The Sick Lion

Chapitre 57

La fête battait son plein. L'on parlait fort, l'on mangeait, l'on buvait. Certains dansaient aussi. Aujourd'hui s'était déroulé le mariage entre le Roi Tommen et Margaery Tyrell. Trois époux. Trois souverains. Un autoproclamé, un monstrueux, et, enfin, un particulièrement jeune.

Jorran s'était tenu à l'écart, n'ayant prononcé presque aucun mot, et ce depuis bien des heures. Il fallait dire que, pour lui, l'on n'aurait décemment pas pu définir cette journée comme bonne. Voir son petit frère marié à une femme qu'il n'appréciait pas, devoir assister à une célébration interminable de cette union, être contraint de passer le repas de noces assis aux côtés de sa mères ... oui, on ne pouvait réellement pas affirmer que toutes ces choses l'avaient mis de bonne humeur.

Alors, il était là, debout dans un coin, isolé, en train d'observer d'un regard absent les autres personnes présentes à cette fête. Elyas, lui, ne sachant trop où se mettre, était resté collé au prince le plus possible. Il l'avait donc très vite rejoint, finissant par faire comme lui, sans piper mot.

-C'était ... un beau mariage. Osa enfin dire l'écuyer du blond.

Son comparse le fixa, prêt à lui demander s'il était en train de plaisanter. Et, en effet, un minuscule rictus idiot étirait les lèvres du Swyft. Jorran soupira.

-Vous avez un sens de l'humour vraiment particulier.

-Je dois tout de même vous avouer que c'était ici le deuxième mariage auquel j'assistai de toute ma vie. Le premier étant ...

-Celui de mon autre frère, je présume ? Demanda le prince.

Elyas acquiesça, avant d'ajouter, après une seconde de silence :

-En espérant que celui-ci se termine mieux que le premier ...

Le jeune malade haussa des épaules.

-Oh. Je peux toujours pimenter un peu cette soirée en m'étouffant, si vous y tenez réellement.

A ces mots, son écuyer le dévisagea en haussant des sourcils.

-Mon prince, votre sarcasme m'effraie.

Le concerné lui renvoya le même genre de rictus qu'il lui avait octroyé tantôt. Par tous les Dieux, ce qu'il pouvait s'ennuyer, à l'instant présent. Et cette fatigue qui pesait toujours sur ses épaules ...

-Cette fête n'est pas des plus palpitantes, soit dit en passant. Reconnu le Swyft.

-Je vous aurais bien invité à danser pour combler l'ennui, mais ...

Cette phrase eut le dont d'arracher un soufflement de nez de la part d'Elyas.

-Épargnons donc au public mon incapacité à valser, si vous voulez bien. répondit-il.

Tous les deux faisaient mine de plaisanter, mais le cœur n'y était pas réellement. Même si tous les deux s'étaient en quelque sorte rapprochés ces derniers jours, une certaine tension demeurait encore.

L'écuyer, malgré s'être mis d'accord avec Jorran pour organiser à deux leur fuite de la capitale, gardait une certaine amertume après leur première dispute. Le prince à qui il avait eu à faire ce jour-là était bien différent de l'homme avenant et aimable que lui avait décrit Calysto dans ses missives. Avait-elle perçu ses défauts ? Les avait-elle volontairement passé sous silence dans ses lettres, pour, encore une fois, éviter de l'inquiéter ?

Et quand bien même, avait-il toujours été ainsi ? Ou bien l'environnement dans lequel le blond avait évolué avait-il fini par développer cette envie de tout abandonner ? Elyas était partagé entre deux sentiments. Devait-il réellement lui en vouloir ? Il restait l'homme que sa sœur avait aimé. A plusieurs reprises, le jeune Swyft avait tenté de se mettre à la place de Jorran. Mais il n'avait jamais trouvé ce qu'il aurait bien pu faire dans sa situation.