A peine deux jours après l'arrivée d'Elyas Swyft, Jorran alla voir son oncle Tyrion, pour converser au sujet des réserves qu'il émettait par rapport à sa présence à la capitale. Pour être plus précis, le prince était complètement perdu, désemparé, la venue du frère de Calysto ayant violemment fait ressurgir toute la culpabilité et le désespoir qu'il avait pu ressentir jusqu'ici. Sans compter sa méfiance concernant les réelles raisons qui avaient poussé l'adolescent à se rendre à Port-Réal pour devenir son écuyer.
Le jeune Lannister avait alors tout expliqué au Lutin, raconté tous les détails de leur rencontre, concluant son récit par cette hypothèse qu'il avait émis, selon laquelle Elyas criait probablement vengeance, ou tout du moins avait-il pris la décision de le punir par sa simple présence. Tyrion avait tenté de rassurer son neveu, lui affirmant que si le Swyft criait effectivement vengeance, il lui aurait sauté au cou sitôt la porte de sa chambre passée. Il exposa plusieurs arguments pour essayer de calmer l'esprit tourmenté de Jorran, expliquant que son nouvel écuyer était jeune, un adolescent en deuil, voulant revenir sur les traces de sa sœur. Qu'il possédait probablement la même franchise candide de Calysto, et que donc il ne lui avait pas menti le moins du monde quant à ses motivations. Voyant que ces paroles ne semblaient en mesure d'apaiser le prince, le Lannister avait terminé la discussion en proposant au blond qu'Elyas ne s'entraîne aux armes avec Podrick, pour, en premier lieu, le tenir occupé, et, utopiquement, qu'une complicité se crée entre les deux, qui pourrait mener à quelques confidences et confirmer ou non que le jeune homme ne cachait rien.
Et ainsi se termina cette entrevue. Comme promis, le Lutin fit s'entraîner Podrick avec l'adolescent, prétextant une occasion pour eux d'entretenir leur niveau au maniement des armes. Quelques jours passèrent, et tous les deux, comme attendu, se prirent rapidement en sympathie. Du moins, Elyas appréciait-il ces entraînements avec l'écuyer de Tyrion.
Par ailleurs, le jeune Swyft commençait à se construire, lui aussi, sa routine à Port-Réal. Les matinées à faire quelques passes avec Podrick, ses déjeuners seul, puis ses après-midi en compagnie de Jorran, ses deux bonnes heures de quartier libre en début de soirée, puis le dîner, encore seul, ou bien en compagnie du prince, du jeune Payne, ou encore d'autres personnes du château avec qui il avait la curiosité de discuter. Enfin, il partait se coucher, le collier de sa sœur serré dans son poing, pour se réveiller chaque matin, fouillant, paniqué, son lit, le bijou disparaissant toujours dans les draps, ou bien glissant au sol durant son sommeil.
L'adolescent tentait également de se familiariser avec les différents occupants du Donjon Rouge. Du moins, des principaux. Il y avait d'abord la famille royale. Tywin Lannister, distant, froid, qui lui adressait la parole uniquement pour le saluer lorsqu'il leur arrivait -bien rarement, par ailleurs- de se croiser. La reine, toute aussi froide que son père, qui en devenait complètement intimidante par moment. Il n'appréciait même pas le fait de devoir lui souhaiter le bonjour lorsqu'il la voyait, son regard émeraude lui donnant l'impression qu'elle tentait de percer tous ses potentiels secrets. Le roi Joffrey, qu'Elyas tentait d'éviter comme la peste en toute circonstances. Il détestait cette mine narquoise qu'il arborait en permanence, trahissant sa manie maladive de vouloir se moquer et humilier quiconque lui adressait la parole. Par ailleurs, il n'avait pas échappé à ce trait de caractère. Le blond l'avait déjà pris à part, pour lui demander avec un ton empli de sous-entendus ce qu'il pouvait bien faire avec Jorran. Et lui n'avait su comprendre si ces insinuations pouvaient être fondées concernant le prince, ou s'il s'était simplement méchamment payé leur tête à tous deux. Le jeune Tommen, dont les douze ans cachaient encore une très légère innocence enfantine, le rendait curieux du jeune homme aux cheveux noirs, le faisant lui poser tout un tas de questions en permanence. Il était resté identique aux descriptions de Calysto. Tyrion également était fidèle au portrait qu'en avait fait sa sœur. Intelligent, doté effectivement d'un bon sens de l'humour, il lui avait déjà tenu compagnie une ou deux fois lorsque Jorran, souffrant, avait dû tenir le lit. Lors de ces jours-ci, le jeune Swyft avait également eu à faire avec Bronn, toujours collé au Lutin. Ainsi, il avait pu comprendre d'où étaient venues les réserves que son aînées avait émises à son égard. Selon ses dires, il plaisantait certes beaucoup, mais ses blagues restant toujours axées sur de l'humour graveleux ou du sarcasme sous entendu. Et Sansa Stark, la pauvre jeune femme aussi belle que triste, qui ne lui adressait pas la parole, hormis pour le saluer poliment lorsqu'il le fallait.

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The Sick Lion
FantastikJorran est un jeune garçon de 14 ans, à la santé fragile. Ses poumons malades le clouent au lit, le plongeant dans une fatigue constante, et des douleurs chroniques. Incapable de fournir un effort physique, sa seule façon de se démarquer est son esp...