Chapitre 10 : Un message

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————— Nuit, Planque du Professeur, 3h56.

Cela faisait déjà plusieurs heures qu'il était rentré dans sa planque. Sergio s'inquiétait. On avait essayé d'enlever la fille de Raquel ! Ce n'était pas par pur hasard il le sentait au plus profond de lui même. Il saisit son deuxième téléphone, l'intraçable, et appela un numéro.

- « Marius ? C'est Sergio. J'ai besoin d'un service. »

- « Qu'est-ce qui se passe ? »

- « Met ton équipe sur l'enquête concernant la tentative d'enlèvement de la petite Paula Vicuña. Refait l'enquête toi-même s'il l faut et explore toutes les pistes même celles laissées de côté par la police ou improbables ! En particulier celle du père, Alberto Vicuña. Je veux être sûr que cela ne vienne pas de lui ! »

- « Bien. On s'en occupe. »

- « Vous aurez tout l'argent dont vous aurez besoin pour ça c'est clair ? Ne lésinez pas sur les moyens ! »

- « Bien Sergio. Si besoin on te rappelle. »

- « Bon courage. »

- « Toi aussi. T'es en Espagne n'est-ce pas ? »

- « Cela ne te regarde pas Marius. »

- « Je sais mais si tu y es fait gaffe à toi ! L'ex de ta petite Inspectrice a une tendance à vouloir te tuer en ce moment. »

- « Merci de prévenir mais il aura du mal à me tuer. Je ne suis pas en Espagne. »

- « Si tu le dis. Bonne chance avec l'Inspectrice. »

Il raccrocha. Sergio soupira. Il savait qu'il savait. Il fixa l'horloge accrochée au mur. Cela faisait maintenant près de huit heures que Paula avait failli se faire enlever. Il avait préféré ne pas envoyer de messages à Raquel pendant tout ce temps pour éviter qu'une personne indésirable ne puisse voir les messages. Ce toutou d'Ángel devait encore être collé aux basques de Raquel et cela l'énervait au plus haut point. Á quel moment on peut être aussi têtu ou stupide au point de ne pas comprendre quand quelqu'un vous dit non ? Raquel le faisait depuis des années et il ne semblait pas le comprendre, il était toujours là, à essayer encore et encore alors que c'était perdu depuis déjà des années. Il soupira et reprit son téléphone. Pouvait-il lui envoyer un message ou était-ce trop tôt ? Il reposa son téléphone et prit la décision d'attendre encore une heure. Mais n'y tenant plus, il décida d'en envoyer un quand même.

Bonjour Inspectrice (vous le serez toujours à mes yeux). Comment va votre fille ? L'enquête avance-t-elle ? Qu'a dit l'inspecteur Rubio ?

Il l'envoya. Il savait qu'elle dormait sûrement à l'heure qu'il était mais lui ne parvenait pas à trouver le sommeil. Sergio reposa son téléphone sur la table et se leva pour aller faire un peu de sport en attendant une réponse. Il frappa encore et encore son sac de frappe en défoulant toute sa colère dessus. Il s'en voulait d'avoir fait souffrir Raquel ainsi, de l'avoir laissé et par-dessus tout, il détestait voir cet Ángel si proche d'elle ! Il décida de se concentrer là-dessus et frappa toujours plus fort le sac avec ces poings. Il aurait aimé être un homme plus ordinaire, leur histoire aurait sûrement été moins compliqué mais en y repensant il se dit que non. Leur histoire n'aurait sûrement jamais existé en réalité sans ce braquage. Dire qu'il avait failli faire celui de son frère. L'aurait-il rencontré ? Sûrement pas. Il pensa à une vie sans Raquel et sentit son coeur se briser. Non il ne pouvait vivre sans elle. C'était impossible. Elle était sa seule bulle d'oxygène, son unique faiblesse, sa seule faille ! Il savait que plus aucun plan ne serait parfait à présent. Il pouvait perdre. Perdre beaucoup. Perdre Raquel et ça, ça il ne pouvait pas l'envisager. La perdre reviendrait à se perdre lui-même. Elle était son double, son miroir, son âme soeur. Il n'y avait jamais cru avant mais maintenant il savait pertinemment que ce principe existait. Son frère disait vrai à l'époque. Cependant, il était trop fermé pour le comprendre. Raquel était la clé de son coeur, elle était la clé, la seule personne capable de passer toutes ses défenses avec une telle facilité et une telle rapidité. Elle était la clé de son âme, de ce qu'il avait caché au plus profond de lui. Près d'elle, il n'avait jamais peur. Il se sentait enfin à sa place, là où il devrait être, c'est à dire dans ses bras. Raquel lui faisait perdre la tête, le contrôle sans que cela ne le dérange ou ne l'effraie. Il se laissait simplement porter par elle. Emmené loin de ce côté si solitaire du Professeur. Avec elle, il était quelqu'un d'autre, il était simplement Sergio, juste Sergio, pas le Professeur. Tout était si simple et pourtant si compliqué avec elle. Mais pour rien au monde il ne renoncerait à ce sentiment, à elle. Jamais il ne renoncerait à l'amour. Sergio réfléchissait à tout ça en frappant encore et toujours, obstinément, son sac de frappe rouge sombre. Il se stoppa net en entendant son téléphone vibrer. Un message était arrivé. Comme un enfant courerait vers le sapin de Noël, Sergio courrait vers son portable, le coeur rempli d'espoir. Il fût déçu en voyant que ce n'était pas Raquel. C'était une notification. Il soupira de déception et s'assit, lasse, sur sa chaise. Son deuxième portable vibra. Il décrocha.

M'aimeras-tu encore ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant