Chapitre 24

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-Que me vaut votre visite, Lord Varys ? 

L'eunuque s'aventura dans la chambre du prince, refermant silencieusement la porte derrière lui.

-Mon prince, je suis venu vous porter une information qui devrait susciter votre intérêt. 

Jorran fronça les sourcils, refermant l'ouvrage qu'il était en train d'étudier. Il s'enfonça dans son siège, tout ouïe.

-C'est tout de même inattendu que vous veniez me chantonner quelque information que ce soit. Après tout, je suis votre oisillon.

-Vous n'êtes pas qu'un simple oisillon. Répondit l'Araignée. Vous le savez bien. Vous m'avez toujours été d'une utilité première, en plus de cette sympathie que je vous porte. Voyez mon intervention comme un cadeau pour vous remercier de vos services, tout comme ce bijoux que vous portez à l'oreille depuis bien longtemps à présent. 

Le prince sourit à la mention de ce cadeau-ci. Pour les huit ans du prince, après ses premiers mois à avoir murmuré ses rancœurs de petit garçon malade au maître des chuchoteurs, celui ci lui avait fait ce présent, un beau rubis attaché à un anneau d'argent. Depuis, il l'avait toujours porté, une façon pour le blondinet de témoigner sa fidélité à Lord Varys.

-De plus, ce que je vais vous dire ne va vraisemblablement pas susciter votre intérêt dans le sens positif du terme, je le crains ...

-Que se passe-t-il ? demanda l'adolescent, fronçant les sourcils.

L'eunuque marqua un temps, comme pour trouver ses mots, puis annonça.

-Un de mes oisillons me rapporte que les bâtards de Robert se font tour à tour assassiner ces derniers jours...

~~~

Jorran arpentait les couloirs, furieux, après l'entente de cette funeste nouvelle. Les enfants de l'ancien roi Barathéon, tous tués sous un ordre dont Varys ne connaissait pas l'exacte provenance. Pourtant, cela était évident qu'il s'agissait d'une manœuvre de Cersei, aux yeux du prince. Quel idiot. Lui qui s'était attendrit ces derniers jours, lui qui était presque prêt à redonner une chance à sa mère lorsqu'il avait été fiancé à Calysto Swyft, avait oublié trop vite que sa génitrice n'était rien qu'une femme emplie de froideur, d'ambition, et dénuée de toute pitié. Des enfants. Des enfants morts. Des innocents tués. Des nourrissons, des gamins vagabonds, des adolescent, qui n'avaient rien demandé, qui ne faisaient que vivre leur vie. Qui n'auraient jamais rien demandé de leur existence. Tués pour être les enfants légitimes de gros Robert. D'un homme qu'ils n'auraient jamais connu, et dont la plupart n'auraient jamais appris leur ascendance. 

Ayant faussé abruptement compagnie à l'Araignée, le jeune homme s'était précipité hors de sa chambre, pour aller annoncer la chose à Tyrion. Lui saurait quoi faire. Comment réagir. Lui confirmerait la source. Il fallait qu'il aille le voir.

-Mon Prince ! Je vous cherchais, justement !

Il avait, malencontreusement, croisé la route de sa fiancée au détour d'un couloir. La jeune femme devait sûrement l'attendre pour leur promenade quotidienne. Mais il ne pouvait pas la rejoindre. Il n'avait pas le cœur à cela. De manière presque trop froide, il passa devant elle, et ne lui accorda qu'un sec :

-Je suis navré, mais je n'ai pas le temps aujourd'hui. 

Le prince continua sa route, sans même se retourner. Il monta des escaliers, emprunta des couloirs, se rendant jusqu'aux appartements de la main du Roi. Une fois arrivé à destination, il frappa fortement à la porte, à s'en faire mal à la main.

The Sick LionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant