Lady Calysto était assise sur un siège disposé à côté du lit du prince. Voilà un bon quart d'heure qu'elle le regardait dormir, qu'elle avait eu le courage de venir le veiller quelque peu. La jeune femme avait eu si peur, la nuit dernière. C'était la première fois qu'elle voyait Jorran en proie à une crise. Et en aucune façon, aucune, elle n'avait pu imaginer que sa maladie pouvait s'avérer aussi violente. Bien entendu, l'on avait mise en garde sur l'état de son futur époux. On lui avait expliqué le handicap que représentait ce mal, et le blondinet lui même lui avait avoué avoir une espérance de vie plutôt incertaine. Elle l'avait déjà entendu tousser, d'une toux excessivement grasse, d'une telle façon que cela pouvait soulever son inquiétude, elle l'avait vu avoir du mal à respirer, son souffle devenant lourd et sifflant, mais ce soir là fut la première fois que la Swyft le vit littéralement s'étouffer à cause de ses propres organes. Ce fut tout bonnement terrifiant. Cette crise lui avait enfin fait prendre conscience de ce que voulait dire cette maladie.
Le blondinet avait contenu, à tort, cette tension dans son dos qui n'avait fait que grandir tout au long de la fête. Il avait fait tous les efforts du monde pour ne pas le montrer à son amie, puis à sa sœur. Il avait mis tous les efforts dont il pouvait faire preuve pour que personne ne remarque rien. Et lorsque la crise l'avait frappé, il n'avait même pas pu tousser pour tenter de se soulager. Sa trachée s'était brutalement obstruée, et dans un râle, le jeune homme avait fait une tentative désespérée d'y faire entrer de l'air. La douleur explosant d'un coup, le déstabilisant, il en avait perdu l'équilibre, et s'était effondré, au sol, voulant cracher cette substance qui lui brûlait tout l'appareil respiratoire, ce mélange de mucus et de sang remontant jusqu'à sa bouche, ses sinus, son nez. Il avait montré à tous sa vulnérabilité, montré l'étendu de son mal à toute l'assemblée.
Une vieille odeur de fleur d'Aeld planait dans la chambre. Cette fragrance ne faisait qu'alourdir l'atmosphère aux yeux de Calysto, lui faisant ressasser ce qu'elle avait vu, l'agitation dont elle avait été témoin, la peur qui l'avait prise jusqu'au fond de ses tripes. Cette odeur, dont la particularité l'avait amusée en premier lieu, était en train de se transformer en une effluve maudite et angoissante.
Elle avait eu peur. Terriblement peur. En cet instant, à voir Jorran à terre, coincé dans une telle souffrance, elle avait vraiment cru assister à la mort de son fiancé. Cette idée, sur le moment, lui avait donné la nausée, une nausée qui ne s'était toujours point évaporée pour l'instant. La jeune femme avait également passé une nuit épouvantable, à ne point pouvoir trouver le sommeil, son inquiétude lui hurlant que si elle venait à fermer les yeux, le prince serait mort lorsqu'elle les rouvrirait. Elle en avait même versé quelques larmes, étouffées dans ses propres sanglots silencieux. Également, elle avait eu peur de pénétrer dans les appartements du blondinet. Elle avait eu peur de ce qu'elle aurait pu voir.
En cet instant, elle faisait face au blondinet. Un jeune homme endormi, pâle comme un linge, des cernes noirâtres lui barrant le dessous des yeux. Ainsi assoupi, on pouvait encore distinguer les restes de ses traits enfantins. Toute la fatigue du monde transparaissait dans son visage. Le reste de peur panique que la jeune Swyft ressentait toujours lui fit croire qu'il aurait pu mourir à tout instant, s'arrêtant de respirer sans même qu'elle ne puisse s'en rendre compte. Mais il dormait, sur son flanc, le visage face à elle, ses inspirations et expirations un tantinet sifflantes parvenant toujours à ses oreilles. Et ce bruit, le bruit de cette respiration ne faisait qu'entretenir les craintes de la jeune femme. C'était une sensation étrange, ce souhait d'aider, ce vœu de soulager la souffrance de Jorran, de n'importe quel moyen que ce soit. De pouvoir le délester de sa maladie, et se délester de cette inquiétude par la même occasion, d'un simple claquement de doigt. Et Calysto n'était que sa future épouse. Elle n'était que son amie, et pourtant, elle était déjà habitée par une telle inquiétude et une telle envie que tout cela cesse. Comment devaient se sentir les autres personnes proches du prince ? Comment pouvaient bien se sentir sa sœur, son jeune frère Tommen ? Comment devait bien se sentir la reine Cersei, impuissante face à l'état de son propre fils ?

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The Sick Lion
FantasiaJorran est un jeune garçon de 14 ans, à la santé fragile. Ses poumons malades le clouent au lit, le plongeant dans une fatigue constante, et des douleurs chroniques. Incapable de fournir un effort physique, sa seule façon de se démarquer est son esp...