The Sick Lion

Chapitre 40

Le septuaire était plongé dans un silence de mort. Jorran était seul, complètement seul à se recueillir auprès du corps de sa fiancée. Harys et Steffon allaient bientôt repartir pour Champmoisson avec sa dépouille. Le prince n'avait voulu venir en ces lieux en même temps qu'eux. Il avait catégoriquement refusé de les croiser, eux ou qui que ce soit d'autre, pour la simple et bonne raison que la culpabilité lui rongeait l'âme.

Jusque là, le jeune homme était resté alité. Cependant, il n'avait été en mesure de fermer l'œil ne serait-ce qu'une seconde. Il avait été parfaitement incapable de s'assoupir, même un instant. Ainsi donc, le noir de ses cernes rivalisaient avec le noir des vêtements qu'il portait actuellement.

Tous les événements survenus la nuit de la bataille de la Néra ne cessaient de se rejouer en boucle dans son esprit. Le blond n'arrivait plus à pleurer, toutes ses larmes semblaient avoir déjà été versées. Et, bien entendu, il ne blâmait que lui pour ce qu'il s'était produit.

Le jeune homme ne parvenait même pas à réaliser que sa pauvre Calysto était partie. Elle était allongée, là, devant lui. On l'avait apprêtée, lavée, on l'avait habillée d'une robe propre, aux aspects presque neufs. Ses cheveux semblaient également avoir été coiffés. On aurait pu croire que la Swyft était seulement en train de dormir. Qu'elle pourrait se réveiller à tout instant. Se remettre à discuter avec Jorran, le taquiner comme elle en avait l'habitude, lui sourire ...

Mais rien de tout cela ne se produirait plus. Plus jamais elle n'ouvrirait les yeux. Ses beaux yeux bleus. Plus jamais le blond n'entendrait le son de sa voix. Et tout cela par sa faute. Elle n'était plus là. Et lui, était à présent veuf. Veuf avant d'avoir été marié.

Quelqu'un finit par rejoindre Jorran dans le septuaire. En levant brièvement les yeux, il pu voir qu'il s'agissait de son cher aîné. Le roi s'approcha, lentement, ne prenant même pas la peine d'afficher une mine grave quant à la situation.

-C'est regrettable, ce qu'il s'est produit. Vraiment. Déclara-t-il, un début de rictus sadique au coin des lèvres.

En premier lieu, son frère ne répondit même pas. Ne lui accorda même pas un regard. Le jeune homme savait bien ce que Joffrey escomptait faire, cependant, il ne voulait réagir.

-On m'a rapporté ce qu'il s'est passé. Quel dommage que tu n'aies pu la sauver, mon frère. Continua-t-il, s'approchant toujours plus de son cadet à chaque pas.

Toujours aucun mot de la part du prince. Après tout, jusqu'ici, son frère avait raison. Il n'avait pas été en mesure de sauver Calysto.

-Si j'avais été à ta place, j'aurais pu faire quelque chose. Elle serait encore en vie, à l'heure qu'il est. Le blond était à présent au niveau de Jorran, face à lui, le corps de la Swyft les séparant.

Le mutisme de son cadet le frustra quelque peu. Pourquoi donc ne réagissait-il pas ? Pourquoi ne s'enrageait-il donc plus ? Il marqua un temps de pause, le temps de trouver quoi ajouter. L'idée lui vint bien vite. Dans le plus grand des irrespects, jubilant déjà de sa propre provocation, il vint effleurer la main glacée de la jeune femme. Comme il l'espérait, sa pauvre victime darda ses prunelles émeraudes sur lui. Il répéta que la situation était bien regrettable, et que la fiancée de ce cher Jorran allait lui manquer.

-Et dire que je lui avais promis ...

Il avait sciemment laissé sa phrase en suspens. Il commençait déjà à jubiler. Quelque chose dans le regard du prince avait changé. Du doute. De l'incompréhension. C'était tout bonnement délicieux.

-Que dites-vous ? demanda enfin le prince, d'une voix enrouée. Il pensait avoir saisi le sous entendu, mais voulait en être certain.

Le roi se mit à sourire, de plus belle. Il avait enfin ce qu'il cherchait.