75

1K 101 7
                                    

RAPHAËL

Fin octobre 2021.

Qu'est-ce qu'il y avait de mieux que de passer ses rares jours off chez Ikea pour meubler son appartement ?
J'y trainais toujours Eugénie, avec parfois Laura ou Jeanne en plus. Je finissais toujours par acheter bien plus que ce dont j'avais besoin mais j'étais au moins sûr d'avoir du boulot pour tout le monde.

Tous mes meubles étaient à présent livrés mais toujours sagement démontés dans leurs cartons, attendant patiemment que ce jour arrive. J'avais réussi à corrompre le plus de personnes possible sous prétexte d'une crémaillère.
Le contrat était simple : nourriture et boisson à volonté contre des bras et des cerveaux capables de résoudre les casse têtes des modes d'emploi.
En même temps je n'avais pas eu le choix puisque j'avais vendu mes derniers meubles en déménageant chez Julien pour avoir de quoi financer les dernières phases de l'album.

Lénaïc, Juliette, Medhi et Clémentine étaient en charge de la cuisine.
Enzo, Jordan, Richard, Julien et Brian du salon.
Eugénie, Tom, Laura et Jeanne du studio photo.
Baptiste, Guillaume, Arthur et moi de la chambre.

Une partie du dressing avait été monté par les techniciens qui avaient livré les meubles mais il restait encore des trucs à monter.

J'avais commencé à désespérer de trouver l'appartement de mes rêves.
Mais la perle rare était finalement venue à moi. Le gérant du kebab de mon ancien quartier connaissait un proprio qui louait un appartement comprenant les deux chambres et le grand salon lumineux que j'imaginais. La cuisine était aussi immense avec un énorme frigo américain qui serait majoritairement rempli de bières et de soda.

De la musique s'élevait de chacune des pièces de l'appart et l'ambiance était pour l'instant au beau fixe. Je me demandais combien de temps il faudrait pour que l'un de mes amis craque.
En même temps ils avaient tous une dette envers moi puisque j'avais participé à chacun de leur déménagement il y a deux ans quand leurs revenus leur avait permis de louer ou d'acheter plus grand.

Je laissais mon équipe galérer à monter l'énorme cadre de lit King Size pour appeler les fournisseurs d'eau, d'électricité et faire marcher la box.
N'étant pas le pro de l'organisation, mon emménagement était bien sûr très précipité puisque la tournée reprenait dans quatre jours et que je voulais que l'appartement soit habitable avant de partir.
Personne n'avait rechigné puisque tout le monde savait que je m'y prenais toujours au dernier moment, bien souvent malgré moi.
Enfin prêt à mettre la main à la pâte, mon portable me coupa : Orelsan.

-Je reviens dans cinq minutes les gars.

-Ça fait dix fois que tu nous fais le coup. Râla Arthur.

Je me réfugiais dans la salle de bain, seule pièce non envahie pour le moment, pour décrocher.
Le rythme de dingue de la promo s'était enfin calmé il y a quelques semaines mais avait très vite été remplacé par l'organisation d'une dizaine de featurings.
J'avais suivi le conseil d'Eugénie et trouvé le courage de DM ceux avec qui je rêvais de collaborer.
Pour la plupart, les réponses avaient été favorables et il fallait donc s'attaquer à l'écriture de toutes ces chansons. Celui avec Orelsan figurerait sur son album à venir. Si notre collaboration se passait bien, ce qui était le cas jusqu'à présent, un deuxième son serait envisageable pour la ré-édition de Brume.
Mes journées en studios télévisés avaient été remplacés par des journées chez Lénaïc ou dans des studios partout dans Paris. Ne me fermant aucune porte, j'étais même en pour parler avec plusieurs artistes qui faisaient plus de la variété que du rap. Le mélange des genres ne m'avait jamais fait peur et je devais profiter de mon instant de gloire pour sauter sur le plus d'opportunités possible.
Mes cinq minutes se transformèrent en quarante-cinq minutes et le sommier était quasiment prêt quand je ré apparu dans la chambre.

ComèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant