Chapitre 55

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Le jour du combat était arrivé. Le soleil tapait fort ce matin-là, donnant une fausse impression de jour de fête. Même s'il était assis bien à l'ombre, à côté de sa mère, Jorran sentait la chaleur le fatiguer encore plus qu'il ne l'était déjà. Il avait insisté pour assister à la chose, malgré sa fièvre à peine tombée. Cersei s'en été trouvée fort contrariée, mais n'avait osé empêcher son fils, celui-ci s'obstinant en permanence.

Le duel allait avoir lieu dans un endroit surplombant la mer, et tous les membres de la cour étaient présents, installés sur des gradins, comme si tout cela n'allait être qu'un spectacle divertissant. Le prince en avait la nausée. Tout pour divertir le peuple. Y compris lorsque cela impliquait la condamnation d'un homme innocent.

Le blond n'était au courant des compétences au combat d'Oberyn Martell. Il n'avait cependant compris qu'il s'était porté volontaire pour défendre le Lutin uniquement pour espérer une vengeance pour sa sœur Elia. Mais il devait là se confronter à La Montagne. Un homme si imposant, un monstre, pour ainsi dire, si intimidant, que jamais, de toute son existence, le jeune homme n'avait osé croiser son regard. La peur lui cisaillait le ventre. Était-ce perdu d'avance, ou bien restait-il ne serait-ce qu'un tout petit peu d'espoir ? Il n'en avait absolument aucune idée. Terrassé par l'angoisse, Jorran s'était mis à fermement ronger ses ongles, ignorant ce picotement douloureux qui le prit lorsqu'il finit par faire saigner un de ses doigts.

Tommen n'était toujours pas là. Pourquoi donc ? Son frère ignorait si cela était un refus délibéré de sa part d'assister à cette partie du procès de leur oncle, ou si cela venait d'une idée de leur mère, ou encore de la Main du Roi, de lui interdire d'être témoin du potentiel massacre qui allait se dérouler sous les yeux de toute l'assemblée.

On avait laissé Tyrion venir échanger avec son champion. Le prince Dornien semblait, de là où se situait Jorran, prendre la situation bien à la légère. Son esprit avait l'air aussi léger que l'armure qu'il portait, et il se contentait de boire tout en restant dans les bras de son amante. Aucune inquiétude ne transparaissait dans sa stature. A quoi pensait-il donc ? Imaginait-il que le combat allait être aussi facile ? La simple arrivée de La Montagne sur les lieux suffit au blond pour lui glacer le sang. "Cela va se terminer en massacre." pensa-t-il.

Le prince jeta un regard empli d'angoisse à Varys, assis à sa gauche, tandis qu'un coup de conque fut sonné pour attirer l'attention de toute l'assemblée. Le vieux Pycelle commença alors un discours particulièrement ennuyeux, expliquant de quoi le combat allait retourner, avant que Tywin ne demande à ce qu'on ne sonne de nouveau la conque pour le faire taire.

Les deux champions allaient commencer à se battre d'un instant à l'autre. Gregor Clegane avait dégainé son épée, un monstre d'acier si imposant qu'il donna l'impression au jeune blond que la Montagne allait être capable de décapiter son adversaire sans le moindre effort. Oberyn, lui, s'arma de sa lance, et commença à se confondre en démonstrations de sa rapidité et sa dextérité à manier l'objet, s'attirant les ovations d'une partie du public.

Il souriait. Autrement dit, il était plus que confiant. Jorran aurait aimé l'être également, mais le doute et la peur l'habitaient toujours.

-T'ont-ils dit qui je suis ? Demanda le Dornien à son concurrent.

-Un homme mort. L'invectiva Clegane, portant sans vergogne la première attaque.

Le prince Martell se montrait d'une agilité absolument incroyable. Il parvenait à esquiver toutes les salves de la Montagne, comme s'il s'agissait d'une broutille. Sa confiance était-elle qu'il osa également lui expliquer qui il était, et pourquoi il s'était engagé dans ce duel.

Il était en train de rendre des comptes. Cette chose ne plaisait pas du tout au jeune malade. Oberyn était en train d'essayer de faire avouer à son adversaire l'assassinat d'Elia Martell. Il n'était motivé que par l'opportunité de vengeance que le sort lui avait servi sur un plateau d'argent. Jorran ne parvenait à rester immobile, tant la tension se faisait ressentir. A chaque coup, à chaque mouvement entre le colosse et le Dornien, il se redressait un peu plus sur son siège, ne perdant pas une miette du combat. Il en oublia même de cligner des yeux.

The Sick LionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant