Chapitre 5

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Jorran ferma les yeux, réprimant un juron. Il se sentait terriblement idiot en ayant oublié qu'après son petit accrochage auprès de Joffrey, son aîné ainsi que leur mère n'allaient pas lâcher l'affaire si facilement. Tout en attendant les réprimandes de ceux qui partageaient son sang, le prince cadet se maudissait intérieurement.

-Enfin Jorran, que t'est-il passé par la tête ?  Gronda Cersei, se levant du lit.

-Tu aurais pu m'arracher un doigt, espèce de traître ! Cracha immédiatement l'héritier, furieux.

Son frère voulu répliquer, lui envoyer une réponse cinglante, voir se moquer d'une telle exagération, mais il se ravisa instantanément de prononcer un seul mot. En effet, son esprit fusait pour essayer de trouver une réponse adéquate, cependant un tel effort mental lui fit oublier sa nausée, qui à présent n'en était plus une.

Sentant de la bile acide lui brûler la gorge et le palais, le blondinet porta soudainement une main à sa bouche, ne pouvant plus contenir le vin qu'il était en train de rendre. Les doigts commençant à dégouliner, il se précipita vers son pot de chambre pour laisser aller sa souffrance intérieure.

Pendant ce temps, Joffrey observait la scène, une étincelle de triomphe intense dans son regard dérangé, tandis que Cersei observait son fils en silence, attendant qu'il finisse de vider son estomac.

Jorran, des larmes perlant aux coins de ses yeux, termina sa douloureuse besogne. Il attendit encore quelques secondes, à genoux au dessus du pot de chambre, attendant de voir si des relents n'allaient pas le trahir. Sa gorge lui brûlait, sa respiration était redevenue légèrement encombrée. Également, la fatigue qu'il avait put ignorer jusqu'ici lui retomba lourdement sur les épaules, lui donnant l'impression qu'il allait s'écrouler à tout instant. Il était encore plus pâle que la neige du Nord. Silencieusement, le jeune garçon essuya sa bouche du dos de sa main, dont les doigts étaient encore salis de vin régurgité.

-On dirait bien que les Dieux viennent de te punir petit frère, j'aurais préféré que tu t'étouffes dans ton propre mucus ! Scanda Joffrey, partagé entre la colère et la jubilation.

Le prince cadet ne put ignorer cette moquerie. C'était de trop. Son esprit embrumé couplé à sa fatigue l'empêchèrent de garder son calme. Il se releva d'un bon sur ses deux jambes, prêt à se jeter sur son aîné. La reine, ayant immédiatement comprit les intentions de son fils, se leva également du lit pour le retenir en lui attrapant l'épaule.

Cependant, ce geste n'empêchât pas Jorran de répliquer sous le coup de la rage.

-Et vous ... je souhaite de toute mon âme que les Dieux finissent par se pencher sur votre cas, cher frère. Peut être qu'un jour mes prières seront enfin entendues, et que je n'aurai plus jamais à entendre votre langue de vipère.

Joffrey n'aima pas une telle déclaration. Le peu de joie sadique qu'il avait ressenti jusque là retomba brutalement, et l'on pouvait à présent voir son visage se teinter de frustration ainsi que de colère.

-Les garçons, cessez cela tout de suite... murmura Cersei, excédée par le tempérament têtu de ses deux fils.

Le prince héritier semblait ne pas avoir entendu. Ou, plus exactement, il n'avait cure de ce que venait de dire sa mère. Le souffle lourd, il s'approcha, se voulant menaçant, prenant cette même carrure que son jeune frère trouvait ridicule, la même que lors de leur arrivée dans le Nord.

-Tu me menace ? Tu menace ton roi pour la seconde fois de la journée ?

-Joff, sors d'ici. Pria la reine, plus qu'exaspérée.

The Sick LionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant