Après un événement inexplicable et lourd de conséquences dans son enfance, Jahia a grandi pour devenir une jeune femme intrépide et prometteuse de la tribu Ewe.
Toujours accompagnée de ses deux fidèles amis, Peyam et Zuri, la jeune guerrière se...
C'était comme si les deux étages se situaient à des kilomètres l'un de l'autre. Ils n'avaient rien à voir. L'ambiance négligée et bruyante avait laissé place à un quartier propre et aisé. Des pans de tissus colorés étaient fixés à la roche et à des barres de métal ou de bois pour abriter les commerçants du soleil. Des étals de nourritures faisaient la devanture de plusieurs établissements ; des maisonnettes construites en briques calcaires se mêlaient aux ateliers de forge, de mécanique, de tissage et de soins médicaux. Les rues principales étaient pavées de dalles claires, parfois légèrement fissurées ou couvertes d'une poussière volatile. Les passages plus étroits étaient de terres battues. A mesure que Riel guidait le trio au sein du second étage d'Ibo, les trois Protecteurs passèrent par plusieurs places, qui offraient de l'espace aux habitants et aux enfants pour déambuler, se reposer ou jouer. Certaines étaient dotées de larges bassins d'eau peu profonds, dans lesquels les Ibolais trempaient les pieds ou s'aspergeaient. Souvent, des statues de marbre à l'image des déités Kujua et Ujenzi, divinités du savoir et de la construction, accompagnaient ces places de quiétudes.
- Bon, et au-dessus, c'est...
- Laisse-moi deviner : le troisième étage, interrompit Peyam, que le ton hautain de Riel semblait irriter également.
- Bien, je vois que le nomade sait compter. En effet, le troisième étage est aussi le dernier, et celui des nobles et du palais royal. C'est pour cela que je ne peux pas vous le faire visiter. Mais grossièrement, c'est la profusion et la richesse incarnée. Inutile d'en savoir plus, c'est juste frustrant.
Le regard de Zuri, posé sur le bassin d'eau à quelques mètres, suivait les conduits reliés qui plongeaient dans la terre ou longeaient les parois rocheuses.
- D'où vient l'eau ?
- La ville s'alimente à la source de la Maïsha. Il y a environ un siècle de cela, des ingénieurs ont planché sur un moyen de l'amener automatiquement jusqu'à Ibo. Quelques plans et construction plus tard, nous y voilà. Evidemment, l'eau arrive en priorité au palais et aux nobles, là-haut, expliqua Riel avec un geste vers le ciel. L'étage commerçant est le second servi. Et le premier étage récupère les restes.
Face aux expressions écœurés de ses invités, Riel reprit en haussant les épaules :
- Oui, c'est inégal, mais c'est la vie. D'autres questions ?
Les trois Protecteurs secouèrent la tête. Ils avaient déjà tant d'informations à assimiler. Riel semblait fatigué de son rôle de guide.
- Bien. Undiman avait l'habitude d'accueillir les visiteurs Ewe dans son humble demeure, donc je vais honorer sa mémoire en faisant de même.
Il se remit à marcher avec un geste les invitant à le suivre, sous les regards interrogateurs de Peyam et Zuri.
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