Chapitre 2

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On avait conduit Jorran à l'étage dans une chambre. Le jeune prince était assis sur le lit, en train de cracher tout son soul dans un pot de chambre que lui avait procuré Maester Luwin. Celui ci avait prit soin de dévêtir le jeune prince du haut de ses vêtements, pour appliquer avec délicatesse un onguent sur le dos nu et fébrile du petit lion. Un mélange de plantes et de substances destinées à calmer les détresses pulmonaires, remède typique du genre de maux dont était victime le jeune garçon. L'odeur particulière et envoûtante s'infiltra dans ses narines puis sa gorge, calmant légèrement le feu qui le dévorait de l'intérieur. Egalement, la sensation froide et pénétrante de ce remède sembla s'infiltrer à même la peau de Jorran, se faufilant entre ses côtes, pour atteindre ses poumons afin de le délester d'un peu de douleur.

L'effet, toujours progressif, était cependant très rapide. Le prince cadet finit par retrouver ses esprits, ses larmes finirent par se calmer, et bientôt il n'eut plus rien à évacuer, il se contentait de rester recroquevillé légèrement sur son pot, accroché à l'objet comme d'une quelconque relique salvatrice, haletant, la respiration bruyante et sifflante. Son front était trempé de sueur, son visage d'une pâleur incroyable, et l'on pouvait voir des cernes de fatigue creuser le dessous de ses yeux.

Son état de détresse s'étant atténué, Jorran pu faire un peu plus attention à ce qui l'entourait. Tout d'abord ce fut le lit sur lequel il était assis. Il était plutôt confortable de prime abord, et les fourrures installées dessus lui firent penser qu'il était bien chaud et bien bon de s'assoupir dedans. 

Puis, il remarqua la délicatesse du Maester Luwin en train d'administrer l'onguent. Il procédait avec douceur, comme s'il avait peur de l'inconforter ou de le griffer, et, par dessus tout, il se taisait. Un silence concentré, mais surtout, plutôt agréable pour le jeune lion. Le Maester se contentait de faire son travail, et rien d'autre. Aucune inquiétude, aucun bavardage inutile. Cela faisait de grandes différences avec Maester Pycelle.

Ce qui commença à irriter quelque peu le prince cadet, c'était sa mère. Cersei ne s'arrêtait pas de faire les cent pas dans la chambre, à murmurer son inquiétude, et de trouver toujours quelque chose à dire pour se plaindre.

-Quelle idiote je suis ... Nous aurions du emmener le Maester Pycelle avec nous ! Oh, mon Jorran, quelle mauvaise idée d'être venus toi et moi ! J'aurais mieux fait de tenir tête à Robert, quelle idiote je suis ! Ce voyage nous aurait évité bien des souffrances ... et nous voilà à devoir essayer de te soigner  avec un Maester complètement inconnu ! 

Luwin, à l'entente de cette dernière phrase, releva furtivement le regard pour dévisager la reine. Le jeune garçon remarqua ce coup d'oeuil. Sa mère commençait à être très impolie, et l'entendre jacasser ainsi, sans s'arrêter, sans même reprendre son souffle, avait eut raison de la patience du prince.

-Mère ... Sa voix était enrouée, faible, et toujours obstruée par des restes de glaires. Mère, calmez vous ... et arrêter de vous inquiéter. Maester ... Il toussa une nouvelle fois, évacuant un énième crachat dans son pot. Maester Luwin fait un travail remarquable.

La reine Cersei se retourna vers son fils, le lorgnant d'un regard déformé par l'inquiétude.

-Jorran, mon bébé, tu ...

-Mère, laissez moi tranquille. Vous n'avez ... vous n'avez aucune raison de vous inquiéter à présent. Alors ... laissez moi en paix quelques instants. Je vais bien, je vous l'assure.

Le Maester semblait en accord avec ce que venait de dire Jorran. Ayant finit d'étaler le remède sur le dos du jeune prince, il s'essuya la main tout en relevant la tête pour répondre à sa reine.

The Sick LionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant