Chapitre 63 : Un bateau dans la nuit.

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L'heure avait sonné. Assise avec sa famille, leurs sacs de fortune avec elles, Raquel attendait le transporteur que Sergio avait dû lui envoyer avec son plan de secours. Elle ne pouvait pas dire que ce n'était pas intelligent de sa part. Loin de là même. C'était vraiment une idée excellente. Avoir plusieurs cellules dormantes attendant d'être activées au besoin si quelqu'un devait disparaître rapidement. Raquel n'avait nul doute que chacun avait la sienne et qu'aucune n'était reliée entre elle par autre chose que Sergio lui-même. Particulièrement bien pensé.

Dans le silence de la nuit, du moins dans celui de la capitale vietnamienne ce qui ressemblait davantage à un brouhaha lointain qu'à un vrai silence, Raquel entendit le bruit étouffé d'un moteur de bateau électrique. Le son était si faible que ce n'est que parce qu'elle avait travaillé son ouïe durant ses années dans les forces spéciales qu'elle avait pu l'entendre. Une personne lambda comme sa mère ou sa fille n'y prêterait aucune attention et ne l'entendrait probablement pas.

Raquel scruta les eaux sombres du Fleuve Rouge des yeux. Là, presque invisible, un petit bateau approchait de la berge. Elle se leva, faisant signe à sa mère et à sa fille de rester là où elles étaient et de ne pas faire de bruit. Raquel s'approcha du bateau qui venait de s'arrêter.

S'arrêtant à un mètre du bord, elle essaya de voir si quelqu'un était à bord. Une silhouette noire émergea de la cabine de pilotage, marchant en silence vers le bastingage.

- « Lisbonne. » dit d'une voix étouffée l'ombre noire.

Raquel se retourna aussitôt, allant chercher sa famille et leurs sacs. Ensemble, elles revinrent au bateau. La silhouette, appartenant sûrement à un homme étant donné que la voix était grave et la main calleuse et ferme, les aida à monter à bord.

- « Lisbonne. » répéta l'homme.

- « C'est moi. » répondit Raquel en le suivant.

- « Bien. Suivez-moi vite. Nous ne devons pas rester là. »

Raquel acquiesça et, sacs en main, disparut dans la cale où elle les déposa derrière un mur de bois. Paula et Mariví la suivirent.

- « Entrez ici. C'est seulement le temps qu'on quitte la capitale. » ordonna le transporteur en écartant un second panneau de bois, révélant un couloir exigu d'un mètre de long et cinquante centimètres de large.

La famille Murillo-Fuentes y pénétra, le panneau se refermant aussitôt derrière elles, ne laissant qu'une ouverture fine pour laisser passer l'air.

Les pas de l'homme s'éloignèrent et bientôt, le moteur redémarra et le bateau bougea, semblant s'écarter de la berge avant de gagner en vitesse. Les bruits de la ville était perceptible par bouffée. Raquel s'assît sur le sol, sa fille calée contre sa poitrine et entre ses jambes étendues sur le sol. Mariví s'assît face à elle également, genoux contre sa poitrine pour prendre le moins d'espace possible tout comme Paula qui l'imita, appuyée contre sa mère.

- « On va rester là longtemps ? » demanda l'enfant.

- « Non. Juste le temps de quitter Hanoï et ses possibles douaniers. Ensuite on sera en mer. On pourra sortir en étant plus en sécurité. Là c'est juste parce que les forces de police d'Hanoï pourraient déjà avoir reçu notre signalement si la police espagnole a déjà signalé notre disparition et qu'ils nous ont suivi grâce aux caméras de l'aéroport jusqu'à notre porte d'embarquement. Ça diminue le risque qu'on soit retrouvé chérie. » lui expliqua Raquel à voix basse.

- « D'accord... C'est sale ici. J'aime pas. » murmura Paula.

- « Si j'avais un aspirateur, je nettoierai tout ce navire. » lâcha Mariví, faisant sourire sa fille et sa petite-fille.

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