————— Hanoï, 6h45, chambre d'hôtel de Raquel.
Dehors, le soleil se levait lentement, baignant de ses rayons la ville animée en contrebas. La lumière passa entre les rideaux rougeâtres, éclairant doucement la chambre encore sombre. Avançant lentement, combattant l'obscurité, jusqu'à parvenir à un lit. Là, dormant encore paisiblement, une femme était étendue, une main sur son ventre, l'autre sous sa tête. Son visage était lisse, dépourvue de tout sentiment. Elle semblait juste en paix. Elle se retourna sous les draps, faisant à présent face à la fenêtre dont les rideaux peinaient à bloquer les rayons lumineux du soleil levant. Ce dernier passait entre les immeubles avec une facilite déconcertante.
Le visage de la jeune femme rencontra les rayons, faisant frémir les paupières de la belle endormie. Elle gémit, émergeant lentement de son sommeil cotonneux.
Raquel ouvrit un œil, le refermant aussitôt quand elle s'en trouva éblouie.
- « Éteignez ce putain de soleil... » râla Raquel en se retournant, cachant sa tête sous les oreillers.
Bien évidement, personne n'obéit à sa demande. Le soleil brillait toujours autant, même plus fort.
Impossible de se rendormir.
Raquel soupira avant de se lever. Autant s'occuper utilement si le sommeil ne voulait plus venir la prendre. Elle prit une carte d'Hanoï et son téléphone prépayé. Elle devait trouver ce café, « Dolor del amor ». Raquel la déplia sur son lit, prenant soin de replacer correctement les draps au préalable sur le matelas. Elle chercha en premier l'hôtel dans lequel elle était en partant de l'aéroport.
Après près de dix minutes à parcourir les rues inconnues, Raquel finit par trouver l'endroit où elle séjournait avec sa mère et sa fille. Elle l'entoura avec le stylo de l'hôtel avant de partir à la recherche du café dont Sergio lui avait parlé dans sa lettre.
Plus elle cherchait et plus Raquel se perdait, non pas dans la grandeur de la capitale thaïlandaise, mais dans ses souvenirs. Elle repensait à de multiples choses. Toutes en rapport avec l'homme qui détenait son cœur dans ses mains de voleur. Cela serait très niais de le dire mais il est vrai que le plus grand délit que son Sergio est fait était d'avoir volé son cœur.
Raquel secoua la tête. Définitivement trop niais. Elle sourit d'amusement. Voilà qu'est se trouvait comme une adolescente amoureuse pour la première fois... Ça promettait pour la suite...
Raquel repensait à leur première rencontre. Ce jour-là, jamais elle n'aurait pu savoir ce qui allait arriver, qui il était et deviendrait pour elle. Elle ignorait les raisons qui avait poussé cet inconnu à l'aider. Maintenant, oui, elle savait. Mais à ce moment-là, absolument pas. C'était ce qui lui avait plu en premier ce jour-là : sa générosité. Un homme l'aidait sans rien vouloir en retour. C'était une première pour elle et sortant d'une relation abusive, cela lui avait fait du bien que pour une fois, quelqu'un du sexe opposé de cherche pas à la mettre dans son lit en l'aidant. Évidement, ils avaient fini par unir leurs corps ensemble et pas qu'une nuit mais ça n'avait pas été la première chose qu'il avait souhaité. En y repensant, Raquel se dit que sa première impression était un peu biaisé. En soi, Sergio l'avait aidé dans un but. Ce n'était pas désintéressé comme elle l'avait pensé. Cependant, même si ce n'était pas désintéressé, ce n'était pas pour le même but que les autres. Ça faisait une différence. Une différence vraiment bizarre, traître oserait-elle dire, mais une différence réelle quand même. Ce n'était pas perversité mais par nécessité.
Elle se souvenait de ce jour où elle avait su qu'il était différent des autres hommes, qu'il lui plaisait. Elle avait eu peur en sentant ce sentiment en elle pour quelqu'un d'autre. Elle avait eu peur que, comme son ex-mari, elle finisse par souffrir de sa main ou de ses mots. Elle avait craint que ses maigres défenses ne puissent tenir face à ses sentiments nouveaux et face à cet homme si il venait à entrer dans sa vie aussi. Elle avait craint d'avoir peur à nouveau chaque jour, chaque heure, chaque minute de sa vie parce que ce qu'elle faisait pouvait déplaire à celui qui détenait son cœur. Elle avait craint qu'il n'utilise sa fille contre elle pour la faire rester avec lui. Oui Raquel avait craint tout cela. Mais bien vite, il l'avait rassuré. Par son comportement, ses mots, ses gestes, sa façon d'être, ses sourires, ses yeux, lui tout entier. Raquel avait senti ses craintes de taire, une voix lui criant de lui faire confiance, qu'il n'était pas comme les autres, que lui et lui seul saurait prendre soin de son cœur. Elle l'avait écouté cette voix. Et elle avait eu mal oui. Parce qu'il lui avait menti. Il l'avait utilisé. Mais encore une fois, cette douleur qu'il lui avait infligé lui avait semblé différente de toutes celles qu'on lui avait donné avant. Parce que encore une fois, là où les autres m'avaient fait par égoïsme, par plaisir ou pour la maintenir sous leur joug, lui n'avait pas eu le choix. Parce qu'il n'avait pas que lui dans l'équation, il avait mis ses intérêts de côté pour les autres, même si ça avait signifié prendre le risque de la perdre à jamais. Sergio était loyal. Elle avait souffert à cause de lui, mais cette souffrance l'avait conduit à devenir la personne la plus importante de sa vie aujourd'hui.
