Coeur Nomade T1 : Le Mystère des Ruines de Teli

Chapitre Seize - Audience partie 2

A l'intérieur, tout était luxe. Il y avait tant de coussins et de divans moelleux qu'ils recouvraient presque entièrement le grand tapis de sol. Ils entouraient paresseusement une table basse au centre de la pièce, surmontée d'encens fumants et d'une corbeille de fruits. Jahia huma l'odeur doucereuse de cannelle et d'agrumes qui flottait dans l'air. Le Kiongozi l'invita à s'assoir d'un geste de la main et reprit :

- Si tu n'étais pas la protégée d'Abayo, cet entretien ne se serait pas aussi bien passé. Qu'as-tu à me dire ?

Il avait toujours l'air contrarié.

- Je vous remercie pour votre hospitalité, Kiongozi.

- Viens-en aux faits.

Jahia prit une profonde respiration et tenta de contrôler le malaise qui la gagnait face à l'agressivité passive du Kiongozi, visiblement de mauvaise humeur. Ce qu'elle allait annoncer ne pouvait que l'empirer.

- Comme vous le savez, notre mission était de retrouver un détachement d'apprentis perdu dans le désert pendant leur mission de reconnaissance.

- Qui ont fait une regrettable rencontre avec les Adorateurs de Suhra.

Jahia hocha respectueusement la tête.

- Oui... Mais ce n'est pas tout. Ils avaient dévié du chemin prévu car ils ne trouvaient pas l'oasis auquel ils étaient censés se ressourcer. Cependant, l'erreur ne venait ni d'eux ni du cartographe. Mon détachement et moi-même nous sommes rendus sur les lieux : l'oasis est sèche.

Le Kiongozi se pencha en arrière, redressant son dos, comme pour prendre du recul sur la situation.

- C'est une affirmation lourde de conséquences. Es-tu sûre de toi ?

- J'en suis certaine.

Le Kiongozi Nabil-Obi la regarda avec sérieux comme s'il cherchait à sonder son âme. Mais Jahia pensa qu'il cogitait surtout à toute allure dans sa tête.

- Alors nous devons réunir le conseil. Cette situation est préoccupante.

Il ne perdit pas une minute et se leva en prenant appui sur ses genoux. Il s'adressa aux gardes qui avaient repris leurs positions :

- Convoquez Abayo, Ambe, Atepah et Jahmani. Prenez également note que c'est votre dernier jour en tant que mes Protecteurs attitrés.

Les deux hommes déguerpirent sans demander leur reste. Jahia se sentit un peu fautive de leur situation. Les faire destituer de leurs postes n'était pas réellement dans ses intentions. Elle regretta de l'avoir suggéré plus tôt.

- Kiongozi, ce n'est peut-être pas nécessaire...

- Et qui es-tu pour me dire ce que je dois faire de mon personnel, Jahia O'Nyambe ?

Jahia se tut et s'intima de cesser de contredire le chef de la tribu.

- Si tu as pu les vaincre tous deux , c'est qu'ils ne méritent pas leur place. Comme tu me l'as si impertinemment souligné, je trouverais bien mieux parmi nos rangs de Protecteurs.

Il claqua deux fois des mains. Un garçon qui semblait plus jeune que Jahia de quelques années, fit son apparition dans la pièce.

- Oulaï, nous recevons. Prépare la réunion s'il te plaît.

Le jeune garçon se pencha avec respect puis s'activa. Jahia n'osait plus parler, et le Kiongozi ne faisait aucun commentaire non plus, perdu dans ses pensées. Le silence inconfortable était régulièrement brisé par les allées et venues d'Oulaï , qui apporta une théière fumante, du café et des pâtisseries fruitées. Il farfouilla ensuite des tiroirs, et en sortit un planisphère gigantesque et une petite boîte en bois sculptées avec goûts. Il fixa la carte sur la table basse à l'aide de presse-papiers et ouvrit soigneusement la boîte, laissant apparaître de multiples petites figurines. Un des gardes fit soudainement son apparition auprès d'eux.