Le pauvre Jorran arpentait les couloirs de l'auberge, le regard complètement écarquillé. Le corps sans vie de Mycah ne pouvait simplement pas s'enfuir de son esprit. Il était profondément choqué, dévasté de la tournure des événements. Aucune larme ne coulait le long de ses joues, plus aucune émotion ne transcendait son corps, simplement l'image des cadavre de la belle Lady et de son ami roux. Et cette sensation de vide froid, oppressant, à en perdre pieds, cette sensation qui donnait l'illusion d'être en train de tomber en continue. En ce moment précis, cette vue macabre n'avait éveillé qu'une seule envie dans le cœur du prince cadet : aller voir son frère. Ce n'était même pas une envie, mais son corps qui se déplaçait de son propre chef.
Tout son organisme fonctionnant au ralentit, comme figé dans le temps, l'adolescent arriva devant la chambre où résidait Joffrey. Il resta là, devant la porte, pendant quelques secondes, presque comme s'il ne s'était pas rendu compte qu'il était venu jusqu'ici. Sa léthargie dura quelques instant, l'ayant comme transformé en statut de marbre, comme enraciné dans la pierre de la petite bâtisse.
Puis, doucement, cet état de transe le quitta. Le blondinet fut de nouveau capable de reprendre le contrôle de son corps, le goût de ses sentiments. La rage montait, la colère, la tristesse, la rage, tout d'un coup, le giflant tel une fièvre foudroyante, tout cela encore plus déroutant que la vue des cadavres. Son souffle devint erratique, et la haine l'emporta, lui faisant perdre ses moyens.
Entrant en trombe, il fit sursauter Joffrey qui poussa une exclamation de fillette tellement la surprise fut grande pour lui. Sans prononcer un mot, le cadet sauta sur l'aîné, tentant de le rouer de coup, de l'étrangler, de le griffer, de le blesser pour de bon.
L'héritier ne se laissa pas faire pour autant. A peine son frère avait-il commencé à l'attaquer qu'il rendait déjà les coups reçus, avec une force et une rage plus conséquente que celle dont Jorran était habité.
Les deux lions se battirent ainsi comme des sauvages. L'adolescent ne savait plus comment faire autrement pour exprimer toute cette colère, qui avait pleinement pris possession de sa personne. Le regard fou, il voulait mettre son aîné à terre, lui briser les côtes, le couper en deux, lui trancher la gorge, le voir se vider de son sang, supplier, gémir. Une haine si pertinente et pourtant si démesurée, si aveuglante.
Jorran finit par se reculer pour agripper le chandelier posé sur la table, bien décidé à cogner de toutes ses forces d'enfant malade le crâne de son frère. Joffrey le chargea, ce qui eut pour résultat de faire tomber les deux jeunes gens à terre. Ils roulèrent ainsi pendant plusieurs secondes, jusqu'à ce que le prince héritier ne parvienne à immobiliser son cadet au sol sur la pierre froide, et lui asséner le plus beau coup de poing qu'il n'avait jamais donné, et tout cela de son bras supposé blessé.
Sonné, le choc eut le don de calmer instantanément l'accès de rage du jeune blond. Il resta là, à terre, son frère à moitié assis sur lui, le regard dans le vague, tous les deux reprenant leur souffles. La lèvre inférieure de l'adolescent était fendu, et le sang commençait déjà à couler de la plaie. L'auteur d'un tel geste, lui, ne semblait présenter aucune trace d'égratignure causée par son agresseur.
-Pauvre fou ... maugréa Joffrey, de sa voix la plus dédaigneuse et méprisante possible. Il lui aurait bien craché au visage pour l'humilier davantage. Cette pauvre chose dérangée et faible.
Jorran reposa son regard émeraude sur lui. La colère fulgurait dans ses iris. Il aurait pu le réduire en poussière d'un simple regard. Un seul.
-Tu me le paiera. Je te jure que je te ferai payer pour ta cruauté. Répondit le petit frère, des larmes perlant à présent au coin de ses yeux.
VOUS LISEZ
The Sick Lion
Viễn tưởngJorran est un jeune garçon de 14 ans, à la santé fragile. Ses poumons malades le clouent au lit, le plongeant dans une fatigue constante, et des douleurs chroniques. Incapable de fournir un effort physique, sa seule façon de se démarquer est son esp...