Syrio était d'une compagnie incroyable. Ce fameux maître à danser était sans pitié, constamment à l'affût des moindres gestes d'Arya et de Jorran lors de l'entraînement. En à peine deux jours, ces petits joyeux lurons en étaient sûrement venu à la conclusion que leur professeur était parfaitement omniscient. Après la première journée, la jeune Stark était partie du lieu d'exercice, une lueur de pure bonheur dans les yeux. Lueur que le jeune Lannister brûlait d'envie de retrouver dans son regard. Cette joie qu'elle éprouvait lui mettait du baume au cœur. Par ailleurs, lui aussi était touché par une telle bonne humeur. Ce nouveau passe temps, tenu pour l'instant secret de Cersei, commençait à faire un bien fou au moral de l'adolescent.
Lors de leurs sessions d'entraînement, c'était comme si Forrel pouvait lire à travers le prince cadet. Pas seulement au niveau de ses intentions lorsqu'il tenait lui même sa lame en bois, mais plus loin que ça. Le Braavosi savait exactement à quels instants son élève commençait à fatiguer, et à quels moments il était préférable de passer l'épée à la petite brune, pour qu'il observe en récupérant son souffle.
Ainsi donc, les deux jeunes gens vécurent deux après midi exceptionnelles, bien qu'un détail chiffonnait l'adolescent, sans qu'il n'ose en parler à son amie.
Elle ne lui avait absolument rien dit sur la peinture qu'il lui avait offerte. Le pauvre Jorran était persuadé que la petite Stark ne l'avait pas appréciée le moins du monde. Ou que cela lui avait procuré trop de peine pour souhaiter évoquer son existence. Et toutes ces hypothèses faisaient naître en l'esprit du prince un sentiment de culpabilité. Il n'aurait pas du lui donner ce tableau, encore moins le poser là, sans explications de vives voix, dans la chambre d'Arya. Et lui, n'oserait bien entendu jamais lui poser la question.
Le troisième jour, Syrio Forell leur avait donné des exercices précis. Le premier, consistait à travailler l'équilibre des deux comparses. Alors, lion et loup se tenaient là, un matin, sur un pied nu, en amont d'un des escaliers du Donjon Rouge, à essayer de ne pas tomber.
Et quelle scène cela dépeignait. Une gamine de 11 ans, aux côtés d'un garçon de presque 15 à présent, se tenant en équilibre. L'une droite et quasiment immobile, l'autre ayant un mal fou à ne serait-ce que cesser de tanguer de toute sa colonne vertébrale et de ses bras maigres et faibles. D'ailleurs, la brunette ne se gênait pas pour se moquer de lui, comportement qui avait le don de profondément mettre mal à l'aise le prince cadet. Non pas qu'il avait un esprit de compétition mal placé. Simplement, cela l'attristait quelque peu de se rendre compte de son incapacité physique, et ...
Oui, il y avait un peu plus que cela. Jorran aurait préféré être doué de qualités qui auraient pu intéresser la demoiselle. Et en ce cas précis, il était en train de lamentablement échouer, il le savait très bien. Lui était calme, elle, restait sauvage, ne tenait pas en place. Lui peignait, elle, n'aimait pas ses œuvres. Lui tentait de suivre sa cadence, elle, accélérait toujours plus, creusant l'écart, et ne se rendant pas compte de cette attention qu'il lui vouait. Le seul point commun qui les liaient, était leur goût pour les grandes figures historiques. Du moins, la benjamine des filles Stark semblait férue des grandes femmes du passé. Mais ... le jeune homme le savait, elle n'apprécierait jamais de discuter des heures avec le rat de bibliothèque qu'il était. Et pour finir, il avait sa maladie. ses poumons qui lui faisaient tant défaut. Même si par magie, il se réveillait avec toutes ces qualités qu'il convoitait, les Dieux ne pourraient pas remplacer ces organes. Comme il l'avait interprété, ce dysfonctionnement était sa punition divine, punition dont il avait écopé suite à l'abomination qu'avaient réalisé ses géniteurs, et de tous les secrets outrageux qui en avaient découlé.
Toujours était-il qu'il était là, à constamment manquer de tomber, chose qui amusait immensément Arya. Dès que l'équilibre du prince flanchait, elle ne se gênait aucunement pour lui lancer une pique taquine, dont le principal intéressé essayait d'en cacher l'agacement profond qu'il en découlait.
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The Sick Lion
FantasyJorran est un jeune garçon de 14 ans, à la santé fragile. Ses poumons malades le clouent au lit, le plongeant dans une fatigue constante, et des douleurs chroniques. Incapable de fournir un effort physique, sa seule façon de se démarquer est son esp...