La nuit laissait place au jour dans les rues encore silencieuses de la capitale espagnole. Le soleil pointait à peine à l'horizon, arrosant le monde terrestre de ses rayons chauds. Les étoiles disparaissaient en silence comme mille danseuses étoiles qui saluaient la foule avant de disparaître derrière les rideaux rouges des coulisses après avoir livré la plus belle des prestations possibles. Laura dormait dans son lit, n'ayant réussi à trouver le sommait qu'après avoir reçu une dose de morphine contre la douleur. La première ayant perdu son effet après plusieurs heures. Raquel dormait dans les bras de Sergio dans l'autre pièce. Le lit où ils se trouvaient n'était que pour une personne si bien qu'ils durent dormir nichés l'un contre l'autre ce qui bien entendu ne les avaient nullement dérangé. En vérité, l'un comme l'autre n'avait jamais aussi bien dormi que cette nuit-là, se sentant parfaitement en sécurité et en symbiose avec l'autre. C'était comme si leurs corps semblaient avoir été conçu pour s'emboîter à la perfection. Le doux parfum de Raquel avait bercé les rêves de Sergio durant toute la nuit, sa chaleur corporelle rassurant la femme qui dormait dans ses bras. Tout était calme dans la planque du Professeur. Au bout de plusieurs minutes, Raquel papillonna des yeux, les frottant délicatement en baillant. Son corps encore engourdi de sommeil ne lui répondait pas tout à fait totalement. Elle sourit en sentant les bras qui l'entourait toujours avec douceur, l'empêchant de tomber d'une quelconque manière du lit étroit. Elle décida de se retourner, son dos étant contre la poitrine d'un Sergio encore endormi. Raquel se retourna délicatement, replaçant la couette sur eux deux puis enfouit son visage dans le cou de Sergio avec un sourire d'apaisement sur ses lèvres. Elle se sentait bien ici, en sécurité. C'était si agréable. Son cerveau s'éveillant peu à peu reprenait son activité d'hier qui s'était interrompu. Les yeux fermés, le corps engourdi par le sommeil, Raquel réfléchissait, laissant libre court à ses pensées incessantes. Son esprit divagua vers Paula, repassant le fil de tout ce qui s'était passé ces derniers jours en un dixième de seconde. Alberto avait-il véritablement cherché à enlever Paula ? Cela lui semblait improbable au début, beaucoup trop risqué, mais plus elle y pensait et plus cette idée farfelue prenait de l'importance. Elle se souvenait de ce jour, il y a un peu plus d'un an maintenant, où pour l'anniversaire de Paula, il était venu la chercher alors qu'il n'en avait pas le droit. Mille pensées, nullement les plus optimistes, lui étaient passées par la tête ce jour-là. Et si il lui faisait du mal ? Et si il la prenait et disparaissait avec elle ? Et si il cherchait à faire valoir la parole biaisée de Paula qui ne comprenait pas encore totalement tout ce que ce monstre avait pu faire à sa mère ? Raquel s'était sentie si soulagée en entendant leurs voix lui parvenir de la cuisine. Cependant, l'écho de celle de son ex-mari avait réveillé en elle cette peur enfouie de lui. L'angoisse lui enserrait le ventre quand, sa mère derrière elle, elle était entrée dans la cuisine. En le voyant agir comme ça avec sa fille, elle aurait presque pu croire que ses souvenirs étaient faux, qu'il n'avait jamais été violent avec elle, qu'il était toujours cet homme gentil qu'elle avait rencontré il y a huit ans... Presque. Seulement quand son regard se leva pour croiser le sien, le flashback de la dernière fois où il l'avait frappé lui revint en mémoire. Il avait menacé de la tuer ce soir-là...
*Flashback*
Assise sur un des tabourets de la cuisine, Raquel regardait son téléphone. Alberto n'était pas encore rentré et à vrai dire, cela l'arrangeait. Il était devenu froid et manipulateur depuis maintenant presque six ans mais cela faisait bien un an qu'il était devenu plus violent. Il ne se contentait plus de la rabaisser sans arrêt, de lui répéter que personne d'autre que lui ne voudrait d'elle, qu'il était le seul qui pouvait la supporter... Pourtant, malgré tout ce qu'elle vivait, Raquel ne pouvait pas se résoudre à partir. Déjà parce qu'ils avaient Paula et qu'elle ne voulait pas la séparer de son père à cause d'elle, ça allait s'arranger de toute façon elle faisait tout pour depuis presque deux mois. Ensuite parce qu'ils avaient un compte bancaire joint auquel lui seul avait accès. Alberto lui prenait ses cartes de crédit, l'argent liquide qu'elle pouvait avoir et son chéquier pour l'empêcher de pouvoir s'enfuir sur un coup de tête. Venait ensuite les menaces... « Tu m'appartiens ! », « Si tu te barres je te retrouverai et je te tuerai ! », « Je te prendrai tout tu ne reverras plus jamais Paula ! », « Si tu crois que je vais me laisser faire par une ingrate comme toi ! Nan mais regardes toi ! Qui d'autre que moi voudrait de toi hein ? Personne ! Je suis le seul ! Le seul homme que tu pourras avoir dans ta vie ! L'unique ! Les autres sont dégoutés de toi ! »... tant et tant d'insultes qui avaient brisé son esprit pourtant si fort à la longue. Elle ne laissait rien paraître de ce qu'elle vivait, espérant secrètement qu'il finisse par se calmer car après tout, il redevenait l'homme formidable qu'elle avait rencontré par moment. Elle les chérissait tant d'ailleurs, pensant toujours que ça y est, il ne serait plus brutal envers elle mais à chaque fois... À chaque fois il devenait plus méchant, plus violent qu'avant. Raquel s'accrochait à ses souvenirs heureux pour ne pas sombrer... Elle ne voulait pas partir... Elle devait l'aider, elle pouvait l'aider ! Si elle y consacrait du temps, elle pourrait l'aider à changer elle en était persuadée. Raquel sursauta quand elle entendit la porte se claquer. Elle éteignit le téléphone, sachant parfaitement qu'elle n'était pas censée y aller sans qu'il ne soit là pour « rembarrer les hommes qui l'approchaient ». Elle sauta au pied du tabouret, posant le cellulaire sur la partie glacée du carrelage du plan de travail pour que celui-ci refroidisse le plus rapidement possible le téléphone.
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M'aimeras-tu encore ?
FanfictionPrologue/Résumé: (ce résumé contient du spoil sur la saison une et deux) Le 21 octobre 2016, un groupe de braqueurs dirigé par celui que l'on appelle le Professeur prennent en otages les 67 personnes présentes dans la Fabrique de la Monnaie et du T...