Raquel se rappela également de ce jour fatidique où elle avait cru mourir de douleur. Ce jour affreux où elle avait cru son cœur mort par trahison d'amour, de la part de celui qu'elle aimait plus qu'elle-même. Elle se souvenait avoir cru un instant que c'était un cauchemar quand elle avait compris. Elle avait espéré qu'elle se trompait. Mais le regard qu'il avait arboré quand elle l'avait confronté lui avait prouvé que ses derniers doutes étaient vains. Oui il s'était servi d'elle comme tous les autres et, à ce moment-là, c'était tout ce qui lui importait. Comme tous, il lui avait fait croire à quelque chose de beau avant de le lui arracher brusquement. Comme tous, il lui avait fait croire qu'il l'aimait mais ne s'était en réalité que servi d'elle. Comme tous, il lui brisait le cœur. Cependant, cette fois-ci, elle y avait vraiment cru. Elle avait vraiment cru que ce Salva était l'homme de sa vie. Elle l'aimait tellement. Elle avait été prête à tout lui donner. Même à partir à l'autre bout du monde avec lui et tout laisser derrière elle, sa carrière, sa vie, ses amis, sa famille, tout. Et lui, lui s'était servi d'elle pour obtenir des informations, pour voler la Fabrique Nationale de la Monnaie et du Timbre, pour pouvoir imprimer son propre argent et toute impunité. Il s'était servi d'elle. Toutes ses belles paroles n'étaient que du vent. Il ne l'aimait pas. Et pourtant, pourtant elle avait quand même eu en fond d'elle un infime espoir que tout était faux, que l'homme qu'elle aimait existait réellement, que Salva cet homme aimant vivait derrière le calculateur Professeur et Sergio Marquina. Et en l'écoutant, en l'interrogeant, elle s'était rendue compte alors que, certes Salva n'existait pas, mais l'homme qu'elle aimait lui, existait. Pas sous le nom de Salva Martin mais sous celui de Sergio Marquina alias le Professeur. Il lui avait dit qu'il n'était pas censé s'approcher d'elle autant, que le rôle de Salva devait être juste un ami et rien d'autre de sorte qu'elle ne souffre pas trop de sa trahison et qu'elle ne soit pas la risée de toute l'Espagne et de toute la police du monde réunie. Mais pourtant, il n'avait pu résister. Avec elle, Salva n'avait pas vécu plus de quelques heures. Bien vite, Sergio était revenu et, même si il utilisait toujours ce faux nom, c'était Sergio qui l'aimait derrière le masque. Lui qui l'embrassait, la rassurait, l'aimait, lui faisait l'amour, prenait soin de sa fille et de sa mère comme si elles étaient les siennes. C'était bien Sergio celui qu'elle avait toujours connu. Alors, malgré la douleur et le mensonge, malgré tout ce qu'il lui avait fait, encore une fois, elle avait pardonné. La douleur qu'il lui avait infligé était certes des plus horribles à vivre mais ce n'était pas plaisir ou pour garder un quelconque pouvoir. Non, c'était encore une fois par nécessité. Parce qu'il n'avait pas le choix. Et aussi, dans une certaine forme, c'était par amour. Raquel avait conscience que, pour elle, il avait fait certaines choses. Elle ne savait pas quoi, mais elle était certaines, même si elle ignorait encore quoi ou qui, que Sergio avait empêché certains drames de se produire. Drames que lui aurait pu commettre ou un autre de son équipe. Elle le sentait juste. Peut-être qu'un jour, il lui en parlerait.
Assise sur son lit, pendant et se remémorant encore et encore des souvenirs douloureux mais empreint d'amour, Raquel regardait sans voir le papier sur lequel lignes et pictogrammes s'entrecroisaient à travers des couleurs qui se superposaient, se suivaient ou se complétaient, se mélangeaient les unes aux autres. Enfin, après ce qui lui semblait être une éternité à rester figée dans le temps des souvenirs passés, Raquel trouva enfin ce qu'elle cherchait.
Après près de deux heures passées à scanner sans vraiment voir le morceau de papier sous ses yeux selon l'heure que lui donnait son téléphone prépayé, Raquel avait trouvé le café « Dolor del amor ». Avec le stylo de l'hôtel, elle entoura leur future destination.
En y pensant, Raquel se demanda si le café choisi avait un rapport avec leur histoire d'amour. Romantique comme Sergio pouvait l'être parfois, Raquel n'avait aucun doute là-dessus.
Oui l'amour faisait mal parfois. Mais en regardant le résultat et ce qu'elle avait aujourd'hui, Raquel se dit que ça en valait bien le coup.
Après tout, l'amour n'est-il pas le plus grand des bonheurs flamboyant de joie mais aussi le plus grand des malheureux serti de douleur ?
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¡Hola mis ángeles!
Comment allez-vous ?
Moi ça va !Désolée de poster aussi tard mais j'ai manqué d'inspiration toute la semaine et je n'ai réussi que maintenant à terminer ce chapitre...
J'espère qu'il vous plaira tout de même !
Prenez soin de vous !
Je vous aime très fort ❤️❤️❤️
Soyez heureux ❤️🫂¡Besos a todos! 💜
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M'aimeras-tu encore ?
FanfictionPrologue/Résumé: (ce résumé contient du spoil sur la saison une et deux) Le 21 octobre 2016, un groupe de braqueurs dirigé par celui que l'on appelle le Professeur prennent en otages les 67 personnes présentes dans la Fabrique de la Monnaie et du T...