Chapitre 58 : Voyage en une terre brûlée.

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————— Port inconnu, quelque part sur le globe, 14h17.

La chaleur était étouffante. Le soleil semblait essayer de frapper de ses rayons mortels quiconque aurait le malheur de sortir en cet après-midi de chaleur accablante. Pas un souffle d'air ne venait pour remuer l'air lourd d'Afrique du Sud-Ouest.

Sergio était sur le pont du navire, bagages en mains, marchant sous le soleil de plomb. Il savait où il se trouvait, en Namibie. Les mers étaient sûres, mais trop longues à parcourir. Il devait arriver avant Raquel pour éviter tout incident. Ainsi, aujourd'hui, un petit avion clandestin l'attendait sagement dans un champ brulé pour l'emmener en Asie. Bien évidement, quelques pauses carburant seront nécessaires pour y arriver mais bientôt, il serait à bon port.

Son transporteur le dépassa, lui faisant signe de le suivre d'un geste rapide de la main. Aussitôt qu'il avait mis pied à terre, le navire s'éloigna du bord du quai détruit de ce port clandestin comme quelques autres en Afrique. Sergio savait qu'il allait poursuivre son chemin vers d'autres ports pour brouiller les pistes.

Il posa pied sur le sable chaud qui recouvrait par endroit le béton sale et bosselé du quai du port. La nature reprenait ici ses droits, emportant avec elle la laideur des couleurs de l'homme industriel.

Une jeep les attendait avec un chauffeur. Sergio déposa son unique bagage à l'arrière, près de lui, laissant le transporteur à l'avant régler les derniers détails. La jeep démarra rapidement en direction du champ qui se trouvait à 13 kilomètres d'ici. Ils empruntèrent les chemins de terre, si nombreux dans la nature sauvage de la Namibie.

C'était un pays assez stable contrairement aux autres autour, indépendant depuis 1990, la Namibie avait investi dans l'éducation et les infrastructures, amenant nombre de touristes à venir ici pour se dépayser. De nombreuses associations existaient ici, proposant aux étrangers de venir découvrir le travail qu'il faisait pour protéger la faune et la flore des braconniers, des incendies et de tant d'autres menaces. La nature était luxuriante quand on la cherchait mais ici, ils passaient par le désert du Namib. Ce dernier prenait presque l'ensemble du littoral sur plusieurs kilomètres. Le sable était à perte de vue, brouillant par la chaleur accablante l'horizon dans un flou dansant. Le sable était rougeoyant par endroit, comme un feu solide qui virevoltait avec les airs. Les arbres étaient rares et pour la plupart, brûlés par le manque d'eau. Quelques petites touffes d'herbes jaunies survivaient contre vents et marées. Le moteur faisait fuir les animaux mais au loin, entre les dunes, Sergio parvenait à discerner un petit troupeau d'oryx. Il s'agissait d'animaux portant deux longues  cornes minces, droites et très pointues, reconnaissables aux tâches blanches et noires qui faisaient la beauté de leur tête. Le reste de leur pelage était d'un gris sableux leur permettant de se fondre à merveille avec leur environnement. Elles pouvaient courir à un maximum de 60 kilomètre par heure.

La jeep passa dans un trou, arrachant Sergio à ses souvenirs d'enfant, quand il lisait à l'hôpital des livres sur les animaux. Le paysage changeait à nouveau. Entre les dunes cette fois-ci, un endroit plus droit où se trouvait quelques arbres encore en vie entourés par des herbes sèches mais néanmoins présentes.

Le paysage semblait changer à chaque coup d'œil. Comme si la nature elle-même ne pouvait rester en place plus d'un instant. Le spectacle était troublant, lui qui avait passé si longtemps enfermé dans la monotonie de la ville bétonnée. Certes il avait voyagé, mais jamais il n'avait vu un pareil spectacle se dérouler ainsi. Il avait presque l'impression d'être un étranger, un parasite qui ne devrait pas se trouver là, que la nature lui faisait l'offrande de lui montrer cela pour le faire partir ensuite.

Les kilomètres passaient et pourtant, Sergio restait toujours autant ébahi. Il avait entr'aperçu un village rural perdu dans le sable avec les quelques rares animaux qui survivaient à la chaleur. Leurs chèvres domestiques restaient ensemble, en troupeau, pour éviter les attaques des hyènes, lions du désert et renards affamés.

M'aimeras-tu encore ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant