Comète

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EUGÉNIE

Raphaël me serrait si fort qu'il m'en faisait presque mal.
Il m'embrassa à m'en faire tourner la tête avant d'être appelé dans le salon par Julien et de nous laisser, sans oublier de planter un dernier baiser sur mes lèvres.

-Ça le prend souvent ? Demanda Laura.

J'haussais les épaules, tout aussi surprise que ma sœur, Laura et Tom.

-Qu'est-ce qu'il a à se reprocher ? Questionna ma sœur.

-Rien. Il doit juste être content que ça avance.

-Il a un truc à se reprocher. Confirma Laura.

-N'importe quoi. Il habite à la maison depuis deux mois, je le vois tous les soirs, qu'est-ce qu'il aurait à se reprocher ?

-Je sais pas moi. Chéri une idée ?

Tom, qui se débrouillait à monter une étagère tout seul depuis plus d'une heure, puisque Laura l'avait lâché, leva les yeux de sa notice.

-C'est pas parce que je suis un mec que je sais décrypter tous les comportements de mes semblables. 

-Vous vous faites des films. Assurais-je aux filles.

Je repris mon activité qui consistait à trier les disques de platine qu'il avait reçu hier.
Je plaçais ceux pour les garçons dans un coin avant de classer les certifications de Raphaël qu'il comptais accrocher ici.
Pour résumer : Brume était disque de platine quatre mois après sa sortie.
Rafale et Comète étaient single d'or.
A ça s'ajoutait un single de platine pour En Equipe.

Les Inrockuptibles lui avaient envoyé la une qu'ils avaient fait encadrer tout comme la journal qui l'avait shooté au Ritz mais le cadre était encore chez moi.

Raphaël n'ayant pas trop le sens des priorités, il avait fait faire des tirages de certaines de ses photos dès qu'il avait eu les clés de son appartement, avant même d'avoir pensé à acheter un matelas. Je l'avais aidé à choisir une dizaine de cadres différents et m'appliquait à bien encadrer ses photos sans les abîmer.

-Tu brasses de l'air Gèn !

-Pas du tout, j'encadre l'art de mon mec.

-Fais voir !

La plupart des photos étaient des paysages en noir et blanc avec.....suspens.....des effets de flou ou de brouillard ! 

-Il est dépressif ou quoi ?

-Je trouve ça super poétique moi.

Le débat se coupa quand je passais au cadre suivant.

-Eugénie Kersalé c'est toi ???!!!!

-Oui c'est moi.

-C'était où ? En Grèce ?

-Oui.

-Mais il n'y en pas qu'une !

Raphaël avait été sage et j'étais revenue sur ma promesse de ne jamais poser nue pour lui. Bon j'étais certes nue, mais cachée par le voilage du lit. Il avait dû faire une cinquantaine de photo et imprimer celle où je ressemblais le plus à une post-bad avec les mains dans les cheveux et le dos cambré au max. Il en avait fait tirer une deuxième où l'on voyait nos deux silhouettes ce qui avait été une grande galère pour régler le retardateur.

On passa ensuite aux photos suivantes : il y en avait des garçons et une dernière de moi prise dans l'opulence des ballons et des fleurs de la chambre d'hôtel de la Saint-Valentin.