Chapitre 10

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-Laissez passer votre putain de Roi !

-Robert, je ne te laisserai pas entrer, il a besoin de se reposer !

Des cris avaient réveillé Jorran en sursaut. Il reconnu la voix bourru de ce cher Baratheon, et l'ordre presque bestial de sa mère. D'autres éclats de voix venant de ces deux lurons, puis, le Roi entra en trombe dans la tente du malade, en arrachant presque la toile. L'aube semblait avoir déjà pointé. Le gros souverain dévisagea son supposé fils, comme s'il le jaugeait.

-Robert ! Cria encore une fois la reine, entrant à son tour. Elle vint poser une main suppliante mais ferme sur l'épaule de son mari, qui la repoussa de toute sa violence innée.

-Toutes les supplications du monde ne me feront pas changer d'avis, femme ... gronda-t-il d'un ton monocorde. Si je décide qu'il est temps que l'on lève le camp, alors tout le monde bougera son satané derrière.

La lionne capitulant plus qu'à contre cœur, le cerf couronné put ainsi s'approcher de la couchette où se tenait l'adolescent, sur son flanc, fixant son "père" sans rien dire.

-Tu ne va pas mourir, si ? Demanda gros Robert, avec une once de sarcasme dans la voix. Impossible de ne pas comprendre ce qu'il voulait entendre sous peine d'exploser d'exaspération.

Le regard du jeune blond jongla entre le roi et Cersei. Celle ci avait ses yeux émeraudes plongés dans ceux de sa chair, lui faisant bien comprendre avec sa mine grave qu'elle souhaitait qu'il refuse de se remettre en route. Alors, le prince cadet fut prit d'une envie de rébellion. Oh, d'ici, encore les poumons encombrés, et toujours trop fatigué pour se relever, il ne pouvait pas faire grand chose. Mais une simple phrase suffit pour se délecter du désarroi de sa génitrice.

-Je pense pouvoir survivre encore quelques années, père. Répondit Jorran, avec toute la provocation du monde.

C'était quelque chose d'étrange. Il avait toujours voulu faire bonne figure devant le roi. Alors que tous les deux ne partageaient aucun lien de sang. Alors que Robert s'intéressait à tout sauf à cette progéniture qu'il pensait sienne. Un besoin de reconnaissance, cette envie d'être bien vu, d'être considéré autrement qu'une créature fragile, qui pourrait s'effondrer, tomber en poussière au moindre contact.

Sans répondre à cela, le Baratheon se contenta d'opiner du chef avant de ressortir avec autant de délicatesse qu'il n'était entré, avant de beugler à ce que l'on lève le camp.

Cersei, furieuse, se précipita sur son petit lion, s'agenouillant pour se mettre à son niveau.

-Mais enfin, tu es fou ?! Elle lui prit la main.

Jorran, lui, se dégagea d'une telle emprise. 

-Mère. Je n'ai pas de fièvre. Je ne crache plus mes poumons, et j'ai simplement l'envie de m'assoupir. Je peux reprendre la route.

Il la fixait dans le blanc des yeux, défiant, ses iris aussi vertes que celles de sa mère. La Lannister soupira d'agacement. Vraiment, elle ne comprenait plus pourquoi son Jorran, son bébé à elle, voulait tant lui tenir tête, dans ses moindres faits et gestes.

-Ce n'est pas raisonnable, Jorran...

-Je vous assure mère, je me sens mieux. Plus tôt nous serons rentrés à Port-Réal, mieux je me porterai.

La reine pesta. Il avait le don de la rendre folle. Il était tout bonnement impossible de discuter avec l'adolescent. Il était plus têtu qu'une mule, ne démordant jamais de ses convictions et envies. Se levant, dépitée, elle se permit toutefois de lui lancer :

The Sick LionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant