The Sick Lion

Chapitre 53

La nouvelle du refus de Jorran fit rapidement le tour du Donjon Rouge, ainsi que de la capitale. Tommen serait couronné Roi à sa place. Et ce changement de souverain en surprit plus d'un, en somme. Il avait été annoncé qu'en raison de sa maladie empirant, le prince avait pris la décision d'immédiatement léguer le trône à son frère. Le royaume hériterait donc d'un souverain en meilleure santé, plus jeune, en conclusion, qui règnerait plus longtemps.

Parmi les satisfaits d'une telle chose, il y avait Olenna Tyrell. La vieille femme ne s'était pas réellement réjouie de ce changement à proprement parler, toutefois, lors d'une conversation avec sa petite fille, elle lui avait déclaré que malgré son caractère bien plus juste que son aîné Joffrey, il aurait été bien ardu de s'attirer la sympathie du blond si jamais Margaery avait eu à l'épouser. Que Tommen serait bien plus facile à aborder, de par son âge et sa candeur. La jeune femme était allée dans son sens, affirmant que le jeune malade se montrait extrêmement méfiant et froid à l'égard de leur famille.

Jorran, lui, depuis que son refus avait été officialisé, n'avait de cesse que de s'isoler, toujours plus. L'annonce étant encore fraîche, il ne voulait en aucun cas que qui que ce soit ne vienne l'aborder au détour d'un couloir lui parler de sa décision. Non. Il voulait avoir la paix, ne serait-ce qu'un instant. Avoir la paix avant le procès de Tyrion, qui approchait à grand pas. Le prince savait que l'événement n'allait pas du tout être une partie de plaisir, et espérait de tout son cœur que ce fameux procès résulte à la libération de son oncle, malgré la très faible probabilité d'une telle issue. Il avait parfaitement conscience que Cersei s'accrocherait au moindre prétexte lui permettant de mettre à mort le Lutin.

Puis il y avait Elyas. Le jeune Swyft brûlait toujours de colère depuis sa dernière discussion plutôt désastreuse avec le Lannister. Chacun des mots ayant été prononcés entre les deux ce jour-là résonnaient toujours dans son esprit, inlassablement. L'incompréhension l'habitait toujours. La déception également. L'écuyer avait fini par en pleurer de rage, un soir. Désespéré, il avait également adressé une prière à l'intention de sa propre sœur, complètement perdu et indécis. Devait-il partir ? Ou rester ? Il ne savait plus quoi faire. Toujours était-il qu'il préférait cent fois passer ses journées à s'entraîner aux armes avec Podrick sous la supervision de Bronn et de ses remarques désobligeantes et vulgaires, plutôt que de réitérer une discussion avec Jorran. Il évitait à présent le prince le plus possible, ces derniers jours.

Une nuit, l'adolescent, retournant dans sa chambre, était tombé nez à nez sur visiblement un cadeau du jeune blond, qu'il avait sûrement fait déposer durant son absence. La gorge serrée, ayant déjà deviné ce qu'il se cachait sous le tissu, il ôta l'étoffe cachant la toile. La vue du portrait de sa sœur lui arracha un sanglot terrible. A quoi rimait donc cela ? Pourquoi le prince lui avait-il fait un tel présent ? Qu'escomptait-il obtenir comme réaction en faisant cela ? Était-ce un cadeau d'excuse ? Une tentative pour que le Swyft ne revienne lui parler ? Avoir devant lui une représentation de son aînée l'émouvait, cependant, cette toile laissait un goût bien trop amer dans la bouche de l'adolescent. Au vu du contexte, il n'en voulait pas. Toutefois, il n'eut aucunement le cœur de s'en débarrasser, ni d'aller demander au principal intéressé ce qu'il avait souhaité en lui offrant cela.

***

L'écuyer de Jorran était en train de s'entraîner avec Podrick, sur une esplanade surplombant la mer. Le bruit des vagues s'écrasant de tout leur poids contre les rochers venait s'ajouter au tintement des armes des deux écuyers. Mais Elyas était distrait. Il ratait ses propres attaques, peinait à parer, à se défendre, et son anticipation était plus que médiocre, malgré son habitude de se battre contre le Payne.

-Tout va bien ? Demanda Podrick, marquant un temps de pause avec les passes.

Essoufflé par l'entraînement, l'adolescent le dévisagea une seconde, avant de répondre :