Coeur Nomade T1 : Le Mystère des Ruines de Teli

Chapitre Onze - Le calme après la tempête

Deux Adorateurs de Suhra la rouaient de coup. Jahia lâcha un grognement de douleur en se recroquevillant, un sentiment inhabituel de défaite et de peur lancinant sa poitrine.

Puis, enfin, elle entendit les voix rassurantes de Zuri et Peyam.

Alors que les coups cessaient, elle entrouvrit les yeux et vit Zuri embrocher un homme de sa lance, tandis que Peyam croisait le fer avec un autre. Un troisième jeune homme se battait à leurs côtés, un visage que Jahia ne reconnaissait pas. Elle réalisa que c'était sûrement un des apprentis qu'ils étaient venus libérer. Il ne fallut pas beaucoup de temps aux Protecteurs Ewes pour venir à bout des derniers Adorateurs de Suhra. Les claquements de fer et cris de rage finirent par cesser, et un semblant de calme retomba au cœur de la grotte.

- Jahia, appela une voix.

Sonnée, Jahia sentit deux mains l'aider à s'assoir. Elle fronça les sourcils et porta une main à sa tête. Du sang coulait de son front.

- Jahia, tu m'entends ?

La jeune fille ouvrit les yeux plus grands et rencontra le regard inquiet de Peyam à quelques centimètres de son visage. Elle hocha la tête brièvement, se rendant compte que ce geste réveillait la douleur.

- Ça va, articula-t-elle.

Zuri poussa un soupir de soulagement.

- Et après, c'est moi qui suis imprudent, reprocha Peyam avec plus de soulagement que de rancœur dans la voix. Tu n'aurais pas dû t'éloigner.

Jahia lui adressa un sourire faible, consciente qu'il avait entièrement raison.

- Nous allons passer la nuit ici, affirma Zuri.

Peyam hocha la tête.

- Je vais faire le tour de la grotte, vérifier qu'il n'y ait pas de morts-vivants.

Zuri se releva et reprit :

- Restez là. Je vais ramener les dromadaires. Il y a le sac de soins là-bas.

Alors que Zuri s'éloignait au trot, le jeune apprenti s'approcha de Jahia.

- Je m'appelle Amadi. Merci d'être venu à notre secours.

Il porta un tissu propre à la tête de Jahia et pressa doucement contre la plaie. Sa main tremblait.

- Comment vous êtes-vous retrouvés là ? Demanda Jahia en prenant le relai, appuyant péniblement l'étoffe contre son front.

- En revenant de notre mission d'éclaireurs, nous devions nous arrêter à une petite oasis, mais nous ne l'avons pas trouvé. Nous nous sommes peut-être trompés en lisant la carte, ou...

- Vous ne vous êtes pas trompé, coupa Jahia en se remémorant leur découverte. L'oasis était bien là, mais elle s'est asséchée.

Amadi sembla interloqué, ouvra la bouche et la referma, hésitant. Puis il poursuivit son histoire, expliquant qu'ils avaient voulu chercher de l'ombre et du repos dans la grotte, mais avaient été faits captifs par les Adorateurs de Suhra. Jahia en déduisit qu'il ne la croyait pas, la pensant sûrement trop désorientée pour faire sens. Elle n'eut pas la force de débattre avec lui, cependant cela lui rappela qu'elle devrait demander une audience au Kiongozi dès qu'ils auraient remis les pieds au campement Ewe.

- Comment vont tes camarades ? S'enquit-elle, ne les trouvant pas dans son champ de vision.

- Taye et Liya sont blessés. Surtout Taye. Les bandits n'ont pas été tendres avec nous...