The Sick Lion

Chapitre 39

Jorran ne parvenait pas à accepter ce qu'il venait de se produire. Il en était tout bonnement incapable. Il était complètement dévasté. Le prince pleura durant un long moment, interminable, ignorant ses poumons qui s'alourdissaient de plus en plus.

Il tenait toujours Calysto dans ses bras, se tenant dans l'exacte même position que lorsqu'elle était partie. Il ne pouvait la lâcher. Il n'osait pas la lâcher, comme si son corps allait lui aussi disparaître s'il se décidait à se lever, de la laisser ici.

Peut-être serait-il mieux de la remonter. Mais le lion n'en possédait pas la force. Ni l'énergie. Il n'était plus du tout capable de prendre quelque décision que ce soit. Il était complètement perdu. Seul au monde. Absolument seul.

Ses poumons le brûlaient. Lui faisaient extrêmement mal. Mais il n'en tenait même plus compte. La seule chose sur laquelle était focalisée son esprit, était la dernière phrase qu'avait prononcé Calysto. Il n'en pouvait tout simplement plus.

Les bougies du chandelier renversé continuaient de brûler, témoins des minutes qui passaient, sans que le blond ne bouge. Une petite flaque de cire fondue se répandait sur la pierre. La pierre aussi froide que la peau de la pauvre Swyft. Elles brûlaient, inlassablement. Bientôt viendrait le moment où elle s'éteindraient, où il se retrouverait dans le noir complet.

Et bien soit. Qu'on le retrouve donc ici. Durant un long instant, le jeune homme souhaitait réellement rester ainsi, pleurer jusqu'à n'avoir plus aucune larme à disposition. Attendre une énième crise, prier pour qu'elle soit sa dernière.

Il s'en voulait. Terriblement. Pour lui, tout était de sa faute. Si sa fiancée venait de mourir, tout n'avait été causé que par sa seule et unique personne. Par ses seules erreurs. Il était l'unique responsable de ce drame.

Une douleur à son bras refaisant surface sembla le sortir une seconde de son désespoir profond. Il avait fini par complètement oublier cette blessure que le vagabond lui avait infligée, à lui aussi.

Également, une phrase, un si vieux souvenir, lui revint en tête.

"Que dit-on au Dieu de la Mort ?"

Pas aujourd'hui.

Jorran s'était toujours battu. Battu contre sa propre condition. Depuis maintes années, il luttait contre sa mère. Contre son frère. Il avait couru à s'en arracher les poumons pour sauver la louve Lady, et avait fait de même pour qu'Arya puisse s'enfuir. Il avait fait tout son possible pour soulager le quotidien de Sansa. Lors de l'émeute, il avait été capable de tuer leur agresseur pour sauver sa propre vie et celle de Calysto. Il n'avait jamais abandonné. Mais ici, pourquoi était-ce si dur ? Il fallait qu'il remonte. Mais il ne voulait pas abandonner sa fiancée, il ne voulait pas la laisser seule ici. La Swyft n'avait fait que supplier pour que le couple ne descende pas dans ces souterrains. Mais il n'avait plus le choix. Soit le prince trouvait les ressources pour quitter cet endroit, soit il se laissait définitivement avoir par le désespoir. Il fallait partir.

Alors, le blond se décida enfin. Il allongea la jeune femme au sol, serra une dernière fois sa main glacée dans les siennes, en guise d'adieu. Il avait l'impression que son cœur allait lâcher tant le chagrin était grand. Mais il était temps. Il se releva, les jambes engourdies, endolories, ramassa le chandelier, dont les bougies étaient à présent sévèrement entamées.

Le lion se mit à marcher, légèrement titubant. Il ne se retourna pas une seule seconde. Accorder un dernier regard à sa promise aurait été trop dur pour lui.

Au bout de plusieurs tournants, Jorran se sentit défaillir. L'énergie, tant morale que physique, était en train de lui manquer. Il s'appuya, de son épaule, contre un mur, se laissa glisser accroupi. Il s'était remis à sangloter bruyamment. Son cœur lui faisait mal, lui aussi. Ses poumons le faisaient souffrir. Son bras le lançait. Toutes les images de l'agonie de la pauvre jeune femme ne voulaient quitter son esprit. Le sang. Son visage horrifié avant qu'elle ne s'effondre. Ses râles. Tout était de la faute du prince.