Comète

80

RAPHAËL

15 février 2022.

Une main secouant mon épaule me sortit des tréfonds du sommeil.

-Monsieur.

Je sursautais pour voir entre les plis de mes yeux ce qui avait tout l'air d'un contrôleur.

-Le train est arrivé en gare.

-Merci.

Je m'étirais avant de me laisser tomber mollement contre mon siège : j'étais épuisé.
Mais pas le temps d'y penser.
J'enfilais ma doudoune, passait mon sac à dos et me levais après avoir enfilé ma capuche.

Le très peu discret tour bus m'attendait à quelques rues de là.

-Et bah mon Loulou t'as pas l'air au top de la forme ! M'accueillit Len.

-Saint-Valentin mouvementée ?

Je les ignorais pour aller poser mon sac sur ma couchette. Il me fallu beaucoup de courage pour ne pas m'y allonger et sombrer à nouveau.
Il était déjà 11h passé, on était en retard sur notre emploi du temps.
Je pris place sur la grande banquette pour que Brian me fasse le déroulé de la journée mais mon esprit divagua sur ma journée de la veille.

J'étais rentré à Paris après le concert du 13 et étais tombé comme une masse dans le lit d'Eugénie. À mon réveil, elle avait tapissé l'intégralité de son appartement de ballons et de fleurs en clin d'œil à notre première Saint-Valentin. Heureusement que j'avais prévu le coup et commandé des fleurs à l'avance qui avaient été livrées pile à mon réveil.
En copine merveilleuse qu'elle était, je n'avais rien eu à faire. Elle paraissait surexcitée à l'idée qu'on passe une journée entière ensemble et avait tout prévu pour qu'on n'ait pas à mettre un pied dehors ce qui sacrifierait 5 minutes de notre temps ensemble.
Après deux cafés j'avais réussi à me tirer de ma léthargie pour l'honorer de ma présence.
Cette journée avait été une paranthèse enchantée. On n'avait rien fait de particulier mais le calme et la sérénité de son appartement contrastaient avec la folie qui avait envahie ma vie.
Passer une journée blottis l'un contre l'autre à discuter simplement, manger une quantité monstrueuse de sushis et faire l'amour tendrement était exactement le break qu'il me fallait.
Très honnêtement, il aurait fallu que cette parenthèse dure une semaine pour que j'en apprécie chaque instant mais j'étais trop gourmand d'en vouloir plus que ce que mon agenda ne me donnait.
On gérait bien la relation à distance malgré que ce soit moi qui doive majoritairement faire les allers-retours. En même temps c'était moi qui était parti donc c'était à moi de revenir. Eugénie avait voulu refuser un contrat pour le mois de février mais j'avais réussi à l'en dissuader. Elle investissait tellement de temps dans ses recherches que ça aurait été égoïste de lui faire sacrifier une telle opportunité. Puis nos brèves retrouvailles à Paris me permettaient de passer une nuit dans un lit et loin des garçons qui ne se privaient pas de nous faire chier dès que c'était elle qui venait.

-C'est quoi ?

Je sortis de ma rêverie pour voir qu'Enzo fixait mon majeur.

-Cadeau de Saint-Valentin.

-Que c'est adorable.

Ils se pressèrent tous pour détailler l'anneau autour de mon doigt. Il était simple, en argent avec juste un petit cœur perforé au centre. Un peu cucul comme ne manqua pas de me le faire remarquer Julien mais je m'en fichais.