchangeable ? Ça ne ferait que jouer avec nos nerfs, n'est-ce pas ? se moqua t'elle.

Jack ne répondit rien, il accéléra le pas, se maudissant d'avoir laissé cette déesse lui adresser la parole.

«  Elizabeth est en danger de mort » ne put-il que constater tristement. «  comme nous tous je suppose... »

Pour la première fois depuis un long moment, Jack n'avait aucun plan de secours. Rien.

« S'il n'y avait pas eu cette stupide déesse, j'aurais peut-être pu croire en Dieu et me mettre à prier » ironisa t'il sans grand plaisir.

- Essaie de survivre, susurra la belle brune avec un sourire avant de disparaître dans son habituel nuage de pétales.