Coeur Nomade T1 : Le Mystère des Ruines de Teli

Chapitre Six - C'est parti pour les explosifs !

L'inconfort provoqué par la moiteur de la pièce réveilla désagréablement Jahia. En sueur, elle s'éloigna du corps chaud qui l'enlaçait. Elle referma les yeux en cherchant un coin de fraîcheur dans le lit, désireuse de retourner dans le monde indolent des rêves. Dans son demi-sommeil matinal, Esraa tendit un bras vers la jeune fille et l'attira à lui, achevant de la réveiller. La jeune fille ouvrit définitivement les yeux et observa le visage paisible de son amant. D'humeur canaille, elle lui chatouilla la narine gauche du bout du doigt, et le jeune homme éternua, quittant à son tour les bras de Nyame.

- Hmmm... Par les fourberies de Majii, c'est une manière de réveiller quelqu'un ça ?

Jahia rit aux éclats, mais s'interrompit en voyant, du coin de l'œil, le pan d'entrée de la tente se mouvoir. Une main s'était glissé entre les tissus pour laisser apparaître Abayo, le visage encore marqué par les coussins de Cheyma. Profondément embarrassée, Jahia remonta le drap pour couvrir sa nudité partielle ; et devant l'inaction de son compagnon, elle projeta le reste de l'étoffe à sa figure.

Seulement à moitié réveillé, Abayo mit une seconde à comprendre ce qu'il voyait, puis devint rouge pivoine. Il pivota sur ses talons et Jahia l'entendit trébucher dans le sable en s'éloignant.

- Rhabillez-vous et libérez-moi cette tente ! Cria-t-il avec une voix étrange, mêlant probablement colère et malaise.

Jahia et Esraa échangèrent un regard d'incertitude, puis Jahia pouffa du comique de la situation.

- Ce n'est pas drôle ! Est-ce qu'au moins, il sait qu'on...toi et moi...

Les cheveux châtain clair d'Esraa contrastaient fortement avec son teint rougi en cet instant. Jahia caressa sa joue.

- Il ne va pas te manger. Ne t'inquiète pas, je m'en occupe.

Elle lui balança ses vêtements, abandonné au pied du lit la veille au soir. Alors qu'elle enfilait sa tunique de combat, Esraa ajustait son pagne. Jahia le piqua d'un baiser avant de le pousser vers la sortie.

- A-Attend il est peut-être encore...

Trop tard, il était dehors, visible de tous. Les épaules d'Esraa se relâchèrent lorsqu'il s'aperçut qu'Abayo ne l'avait pas attendu à la sortie de la tente, bras croisés et regard meurtrier.

- Allez ! J'ai à faire aujourd'hui. Occupe-toi bien des bêbêtes ! Lança Jahia avec des rires dans la voix.

Alors qu'Esraa s'éloignait, elle l'entendit marmonner. Il n'aimait pas qu'elle appelle les animaux des « bêbêtes », mais le mettre en rogne la faisait tellement rire. Jahia attrapa à la volée deux clémentines et une poignée de pâtisseries, avant de se servir du thé à la menthe tiédi par la chaleur de la tente. Elle ne prit pas le temps de s'assoir et mangea comme un ogre. Puis elle se prépara pour la journée, enfilant ses jambières et brassards, et un plastron en cuir bouilli. Aujourd'hui était une journée d'entraînement avec l'ensemble des protecteurs, sous les directives d'Ambe. Elle n'aurait pas le temps de parler à Abayo avant ce soir. Jahia traversa le campement en trottinant, elle était probablement en retard. Les tentes se firent plus rares à mesure que la jeune fille s'éloignait du camp pour rejoindre le terrain d'entraînement des Protecteurs du jour. Les exercices des Protecteurs avaient toujours lieu en marge du campement. Une centaine de guerriers entraînés, cela prenait de la place.

- JAHIA O'NYAMBE !

Prise en faute, la jeune fille accéléra jusqu'à sa supérieure. Elle cogna presque ses phalanges l'une contre l'autre en effectuant le salut des nomades, et s'abaissa plus que d'habitude.

- J'espère que tu as une excuse pour ton retard.

Jahia réfléchit à toute vitesse.

- J'ai... j'ai été retenue par la Protectrice d'Argent. Elle avait besoin de mon aide.