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La sonnette de mon appartement nous fit sursauter toutes les deux et j'ouvris en faisant mine d'ignorer la chamade des battements de mon cœur.

Comme je m'y attendais, Lénaïc, Julien et Raphaël se tenaient sur le palier.
Ils tiraient des têtes d'enterrement et les deux premiers entrèrent pour me laisser face au troisième. Je refermais la porte en ignorant son regard.

-Eugénie...

Je levais les yeux vers lui et il s'effondra.
Il tomba comme un poids mort à mes pieds et s'accrocha à mes jambes comme à une bouée de sauvetage alors que des sanglots le secouèrent.

-J'ai rien fais. On a rien fait. Tu dois nous croire.

-Raph...

-Je t'en supplie.

Je me tournais pour jeter un coup d'œil aux autres : Lénaïc serrait Juliette dans ses bras à l'en étouffer et Julien s'était assis pour enfouir son visage dans ses mains.

-Je veux pas... Je peux pas te perdre Eugénie, je....

Tu m'aimes.

Mais il se coupa, réalisant que ce n'était sûrement pas le meilleur moment pour me déclarer sa flamme.
Je tentais de me défaire de son emprise mais il resserra ses bras autour de mes jambes.
Mes mains glissèrent dans ses cheveux puis sur son visage pour essuyer ses larmes et ses yeux se fermèrent pour profiter de mon toucher alors que j'étais toujours désemparée.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Il balbutia quelque chose d'incompréhensible et je m'agenouillais pour le prendre dans mes bras.

-C'est quoi ce bordel ? Demanda Juliette qui semblait avoir retrouvé ses esprits. Vous étiez où ?

-Au commissariat.

J'écarquillais les yeux et Juliette croisa mon regard un instant, hallucinant tout autant que moi, mais Julien poursuivit sans qu'on ait à le demander.

-Des plaintes ont été déposées contre nous et on a été convoqué au comico ce matin.

Lénaïc lâcha doucement Juliette pour s'asseoir dans le canapé et prendre la même position que Julien alors que Raphaël était encore inconsolable.

-On aurait dû le balancer. Gémit Raphaël.

-Quoi ? Demandais-je.

-On aurait dû le balancer.

-Qui ?

-Kévin.

-Attendez j'ai besoin de deux minutes et Eugénie aussi. Len occupes toi de Raph, on a besoin de souffler.

Lénaïc décrocha littéralement Raphaël de mes bras et Juliette m'entraîna dans la cuisine.
Je me servis un grand verre d'eau et lui en tendis un qu'elle bu d'une traite.

En reposant mon verre, je remarquais que mes mains tremblaient et on soupira dans un parfait unissons.

-Il y a une différence entre une rumeur sur Twitter et un dépôt de plainte.

-Je sais.

-Qui est-ce qu'on doit croire ?

-Je sais pas.

On était toutes les deux en état de choc.
L'effondrement de Raphaël était-il un aveu de culpabilité et une expression de remords ou un signe de désemparement  ?

-C'est quoi cette histoire de Kévin ? Demandais-je.

-Je sais pas.

On avait aucune réponse aux questions qu'on se posait mutuellement et on éclata d'un magnifique rire nerveux.

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