Chapitre 45 : Crises d'angoisse et prison mentale.

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Un silence des plus pesants avait pris possession du commissariat. García semblait ravi d'avoir appelé son ami pour le prévenir de la présence de sa compagne et de sa soeur dans leurs locaux et encore plus pour la raison pour laquelle elles étaient là.
Alberto, quant à lui, balayait les bureaux d'un regard froid, calculateur. Il savait qu'elles étaient là. Sa pétasse d'ex-femme avait réussi à convaincre sa putain de compagne qu'elle disait la vérité et qu'elle devait porter plainte contre lui. Seulement, une plainte pour violences conjugales encore c'est passable, il savait qu'en plus, vu les circonstances de celle-ci et le manque de preuves, il n'aurait probablement jamais de problèmes avec cette plainte-ci. Mais deux plaintes, à seulement un an d'intervalle, de la soeur de son ex-femme, avec à coups sûr des preuves parce que bien qu'il est tenté de la briser de toutes les manières possibles, Alberto savait pertinemment que Laura était très loin d'être stupide, c'était sûr, il allait avoir quelques problèmes. Sauf s'il parvenait à plaider la manipulation mentale de sa compagne par sa soeur auquel cas la plainte serait irrecevable par la justice. Bref, il n'avait pas le temps de réfléchir à cela pour l'instant, il devait jouer son rôle de compagnon inquiet et furieux contre la soi-disant manipulation que son ex-femme exerçait sur sa soeur. Avec un peu de chance, ça passerait et on lui rendrait peut-être même sa fille que Raquel lui avait interdit de voir au maximum grâce à la justice.

- « Laura ?! Mon amour ! Où es-tu ? » l'appela-t-il.

Dans le bureau, Laura n'était plus que l'ombre d'elle-même, une forme humaine qui fermait les yeux en espérant se réveiller rapidement de ce cauchemar qu'elle ne voulait pas revivre.

- « Non non non non non je vais me réveiller je vais me réveiller... » gémit-elle en se laissant glisser au sol, enfouissant sa tête dans ses genoux qu'elle avait ramené à sa poitrine.

Elle ne voulait pas ouvrir les yeux, elle voulait juste disparaître, ne plus exister, se confondre avec le sol ou bien les meubles, être invisible, un fantôme qui pourrait s'enfuir. Elle aurait aimé être forte, parvenir à se raccrocher à l'image rassurante de Zoran dans son esprit mais cette dernière était passée en arrière plan de ses pensées, remplacée bien trop vite à son goût par les cris, la peur et l'angoisse qui accompagnait chaque souvenir qu'elle avait d'Alberto. L'image de son ex-compagnon prenait la place de celle de Zoran malgré tout ce qu'elle faisait pour rester, l'enfermant dans une bulle insondable, impossible à percer pour elle, une vague immense comparable à celle d'un tsunami qui n'était qu'angoisse, doute, peur, effroi et envie de fuite, menaçant de s'abattre sur elle, la surplombant de sa masse immense, plongeant son esprit dans une obscurité totale, cachant le soleil qui ne pouvait passer à travers cette vague noire. Sur la plage de son esprit, comme un humain qui savait que la fuite était inutile, elle était là, pauvre forme tremblotante en regardant l'horreur se présager au loin sans même tenter de fuir car elle savait que ça ne servirait à rien. Elle avait peur, si peur qu'elle n'entendait plus rien de ce que sa soeur, Julia ou même Alberto pouvaient bien lui dire, de loin ou de près. Et pourtant, ce n'est pas faute d'essayer pour Raquel qui s'était accroupie à la hauteur de sa soeur et tentait par des paroles douces de la rassurer même si elle savait que rien ne pouvait l'aider. Raquel reconnaissait parfaitement cet état où elle avait tant été il y a un peu plus d'un an, quand elle avait eu le courage ou bien la folie de demander le divorce, d'essayer de s'opposer à lui, de porter plainte. Rien ni personne n'arrivait jamais à la sortir de cette sorte de transe qui était une crise d'angoisse très violente, du moins avant.
Combien de fois Raquel s'était-elle sentie mourir intérieurement durant ses crises qu'elle ne parvenait à maîtriser qu'avec le temps et encore, parfois, elle n'y arrivait tout simplement pas ? Combien de fois avait-elle souhaité disparaître pour que cette souffrance s'arrête enfin ? Elle avait arrêté de compter depuis si longtemps... Elle se souvenait de la seule fois où quelqu'un avait réussi à percer cette bulle qui était comme un enfer vivant sur terre pour la personne qui la vivait ou plutôt la subissait. Sergio. Lui seul avait réussi par ses gestes doux, ses paroles et parfois aussi, son silence, à calmer ses angoisses si violentes dans ses moments-là, comme si elles étaient devenues vivantes ou bien animaux sauvages se jetant contre les murs de leur cage de fer trop petite pour elles qui les empêchaient de conquérir l'ensemble du territoire qu'était son esprit pour finir par briser cette unique protection de son esprit contre ses peurs incontrôlables qui prenaient le contrôle d'elle durant un temps qui se référait davantage à l'infinité de la temporalité plutôt qu'à un moment dit et précis dans la vie ou une journée.
Alors, Raquel sortit son téléphone, sachant qui elle devait appeler malgré les risques encourus. Elle vérifia où se trouvait Julia qui se trouvait heureusement à la porte de son bureau au cas-où et ne pourrait donc pas voir qui elle appelait.

M'aimeras-tu encore ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant