Chapitre 32 : Un complément d'informations ?

296 17 50
                                    

Sergio se trouvait dans la salle où il passait tout son temps quand il était là, celle éclairée par la lumière blafarde des écrans d'ordinateurs. Il surveillait Madrid, restant attentif en même temps à ce qu'il pouvait possiblement se dire dans la pièce d'à côté entre Raquel et sa soeur. Le médecin s'ennuyait ferme. Il fixait le plafond avec indifférence, soupirant d'exaspération. La porte s'ouvrit soudainement sur Raquel.

- « Enfin ! » s'exclama le médecin en se dirigeant vers la porte, bousculant Raquel au passage.

Celle-ci se retourna, le fixant les sourcils froncés.

- « Quoi ? Je suis médecin et vous m'empêchez de faire mon boulot ! » rétorqua-t-il en claquant la porte.

Raquel préféra ne pas répondre, consciente qu'elle aurait pu le terminer en une réplique. Elle était à fleur de peau en ce moment à cause du manque de sommeil et de tout ce qui venait de lui arriver, chamboulant sa vie avec force, et elle en avait parfaitement conscience. Néanmoins, elle faisait tout pour se contrôler. Sergio, qui avait relevé la tête aussitôt que la porte avait bougé d'un micromètre la regardait. Les yeux de Raquel rencontrèrent ceux de Sergio et instantanément, elle se calma, se sentant mieux, plus sereine maintenant qu'elle avait conscience de sa présence près d'elle. Elle s'approcha en silence de lui, lui adressant un regard qu'elle espérait clair. Sergio l'analysa quelques secondes puis, sentant qu'elle avait besoin de se trouver dans ses bras, il les ouvrit timidement, ayant peur de s'être trompé sur sa déduction. Raquel sourit, rassurée qu'il ait compris sans parole ni demande de sa part ce qu'elle souhaitait. Elle se blottit dans ses bras, se sentant en sécurité totale contre lui quand les bras de ce dernier vinrent trouver sa taille fine, la serrant plus fort contre lui. Un sourire satisfait apparut sur leurs lèvres respectives dans une synchronisation quasi parfaite. Ces lèvres jumelles séparées par la vie se retrouvèrent dans un baiser des plus doux. Ils se séparèrent quelques secondes, se dévorant des yeux avec un désir non dissimulé, leurs regards perdus l'un dans l'autre d'une telle sorte qu'on aurait pu dire qu'ils avaient purement et simplement fusionné ensemble. Finalement, Raquel brisa un court instant le contact visuel pour se rapprocher de l'oreille de Sergio.

- « Elle ne dira rien. » murmura-t-elle.

Sergio soupira de soulagement avant de se taire sans ne plus pouvoir rien dire quand ses yeux trouvèrent une nouvelle fois ceux de Raquel. Elle avait toujours eu cet effet étrange sur lui, un effet qu'il ne parvenait ni à saisir, ni à expliquer et encore moins à comprendre. C'était...magique. Oui c'était cela, magique, presque irrationnel. Le monde aurait pu s'effondrer autour d'eux qu'ils n'auraient surement rien remarquer, trop occupés à sonder l'âme de l'autre. C'est comme si un voile de brume venait de les envoler tous les deux, les coupant totalement de la réalité pour les isoler dans la bulle dorée de leur amour inconditionnel. Raquel ouvrit la bouche, voulant essayer de dire quelque chose.

- « Tu... » murmura-t-elle sans parvenir à continuer.

- « Oui...? » demanda Sergio sur le même ton.

Elle ne répondit pas tout de suite.

- « Tu pourrais me faire visiter la ville sous un autre jour...? » parvint-elle finalement à dire.

Sergio sourit, comprenant sa requête.

- « Avec plaisir. »

Il lui prit la main, leur contact visuel à présent rompu remplacé par celui de leurs mains liées. Il s'assit sur l'unique chaise de la pièce, invitant d'un geste Raquel à prendre place sur ses genoux, chose qu'elle fit aussitôt. Sergio pianota rapidement sur le clavier de l'ordinateur, sa tête étant si proche de celle de Raquel que ses cheveux parfumés venaient lui caresser le bout de nez. Le parfum enivrant de cette dernière l'encerclait de toute part et Sergio savait qu'il ne pourrait plus jamais sans passer. Elle était devenue le centre même de son monde avec une rapidité telle qu'il ne s'était pas réellement rendu compte à quel point. Le dos de Raquel vint se poser sur son torse, celle-ci posa sa tête contre celle de Sergio avec un plaisir non dissimulé. Elle profitait de chaque instant à ses côtés, sachant pertinemment au fond d'elle que cette idylle prendrait fin tôt ou tard dans ce pays où l'élu de son coeur était recherché. Elle savait que probablement, la police avait dû commencer à le chercher partout et bien qu'il soit extrêmement prudent, passant aussi souvent que possible dans les angles morts des caméras de surveillance ne lui appartenant pas, passant par les ruelles non surveillées ou bien cachant son visage d'un air naturel, il y avait un endroit où il ne pouvait pas en faire tout autant : l'hôpital. La seule fissure qui pouvait permettre son arrestation dans la seconde si on le reconnaissait là-bas. On saurait alors à quoi il ressemblait, comment il était, où il était et surtout, surtout, avec qui il était. Et ça, cette possibilité là, l'effrayait plus que tout. Il ne voulait pas que Raquel est des ennuis à cause de lui. Il savait qu'elle ne dirait jamais rien, elle le lui avait prouvé la dernière fois. Néanmoins, il était conscient que si on la menaçait de perdre sa fille, devoir choisir entre eux deux relèverait d'un choix impossible. Dans les deux cas, Raquel serait détruite. Si elle perdait sa fille, elle retrouverait Sergio mais la probabilité qu'on la laisse partir libre si elle ne disait rien était quasi nulle et elle se détesterait pour toujours d'avoir laisser Alberto récupérer sa fille en sachant tout ce qu'il lui avait fait et si elle perdait Sergio, elle s'en voudrait toute sa vie, le coeur détruit, en miettes d'avoir causé la perte du seul être qu'il la comprenait, l'aimait, la protégeait plus que quiconque. Et puis, si elle le dénonce, l'aimera-t-il encore ? Si elle ne dit rien, l'aimera-t-elle encore ? Ces questions restaient sans réponse pour l'un comme pour l'autre. Alors, pour calmer leurs angoisses respectives naissantes, ils se focalisèrent sur le moment présent comme ils le faisaient à chaque fois, profitant de la proximité de l'autre, sentant sa chaleur corporelle se mélanger à celle qu'il leur était propre.

M'aimeras-tu encore ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant