Jorran était, comme beaucoup de fois ces temps ci, alité. Le prince tentait de tuer le temps par le dessin, esquissant un souvenir du soir de ses quinze ans, au moment où cette soirée n'avait pas encore tourné à la catastrophe.
Cependant, ses gestes, ses traits, restaient brouillons, peu précis, comme si le blond manquait de concentration. Et pour cause, les images qu'il avait vues lors de l'émeute se jouaient encore et toujours dans son esprit. A cela, s'ajoutait sa fatigue extrême. Plus les jours passaient, plus les cernes de son visage noircissaient, lui donnant de plus en plus la mine d'un jeune homme mourant. En plus de cette fatigue lui collant au corps, demeurait cette douleur, à son lobe d'oreille recousu et caché par un léger bandage, ainsi que cet éternel tiraillement lui gênant le dos.
Le Lannister posa son crayon, laissa tomber sa tête sur son oreiller. Il manquait de souffle, causé par les restes de sa dernière crise couplés à l'angoisse ressentie ces derniers jours. Il semblait être de nouveau submergé par la terreur, par ce sentiment qu'il avait refoulé durant sa fuite avec Lady Calysto, sensation qui le prenait aléatoirement à la gorge depuis qu'il était là, confiné dans sa chambre.
Essayant désespérément de se calmer, Jorran gardait cependant la même pensée, impossible à chasser, se répétant en boucle dans sa tête, sans fin. S'il n'avait pas eu la précaution d'aller chercher cette dague à l'armurerie, lui serait mort avec sa fiancée. Et surtout, la culpabilité de ne pas avoir obéi à Tyrion, de ne point être parti avec les gardes et son jeune frère, le tourmentait plus que de raison. S'il n'avait pas été aussi idiot, aussi têtu, son amie et lui s'en seraient sortis indemnes. Le prince s'en voulait terriblement d'avoir indirectement fait souffrir la jeune Swyft.
Par ailleurs, en pensant à celle ci, le blond restait sans nouvelles d'elle. La reine Cersei avait insisté pour que personne ne puisse donner d'information à son fils sur sa future femme ou qui que ce soit ayant été présent lors de l'émeute, pour ne pas l'inquiéter. Bien entendu, ce geste eut l'effet totalement inverse sur le jeune homme. Au contraire, ce silence et cette ignorance ne faisait qu'augmenter cette vilaine culpabilité qu'il ressentait. Il venait à croire que, si l'on ne lui disait rien, c'était car Calysto devait être dans un état pire que celui que le lion était en train de s'imaginer. Il l'avait mise en danger, et l'avait sûrement brisée, pour aucune autre cause que ses mauvaises décisions.
L'inquiétude du Lannister se portait également sur Sansa, dont il n'avait évidemment aucune nouvelles non plus. Il ignorait tout du sort qu'elle aurait pu subir durant l'émeute, si elle allait bien ou non, s'il lui était arrivé quoi que ce soit. Ou même si Joffrey lui avait tenu rigueur de son intervention avant que tout le monde ne quitte la plage après le départ de Myrcella.
Quelqu'un frappa à sa porte.
Surpris, l'angoisse de Jorran s'évapora quelque peu, puis il invita la personne à entrer.
Lorsqu'il reconnu Lady Calysto s'aventurant dans la chambre, le prince sentit une bouffée de soulagement lui envahir le corps entier, ainsi qu'une bouffée de chaleur faisant emballer son cœur fatigué. C'était comme si une tension venait subitement de s'envoler. Mais, passé ce bonheur d'enfin revoir son amie après plusieurs jours sans nouvelles, il remarqua bien vite l'état dans lequel sa fiancée était. La jeune femme arborait des cernes pouvant commencer à rivaliser avec celles du blond, trahissant des nuits agitées qu'elle devait avoir passées.
-Je suis heureuse de vous voir éveillé, mon ami. Dit-elle d'une petite voix, sans le regarder. Je me suis beaucoup inquiétée pour vous.
Le Lannister avait la gorge serrée de la voir ainsi. Si fatiguée, semblant traîner derrière elle quelque chose de terrible. Il la fixait, de ses yeux émeraudes, voulant rencontrer ces prunelles bleues qui brillaient de tant de malice, lors de leur première rencontre. Cette étincelle qui lui avait tant plu.
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The Sick Lion
FantasíaJorran est un jeune garçon de 14 ans, à la santé fragile. Ses poumons malades le clouent au lit, le plongeant dans une fatigue constante, et des douleurs chroniques. Incapable de fournir un effort physique, sa seule façon de se démarquer est son esp...