Chapitre Quarante - La gaffe

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- Nous ne sommes pas seuls ici.


Jahia plissa les yeux. Le lac principal de l'oasis brillait sous les rayons du soleil à environ deux kilomètres de là où ils se situaient. Ses rives étaient en grande partie cachée par la végétation, mais l'on pouvait distinguer des tentes et des abris construits avec des matériaux locaux.

- Atepah avait mentionné que les Yorubas seraient peut-être ici, commenta la responsable de détachement.

- Peut-être ? releva Peyam avec un haussement de sourcil. C'est le géographe, n'est-il pas censé en être certain?

Jahia haussa les épaules.

- Avec les Yorubas, on n'est jamais sûr.

La tribu se faisait de plus en plus discrète. Aucune revendication lors de la Chama, ils n'y amenaient d'ailleurs que très peu de membres : leur Kiongozi, deux conseillers. Le strict minimum.

- Ils ont la réputation d'être très secrets, compléta Zuri.

- Oui. Plus que ça : suspects. Ils ont déjà refusé une visite diplomatique amicale d'Abayo.

Peyam grimaça.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas. Ils n'ont donné aucune raison.

- Quoi, ils sont juste dit « merci mais, non merci » ?

- C'est à peu près ça, oui.

- Il vaut mieux que ce campement soit celui des Yorubas plutôt que celui d'un groupe de Mojas ou d'Adorateurs de Suhra, conclut Zuri. Que fait-on, Jahia ? On les ignore ?

Jahia soupira. L'émerveillement aura été de courte durée...

- Je vais y réfléchir. Peut-être n'aurons-nous pas à interagir. Mais si nous nous croisons, c'est sûr qu'il faudra se présenter.

Ça ne risque pas d'arriver aujourd'hui, dit Peyam en haussant les épaules.

Il se tourna vers Zuri et se baissa, la faisant basculer sur son épaule malgré ses protestations.

- A l'eau !

Jahia fut éclaboussée par les sauts, volontaires ou non, de ses deux compagnons.

*

Alsham s'était posé derrière les palmiers dans un spectacle de couleurs ahurissant. Ses caresses brillantes qui frôlaient le lac en contrebas et le bassin se reflétaient et ondulaient sur les troncs des arbres. Les trois protecteurs avaient établis leur camps en fin de journée. Jahia et Zuri avaient confectionnés un abri pour les chevaux à l'aide de branchages et de feuilles de palmier pendant que Peyam allumait un petit feu et commençait à cuisiner. Alors que Jahia nourrissait Wëya d'orge et de fruits cueillis ici-même, le fumet du bouillon que préparait son compagnon lui mit l'eau à la bouche. Peyam servit à ses deux amies un ragoût épicé avec une semoule fine parfumée à la cannelle, cuite à la perfection.

- Par la bonté de Sama, où apprends-tu à cuisiner ainsi ? S'extasia Zuri, la bouche pleine – rare écart de conduite.

- A chacun son mentor ! Jahia apprend d'Abayo ; moi, je partage les secrets culinaires de Sema, se vanta Peyam avec un clin d'œil. Entre nous, c'est moi qui gagne au change.

Zuri pouffa.

- Pardon ? Ton ragoût est délicieux, mais il n'empêcherait pas un conflit diplomatique, s'insurgea faussement Jahia.

Coeur Nomade T1 : Le Mystère des Ruines de TeliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant